Du père Edouard-Marie Gallez :
La foi chrétienne est la foi en Quelqu’un qui a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». La Vérité est l’un des trois aspects de son mystère qui se dévoile à nous, et adhérer à la Vérité ne se réduit pas à répéter formellement un catalogue de vérités exprimées dans des formules. Les formules, très prisées par l’esprit latin, ne font qu’indiquer, comme un poteau indicateur montre dans quelle direction il faut aller. On n’oubliera pas que, dans le passé, l’Occident a traité d’hérétiques tous les chrétiens d’Orient parce que leurs diverses manières de parler ne correspondent pas exactement aux formules des catalogues latins de vérités à croire. Ce faisant, on a perdu de vue qu’une hérésie n’est pas d’abord une non-conformité à un catalogue des vérités (auxquelles il est facile de faire semblant de se conformer), mais la volonté d’utiliser la Révélation (et la figure de Jésus) en la contrefaisant en fonction d’intérêts ou d’objectifs contraires à la Tradition apostolique et au bien de l’Eglise et du monde. En fait, les critères de la vraie foi ont déjà été donnés par le Nouveau Testament, non seulement parce que Jésus lui-même en a parlé à l’avance, mais parce que les apôtres Pierre, Jean et Jacques, et bien sûr Paul aussi, ont été confrontés aux premières dérives de la foi ‒ et qu’en fait, ce sont toujours les mêmes.
Le danger des formules est particulièrement évident à propos des choses de l’Au-delà, qu’aucune parole humaine ne peut dire adéquatement : nos mots ou nos représentations picturales sont très imparfaits face à ces réalités indicibles. Seules des images peuvent évoquer l’Au-delà, avec toute la prudence nécessaire. Des formules (surtout quand elles sont prises univoquement) n’aboutissent ici qu’à ôter toute crédibilité à la Révélation relative à l’Au-delà, ou pire encore, à des absurdités ou à des affirmations qui détruisent la foi ‒ on va le voir.
Comment donc aborder la Révélation de Notre Seigneur concernant l’Au-delà ?
Si l’on part de l’amalgame entre conversion et positionnement définitif de l’âme, tout est bloqué. On crée cet amalgame en refusant qu’il se passe quelque chose dans l’Au-delà. Dès lors, le sort éternel de tout homme serait fixé sur terre, en particulier lors de son dernier soupir, au moment « t » ‒ d’où la terreur de la dernière pensée qui pourrait anéantir toute une vie de conversion. Puis au moment « t+1 », le défunt se retrouverait instantanément dans l’une des salles de l’Au-Delà : le Ciel éternel pour les Saints, l’Enfer éternel pour les damnés, et le Purgatoire temporaire pour les ni saints ni damnés. Comment donc fonctionne ce transfert supposé instantané ? Des auteurs renommés ont produit autrefois des montagnes de doctes écrits pour le rendre plausible, en faisant appel aux mérites ayant supposément été gagnés (ou non) par le défunt, tout en disant que le salut ne peut être dû qu’à la Grâce ‒ il faut être très docte en effet pour démontrer une chose et son contraire, et faire croire qu’on a tout expliqué. Vu que le peuple chrétien a l’habitude d’être enfumé, il n’est pas difficile de faire appel ensuite à son bon cœur : Dieu est-il si méchant qu’il réserve son salut aux seuls baptisés ? Non, bien sûr, Dieu trouve certainement des moyens de glisser subrepticement un billet pour le Ciel dans la poche de braves musulmans ou de bouddhistes « méritants » ou d’autres encore ‒ un billet équivalant quasiment au baptême chrétien. Nous sommes dans l’hypothèse où il ne se passerait rien dans l’Au-delà.
En fait, trois incompréhensions fondamentales vicient cette hypothèse et ses raisonnements.
- D’abord concernant le temps (« t » et « t+1 »). De quoi parle-t-on ? Mise en lumière il y a pourtant plus d’un siècle déjà, la relativité du temps terrestre n’est toujours pas prise en compte par les théologiens : ou bien ils projettent le temps terrestre dans l’Au-delà[1], ou bien ils imaginent que l’âme humaine, sortie instantanément du temps (au temps « t »), se retrouve tout à coup dans le non-temps (« t+1 ») mais qu’en même temps (si l’on peut dire), il y aurait quand même un temps à passer au purgatoire (sinon il serait éternel). Comme c’est contradictoire, on dit maintenant qu’il n’y a plus de purgatoire (ni d’Enfer, d’ailleurs) ; le défunt qu’on enterre est envoyé au Ciel, cela évite tous les problèmes et ça fait plaisir à la famille ‒ sauf à ceux qui savent que le défunt était une belle canaille.
- Ensuite concernant la Rencontre (de Jésus). Comment un positionnement définitif pourrait-il être pris sinon devant Jésus ? Si Dieu donne des billets pour le Ciel à beaucoup durant leur vie terrestre sans qu’ils aient rencontré Jésus, à quoi celui-ci sert-il ? Ceci fait rugir les convertis qui, eux, disent précisément avoir rencontré Jésus, et que cette Rencontre a changé leur vie ! Ils sont embêtants ces convertis : on a beau leur dire que cela ne sert à rien d’être chrétien et que les sacrements sont seulement des occasions de montrer qu’on appartient au club « Eglise », le club des chrétiens conscients de l’être (les autres hommes étant des « chrétiens anonymes », explique Karl Rahner) ; ils croient quand même.
A la vérité, la théologie occidentale ne sait pas ce qu’est la Rencontre. - Enfin concernant le « jugement » dans l’Au-delà, qui n’en est justement pas un.
Nous parlons ici du concept de « jugement particulier», une expression absente du Nouveau-Testament et créée par la théologie scolastique. Dans le N-T, Jésus ne se présente jamais comme le Juge des personnes particulières ; en revanche, quand il évoque le terme du temps actuel, il parle de lui-même comme du Fils de l’Homme (selon l’expression du Prophète Daniel) qui se manifestera au monde comme Juge, après la manifestation de l’Anti-christ (d’où la nécessité du Jugement). Il ne faut pas tout mélanger. Dans le mystère de la rencontre personnelle avec Jésus, il y a non un jugement mais une confrontation avec la Lumière. La Lumière révèle tout, en particulier le péché (Jn 3, 19-21). Elle est le Christ. On l’accepte ou non. Si on suit le Christ, on passera par lui vers le Père ; si on fuit la Lumière, c’est pour toujours. Ce positionnement commence déjà sur terre un peu ‒ parmi les chrétiens et en marge si l’on peut dire. En effet, une rencontre peut aussi se passer mal, ou commencer bien et finir mal (Jésus a évoqué un « péché contre l’Esprit »). Avant de devenir sataniste, le jeune Karl Marx avait écrit des poèmes chrétiens. En mettant en contact avec Jésus, l’évangélisation entraîne le positionnement. La question : « que deviennent la plupart des hommes qui n’auront pas eu, durant leur vie, la possibilité d’être évangélisés et de se convertir ?[2] » s’en trouve éclairée. La Rencontre qui n’aura pas pu advenir sur la terre prend tout son sens dans l’Au-delà où elle sera plénière : c’est particulièrement pour eux que Jésus est « descendu » « évangéliser » aux « enfers » c’est-à-dire dans le devenir du mystère de la mort (1P 3,19). On comprend alors non seulement 1Jn 3,19-21 (qui affirme que tout homme sera confronté à la Lumière ‒ ce qui n’est possiblement universel que dans l’Au-delà) mais aussi la finale de Marc (16,16) : « Celui qui aura cru et aura été baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné »[3] ; le baptême renvoie à ce qui advient sur terre, mais non la seconde partie de la phrase, où il n’est plus question de baptême (en l’occurrence non reçu). La vie sur terre prépare la Rencontre plénière qui se situe nécessairement dans le mystère de la mort, et le baptême l’anticipe déjà en ce monde.
Ces trois fondements traversent tout l’enseignement du Pape Benoît XVI, réalisant ce qu’il avait demandé lui-même en l’an 2000 dans la déclaration Dominus Iesus, lorsqu’il invitait à “parcourir de nouvelles pistes d’investigation… La présente Déclaration intervient dans cette recherche pour rappeler… certains contenus doctrinaux essentiels, qui puissent aider la réflexion théologique à découvrir peu à peu des solutions conformes aux données de la foi et aptes à répondre aux défis de la culture contemporaine” (§3). En fait, dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique (paru en 1992 déjà), il avait exposé de telles solutions qui rejoignent ce que les mystiques ont toujours affirmé et que les NDE ou expériences aux frontières de la mort nous donnent à percevoir de l’Au-delà. Il s’agit en particulier des n° 634 et 635 rédigés par lui-même (ce n’est pas le cas d’autres numéros[4]). Rappelant d’abord que Jésus lui-même est descendu dans le “mystère de la mort” et que par lui “l’évangile a été également annoncé aux morts” (1P 3,19 ; 4,6), le n° 634 constitue, avec le n° 635, le cœur de la section du CEC consacrée à la « Descente aux enfers » :
“La Descente aux enfers est l’accomplissement, jusqu’à la plénitude, de l’annonce évangélique du salut. Elle est la phase ultime de la mission messianique de Jésus, phase condensée dans le temps mais immensément vaste dans sa signification réelle d’extension de l’œuvre rédemptrice à tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux, car tous ceux qui sont sauvés ont été rendus participants de la Rédemption” (n° 634).
De nombreux termes sont à relever. D’abord, c’est le lieu où l’annonce du salut se fait en plénitude. Même si cette annonce de salut a été répandue sur la terre, elle ne touche qu’une minorité, on l’a vu (et elle a même disparu de certains pays). Or, le texte affirme que la descente aux enfers “accomplit” cette plénitude au bénéfice des hommes de “tous les lieux et tous les temps”, donc de tous, et cela dans leur mort ; cet accomplissement est même présenté en rapport avec la “mission messianique de Jésus”. La totalité des hommes de “tous les lieux et tous les temps” est donc touchée par la “mission messianique de Jésus” dans le mystère de sa Descente : en d’autres mots, le vécu divin de sa mort rejoint – ou plus exactement précède – leur propre vécu. Un tel mystère se situe dans un temps autre que le nôtre, ce que le n° 635 appelle la “profondeur du mystère de la mort” :
“Le Christ est donc descendu dans la profondeur de la mort (cf. Mt 12, 24 ; Rm 10,7 ; Ep 4,9) afin que “les morts entendent la voix du Fils de Dieu et que ceux qui l’auront entendue vivent” (Jn 5,25). Jésus, “le Prince de la vie” (Ac 3,15), a “réduit à l’impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable, et a affranchi tous ceux qui, leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort” (He 2,14-15). Désormais le Christ ressuscité “détient la clef de la mort et de l’Hadès” (Ap 1,18) et “au nom de Jésus tout genou fléchit au ciel, sur terre et aux enfers” (Ph 2,10)” (n° 635).
Toutes les citations importantes du Nouveau Testament y sont, sauf Jn 3,19-21 qui a été oubliée ‒ mais toutes sont reprises dans Bonne Nouvelle aux défunts, de Françoise Breynaert (préface de Mgr Minnerath, Archevêque de Dijon). Dans le texte préliminaire du CEC (1989) qu’un vent favorable nous a apporté, la seconde phrase de résumé (« En bref ») disait clairement : “Dans sa mort, le Christ a rejoint mystérieusement tout homme qui meurt, même ceux qui n’ont pas pu croire en lui (cf. 1P 3,18-20 ; 4,6)”. C’est en plus simple et en résumé ce que disent les n° 634 et 635.
Quoi de si difficile à comprendre puisque le vécu de Jésus en son âme « entre » sa mort et sa résurrection possède évidemment une dimension capitale qui ne relève pas de notre chronologie terrestre ? A la suite de la tradition apostolique, toutes les Eglises d’Orient fêtent cette dimension universelle du salut le Samedi Saint (et parfois tous les samedis aussi), et elle est fêtée comme une victoire.
Tandis que chez nous, ce Samedi est un jour vide. Il y a vraiment quelque chose de très gros que notre intellectualisme occidental n’a pas compris ou a oublié.
Pour terminer, il faut souligner combien le refus de prendre en compte la Rencontre de tout homme par Jésus dans l’Au-delà a des conséquences funestes, en particulier dans deux directions.
La première, la « théologie des religions », est un des objets du livre Le malentendu islamo-chrétien (2012), qui aurait pu s’intituler : Pourquoi l’Eglise catholique latine ne comprend-t-elle rien à l’islam ? Comme on l’a vu plus haut, l’idée absurde que Dieu distribuerait son salut un peu partout indépendamment de l’Evangile et des sacrements (donc à l’inverse des paroles de Jésus en Mt 18,18 ou de la finale de Marc déjà citée) conduit nécessairement à dire que Dieu doit utiliser des moyens pour glisser le billet pour le Ciel dans la poche des méritants supposés. Donc, Dieu récompense les valeurs supposément vécues dans l’hindouisme, dans l’islam, dans le bouddhisme, et pourquoi pas dans le satanisme. Ceci veut dire que ces religions seraient aussi des voies de salut. Certes, la « théologie des religions » va tenter de démontrer, par moultes circonvolutions et élucubrations, que ces dons du salut passent quand même par une espèce de Christ. Mais en fin de compte, même si l’on dit (pour paraître encore chrétien) qu’il y a « plus » de salut dans le christianisme qu’ailleurs, « toutes les religions se valent », c’est la conclusion. Au demeurant, l’idée qu’il pourrait exister des demi-saluts est de l’enfumage. Ces enseignements destructeurs désolaient le Cardinal Ratzinger devenu Benoît XVI.
L’autre grande conséquence funeste concerne les parents chrétiens qui ont perdu un enfant en bas âge, avant qu’il ait pu recevoir le baptême. La théologie intellectualiste occidentale (élaborée à partir du Moyen-Âge) leur disait que leur enfant, ils ne le reverront jamais dans l’Au-delà (c’est-à-dire ni au Purgatoire, ni au Ciel). Comment a-t-on pu en arriver à une telle conclusion ? Il s’agit de la question des Limbes dans lesquelles la théologie a décidé de placer les enfants morts sans le baptême avant l’âge de sept ans (à sept ans et un jour, cela ne vaut plus). Comme cette théologie n’a pas osé faire des Limbes une salle à part entière en plus du Purgatoire, elle les a rattachées à l’Enfer, mais à la limite supérieure de celui-ci (d’où le nom de limbae, limites en latin). Qu’est-ce que ces enfants y font ? Vu que, sur terre, ils sont supposés avoir vécu trop peu de temps pour mériter un billet pour le Ciel (mais qu’ils ne méritent pas non plus les souffrances de l’Enfer), ils se retrouvent en quelque sorte sur le toit de la maison « Enfer », occupés à vivre une « béatitude naturelle » (assez ennuyeuse au demeurant). Heureusement, les démons ne montent jamais voir ce qui se passe en haut, car ils sont trop occupés à alimenter la chaudière de la cave qui consume les damnés. Bref, les enfants sont tranquilles. Belle consolation pour les parents…
Toutes ces dérives théologiques qui détruisent ou ridiculisent la foi, Benoît XVI a essayé d’y remédier ; peu l’ont écouté parmi les gens en place, mais les gens simples, eux, ont vu clair. A l’heure où Rome sombre dans les déboires en tout genre, il faut plus que jamais être en communion avec le Pape retiré dans le silence de Castel Gondolfo et qui porte l’Eglise dans sa prière.
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[1] « Le Christ est descendu aux enfers » ‒ ces mots font appel à des images, le verbe descendre suggérant un lieu souterrain et le substantif enfers venant du latin signifiant lieu inférieur. Si on ne les prend pas au pied de la lettre, que signifient-ils alors réellement ? Quel est le genre de « temps » qui caractérise cette « descente » ? Si l’on y projette notre temps à nous, Jésus est mort durant un jour et demi (il « se relève » le troisième jour), mais il ne peut pas monter au Ciel avant l’Ascension, 40 jours après. Donc, il est allé dans la salle d’attente nommée « enfers » d’abord en son âme puis, après la résurrection, avec son corps glorieux et y reste au total 2+40 jours avant d’emmener les élus au Ciel (lors de l’Ascension). Comment Jésus a-t-il passé ce « temps », sans puis avec son corps ? A-t-il joué aux cartes avec les élus ‒ mais pas avec les autres, car, toujours suivant la théologie scolastique, il ne s’est pas adressé aux déméritants destinés à l’Enfer. Mais comment ceux-ci peuvent-ils avoir été jugés déméritants déjà, sans avoir rencontré Jésus ? Qui d’autre que Jésus les aurait jugés et comment ? Ensuite, toujours suivant la théologie scolastique, cette salle d’attente aurait été fermée ou à moitié fermée ‒ disent certains ‒, selon que seuls des justes (c’est-à-dire des méritants), ou tous les justes, ou tous ses résidents méritants et déméritants l’auraient quittée. Mais ceci ne concerne pas les enfants morts en bas âge sans le baptême, qui eux sont supposés n’être ni méritants, ni déméritants ; pour eux, la scolastique a prévu un lieu à part, non pas une salle d’attente mais un lieu définitif (voir plus loin). Doit-on croire tout cela ?
[2] Les causes de cette impossibilité sont multiples : en premier lieu la volonté de ne pas évangéliser de la part de nombreux chrétiens ou de responsables, les obstacles terribles que sont les contrefaçons du christianisme, et enfin des facteurs aléatoires autres, indépendants de la volonté humaine.
[3] On notera que certains imaginent pour eux une salle d’attente afin de reporter le problème du « comment » du salut à plus tard ‒ ce qui est aussi inutile qu’absurde.
[4] Le CEC, dont la première version (1992) était en langue française puisque ce gros travail avait été rédigé en français, était le fruit de plusieurs équipes inégales en qualité, ce qui explique la présence de contradictions et d’imprécisions ; de ces dernières, certaines ont été (mal) corrigées dans les éditions postérieures, d’autres sont restées inchangées. Nous n’ignorons pas que des pinailleurs iront chercher tel numéro pour contredire le Pape Benoît, mais nous considérons que celui-ci est vraiment un guide sûr, à l’inverse d’autres théologiens (dont certains ne croient même pas en la résurrection corporelle de Notre Seigneur).
Addendum : Un lecteur me signale la thèse de doctorat d’un bénédictin de Flavigny à la catho de Toulouse, le père Pius Mary Noonan, L’option finale dans la mort : Réalité ou mythe ? (Téqui, 2016), qui conteste l’étude ci-dessus.
Il n’est pas rare de nos jours d’entendre parler de la mort comme d’un moment de rencontre avec le Christ. Traditionnellement, cette rencontre est présentée comme une comparution devant le Christ-juge dans le contexte du jugement particulier. Cependant, aujourd’hui, on la présente parfois comme un moment d’illumination et de réévaluation de sa vie en vue de prendre une option ultime en faveur de Dieu. Des modèles variés d’une telle hypothèse sont proposés, mais tous éprouvent une difficulté à expliquer quand aurait lieu une telle rencontre. Pour les uns, elle aurait lieu entre la mort clinique et la mort réelle, donc en réalité avant la mort ; pour d’autres, elle serait possible en un « moment d’intensité » qui ne serait ni avant, ni après, mais dans la mort ; enfin, certains pensent qu’elle se passerait dans l’au-delà, après la mort.
Nous estimons que la première solution, même si elle mérite considération, est un domaine fermé à toute investigation rationnelle. Pour la deuxième, nous nous efforçons dans ces pages de démontrer que l’expression dans la mort signifie ni plus ni moins que : après la mort. Quant à la troisième — et donc à la deuxième aussi —, nous voulons montrer qu’elle se trouve en défaut par rapport à l’enseignement de l’Église sur la mort comme fin du status viae, et sur le jugement particulier qui advient in morte.
A lire aussi cet article de l’abbé Pagès.
Nono75
Toute cette théologie est hérétique, en plus d’être contraire aux principes aristotelico-thomistes les plus évidents et de bon sens. Le salut se fait dans le temps, dans le temps terrestre. Les questions d’avant et d’après suite à la mort (purgatoire etc.) ne la justifient en rien. Oui, l’immortalité de l’homme ne se vit pas de la même façon que l’éternité de Dieu et il est possible de parler “d’avant et d’après” dans la vie post-mortem de l’homme, d’autant plus quand il aura ressuscité, avec un corps donc dans une sorte “d’espace”, donc avec une certaine notion de “temps”, bien éloignée de ce que nous connaissons actuellement (par analogie seulement) puisque tout ceci se vivra dans l’absolue éternité de Dieu, sans avant ni après. Mais le choix de Dieu se fait ici-bas, dans la pénombre de l’acte de foi. Et ce pour une raison toute simple : aucune créature ne peut dire non à Dieu quand elle Le voit face à face, tant sa vérité et sa bonté s’imposent infiniment à son intelligence et sa volonté. Or, si elle ne peut dire non, elle n’est plus libre, donc son choix de Dieu n’est plus un vrai choix, un vrai choix d’amour, mais simplement une soumission face à l’évidence. Or Dieu nous veut libre car la liberté est la condition sine qua non de l’égalité entre deux êtres et de leur rencontre amoureuse, de leur oui définitif. Dieu connaissant le poids écrasant de sa vérité et de sa bonté face à nos pauvres faculté, se cache. Il se cachait derrière la voix de ses prophètes, il se cachait toujours en Jésus-Christ sous ses atours charnels et humains, et il ne s’est jamais autant caché que sous ces apparences dérisoires du pain et du vin.
Croire à un choix de Dieu post-mortem est donc une insulte à la sagesse divine. Ce choix de Dieu est un choix d’amour, l’amour exige l’égalité (quel amour vrai entre le maître et l’esclave ?), l’égalité exige que Dieu se masque, qu’il voile l’éclat de sa divinité pour ne pas aveugler, pour ne pas rendre esclave l’humanité. Tout le reste est littérature. Le choix de Dieu se fait ici et maintenant, pour tous, avant la mort.
Nono75
Quant aux enfant morts sans baptême, rien n’empêche la rencontre avec le Christ et leur “oui” dans leur vie terrestre, intra ou extra utérine. Idem pour tous les hommes de tous les temps, non évangélisés. Le choix du bien, donc de Dieu, même plus ou moins consciemment, suffit. Et nul besoin que le Christ soit venu “évangéliser” les “enfers”, qui ne contenait d’ailleurs que les justes de l’ancien testament, tous ces hommes sauvés en puissance qui n’attendaient leur salut ultime que par le sacrifice ultime du Christ en croix. Quand le Christ vient leur ouvrir les portes du ciel au samedi saint, il ne fait que soulever le voile sur un monde que tous ces hommes avaient déjà choisi durant leur vie terrestre.
L’indigence théologique du prêtre auteur des lignes de cet article n’a d’égal que son ignorance du simple lieu de vie de Benoît XVI depuis son retrait, qui n’est pas, comme chacun sait, Castel Gondolfo, mais bien le petit monastère accroché aux hauteurs des jardins du Vatican.
Je comprends que ce prêtre soit séduit par la théologie “orthodoxe” mais cette théologie ignore trop l’analogie. Le temps d’ici n’est pas le temps d’après et c’est dans notre temps que Dieu veut notre choix car c’est dans notre temps qu’il s’est incarné. Dans le “temps éternel” post-mortem, Dieu lève le voile de sa divinité, divinité qui nous consume en enfer, qui nous purifie au purgatoire et nous béatifie au Ciel. Il n’y a alors plus au sens strict d’autonomie, d’alternative possible, de gauche ou de droite, de oui ou de non. C’est l’évidence. L’évidence de ce que nous avons vécu à l’ombre de son voile, ici-bas, pour ou contre lui. Consummatum est.
DUPORT
Certes le temps n’existe que sur terre, c’est attesté autant par Einstein que Par Gloria Polo ou d’autres qui l’ont vécu et expliquent d’ailleurs qu’on ne peut pas le comprendre sans l’avoir vécu.
Je ne vois pas ce qui peut empêcher le purgatoire d’avoir lui aussi un temps !
Pour ce qui est du salut il faut le voir comme la tenue pour les noces.
Qui oserait venir à la noce sans l’habit immaculé ?
Ceux qui ne sont pas trop sales se précipitent d’eux même à la laverie et sous la douche (purgatoire)
D’après une mystique les âmes sélectionnent d’elle même l’intensité du “programme de lavage”
Ceux qui sont en hayons savent déjà que de les laver n’est pas suffisant…
Pour ce qui est de qui se sauve, les catholiques sont favorisés mais un théologien m’affirmait que leur jugement n’en était que plus exemplaire car ne disposant pas des circonstances atténuantes des autres.