Selon un responsable du Vatican, interrogé par l’agence catholique Ucanews et qui a demandé à conserver l’anonymat, le processus de nomination des évêques en Chine est une préoccupation majeure du Saint-Siège. Ces nominations, qui devront être faites dans un futur proche, détermineront en partie l’avenir de l’Eglise catholique de Chine pour les prochaines décennies.
D’après les chiffres disponibles, de nombreux sièges épiscopaux sont vacants ou le seront prochainement (dont celui stratégique de Pékin). Ainsi, sur les 138 diocèses de l’Eglise de Chine, on compte 65 évêques "officiels" et 38 évêques "clandestins". Sur ces 103 prélats, la plupart approchent ou ont dépassé l’âge de la retraite (75 ans) ; à peine une vingtaine ont moins de 70 ans et un certain nombre sont sérieusement malades.
La plupart de ces évêques sont en pleine communion avec le pape. A Rome, en octobre dernier, lors du Synode sur l’Eucharistie, l’évêque de Hongkong, Mgr Zen Ze-kiun, a déclaré qu’une majorité écrasante des évêques de Chine était reconnue par le pape. Le cardinal taiwanais Paul Shan Kuo-hsi confirme ce fait, précisant que "seul un petit nombre" d’évêques "officiels" ne sont pas en pleine communion avec Rome. Selon certaines sources, ce "petit nombre" tournerait autour de la douzaine. Sur la nomination des évêques, "La Civiltà Cattolica" a publié un compte-rendu du voyage en Chine du jésuite Hans Waldenfels. Il y indique que, désormais, les candidats pressentis pour l’épiscopat cherchent, dans la plupart des cas, à obtenir l’aval du Saint-Siège, avant d’accepter d’être consacrés dans l’Eglise "officielle".
Au-delà de cette attitude, Rome s’inquiète du choix des futurs évêques de l’Eglise de Chine, car elle souhaite que "des hommes de valeur" soient choisis : "bien préparé théologiquement" avec une "bonne réputation morale" et une "capacité à communiquer avec aisance". Or, au vu des circonstances actuelles, le Saint-Siège estime qu’il existe un risque réel de voir des hommes "indignes" être imposés à la tête de certains diocèses. Si tel était le cas, cela signifierait que le développement de l’Eglise en Chine est "empêché pour, sans doute, les vingt ou trente prochaines années".
Dans les communautés "officielles", les prêtres, des religieuses et des laïcs votent pour l’évêque qu’ils estiment être le plus capable. Mais le Saint-Siège "est conscient" que l’Association patriotique des catholiques chinois (sous contrôle du Parti) "exerce des pressions sur les électeurs de façon à ce que ses candidats soient choisis". Il est donc nécessaire que "des négociations officielles soient ouvertes". La Chine a suspendu les "pourparlers officiels" au moment de la canonisation des martyrs de l’Eglise de Chine, en octobre 2000. Si des signes d’un timide rapprochement sont apparus en avril dernier, à l’occasion des funérailles de Jean Paul II puis de l’élection de Benoît XVI, la partie chinoise a indiqué qu’elle ne considérait pas que "les discussions officielles" avaient repris.