Un témoignage raconté par Jeanne Smits à propos de ce cardinal, que certains accusent d'être un doctrinaire sans coeur (et donc sans miséricorde…) :
"[…] Hess était né dans une famille bancale. Son père, alcoolique, battait sa mère et menaçait ses deux fils. Le jeune homme se cherchait un père de substitution : une relation de confiance allait se construire avec un professeur de lycée – jusqu’à ce que celui-ci, abusant de la vulnérabilité de l’adolescent, n’abuse de lui.
Baptisé catholique, Eric Hess allait finir par s’engager dans une relation homosexuelle à part entière, tout en luttant sporadiquement, pendant quatre ans, pour conserver une pratique religieuse. De guerre lasse, il choisit le mélodrame : « Je rassemble tous mes crucifix et mes bibles dans une boîte et les dépose au bureau de l’évêque de La Crosse, Wisconsin, avec une lettre de renonciation à la foi catholique. »
L’évêque en question est bien Mgr Raymond Leo Burke. Mais loin de réagir en doctrinaire, celui-ci lui répond aimablement, en écrivant qu’il « respecte » la décision de Hess mais « prie pour son retour ». Hess, qui se veut désormais « activiste gay », en est outré. Il dénonce l’« arrogance » de Mgr Burke ; dans sa réponse, il l’accuse encore de « harcèlement » et défend à l’évêque de jamais lui écrire à l’avenir.
Mgr Burke prit tout de même la plume pour lui répondre, gentiment, en promettant de respecter l’injonction mais en ajoutant que si Hess voulait un jour se réconcilier avec l’Eglise, il l’« accueillerait à bras ouverts ».
Trois ans s’écoulèrent. En 1998, Hess se rapprocha d’un curé de paroisse qui l’accompagna pendant une brève période de discernement et de prière intense qui allait aboutir à sa décision de retourner au sein de l’Eglise. Son amant allait accueillir la nouvelle sans surprise : « J’ai toujours su que ce jour viendrait. Fais ce que tu dois faire pour être heureux. »
Hess témoigne de l’accueil chaleureux qu’il reçut alors. Son curé l’entendit en confession et lui trouva une famille catholique prête à l’héberger jusqu’à ce qu’il trouve un nouveau logement. Hess s’est alors rendu à l’évêché pour se « réconcilier » avec Mgr Burke. Celui-ci lui donna aussitôt l’accolade, et lui demanda s’il se rappelait la boîte d’objets de dévotion que dans sa colère, il avait déposée trois ans plus tôt. Le futur cardinal avait pris la peine de la conserver, confiant de voir un jour le jeune homme revenir : il la lui remit.
Eric Hess envisagea alors la prêtrise et commença des études dans ce but, mais finit par prendre conscience du fait qu’il est appelé à vivre « fidèlement une vie de célibataire », dans la chasteté. Il raconte comment certains prêtres – pour la plupart âgés de 50 ou 60 ans tentèrent, jusque dans le confessionnal, de le détourner de cette voie en l’assurant que Dieu voulait le voir « réactiver » son homosexualité. Ces hommes ne lui étaient d’aucune aide, note Hess : « Ayant souffert de vivre en état de péché mortel pendant de longues années, je vous assure qu’il n’y a pas de bonheur en dehors de l’ordre moral. »
L’homme qui est véritablement venu à son secours était son évêque, qui lui a permis de quitter l’Eglise afin qu’il pût y revenir. « Alors que d’aucuns honnissent l’archevêque, Mgr Burke, pour sa fidélité envers Dieu, l’Eglise et toutes les âmes, je dis quant à moi qu’il est un vrai pasteur des fidèles, un Athanase contemporain. Je vous le dis : il demeure pour moi un guide et une inspiration. Alors que mon propre père biologique m’a rejeté, Mgr Burke est devenu mon père spirituel en représentant de manière aimante notre Père du ciel. » […]"
Comme quoi : doctrine et pastorale ne s'opposent pas. Amour et vérité s'embrassent. La miséricorde est inséparable de la vérité. En effet, ce ne sont pas des concepts plus ou moins flous, mais une Personne bien vivante : Jésus-Christ.