Pierre-Olivier Arduin explique pourquoi l'Eglise dit non à la technique de l'AMP, même entre les époux :
"L’instruction Dignitas personae confirme l’opposition de l’Église catholique à l’assistance médicale à la procréation (fécondation in vitro et insémination artificielle). Si donner la vie à un enfant est pour les époux l’objet d’un désir légitime, la procréation humaine doit demeurer «un acte personnel du couple homme-femme qui n’admet aucune forme de délégation substitutive». […]
[L]’AMP manipule l’acte conjugal de telle sorte qu’il n’exprime que sa dimension purement biologique excluant le langage des corps et l’union affective et spirituelle des époux. […] On substitue la technique au geste des corps, ce qui aboutit à une dégradation de la signification plénière de la procréation humaine. Ce que l’on savait pour ainsi dire anthropologiquement est aujourd’hui corroboré sur le plan psychologique. Une étude extrêmement pertinente, menée par l’Institut national d’études démographiques (Ined), met en avant le vécu existentiel des couples soumis à la médicalisation à outrance de la procréation et confirme indirectement l’analyse éthique du magistère. […] L’étude investigue d’ailleurs avec précision l’envers du décor, les magazines pornographiques dans la cabine du laboratoire prévue à cet effet, le devoir de se masturber sur commande «sous le regard de l’institution médicale» pendant que l’infirmière et les autres hommes attendent dans la salle d’attente… Les sociologues parlent d’une activité sexuelle transgressive, non conjugale et non reproductive. […] Les femmes vivent très mal cette mainmise sur leur féminité évoquant une dépersonnalisation de leur corps manipulé comme un objet par les médecins et qui n’est plus considéré que sous l’angle d’une machine à produire des ovocytes. Les auteurs vont jusqu’à émettre cette explication pour rendre compte de la souffrance des couples pris dans l’engrenage de l’AMP : «La déshumanisation […] pourrait correspondre à la disparition de l’acte amoureux.»"
En outre, l'AMP
"entame aussi irrémédiablement le respect de la dignité de l’être humain. […] Dignitas personae rappelle une donnée technique simple : «Compte tenu du rapport entre le nombre total d’embryons produits et ceux effectivement nés, le nombre d’embryons sacrifiés reste très élevé» (n. 14) ; l’instruction cite des chiffres au-dessus de 80%, même dans les meilleurs centres internationaux de fécondation artificielle. Une hécatombe tolérée par les équipes et les parents (mais savent-ils vraiment ce que l’on fait avec leurs gamètes ?) comme le prix à payer pour obtenir des résultats satisfaisants. […] Par ailleurs, […] les embryons issus d’une fécondation artificielle de routine sont eux aussi classés en différents types de manière à ne garder que les plus « vigoureux ». C’est donc intrinsèquement que l’AMP s’est présentée dès l’origine comme une pratique eugéniste permettant de rejeter les embryons qui n’ont pas un « bel aspect » au microscope. […] C’est si vrai que les embryons jugés défectueux peuvent être à présent livrés aux scientifiques. En effet, le décret du 6 février 2006 reconnaît que lorsque un couple met en œuvre une AMP pour bénéficier d’une FIV, il peut lui être proposé «de consentir dans le même temps par écrit à ce que les embryons, qui ne seraient pas susceptibles d’être transférés ou conservés, fassent l’objet d’une recherche»."
MJ