Dans l’Homme Nouveau, François-Marie Portes, Docteur en philosophie, revient sur la terminologie employée pour justifier l’euthanasie. Extrait :
[…] Comme d’habitude, c’est une expression qui nous a fait réagir. Pourtant, peu de personnes semblent vouloir s’y arrêter. Il s’agit de l’expression, érigée en nom d’association, « mourir dans la dignité ».
Tentons, dans un premier temps, de montrer le caractère profondément stupide de cette expression. En effet, associer le concept de « dignité » à celui de « mort » n’est absolument pas légitime. La dignité signifie selon le Larousse le « respect que mérite quelqu’un ou quelque chose ». La loi actuelle, ainsi que la communication autour, va donc introduire une profonde confusion dans l’appréciation de ce qui est en jeu. Deux choses sont à remarquer et à préciser. Premièrement, une « mort digne » n’existe pas. Mourir est un fait. Le respecter est inutile. La raison fondamentale de cela est que ce qui est subi (le fait de pâtir) ne souffre pas d’être respecté. Être fiévreux, mouillé, avoir chaud ou être blessé sont autant d’exemples qui, si on les affublait d’un adjectif comme « respectable », deviendraient absurdes. Ainsi « être respectablement mort » est rarement voire jamais employé. Les seules réalités susceptibles d’être respectées sont la personne ou son action et non pas ce qu’elle subit.
Par ailleurs, parler de « morts dignes » ou alors de « mourir dans la dignité » supposerait qu’il puisse exister des morts indignes ou des décès dans l’irrespect. Or ce n’est pas la mort qui est plus ou moins respectable. Une personne qui meurt dans sa salle de bains en glissant subit une mort qui n’est pas moins digne qu’une autre décédant dans un accident de voiture. Aussi il n’existe pas de dignité dans le fait de mourir.
Il s’agit donc de respecter la personne qui meurt et non la mort, ou la modalité par laquelle elle meurt. Le respect peut alors se décliner de plusieurs manières.
- Soit on respecte la mémoire des morts, et donc il s’agit d’honorer les défunts, leur vie et ce qu’ils ont fait. Ici, on parlera de rendre hommage aux morts.
- Soit on va respecter le mourant en refusant toute attitude dégradante vis-à-vis de son agonie.
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