D’Anne Isabeth dans Présent :
Le 12 novembre dernier, le CESE (Conseil économique, social et environnemental) a publié une étude « Droits sexuels et reproductifs en Europe : entre menaces et progrès ». L’étude a été menée par la coprésidente du Planning familial français, Véronique Séhier, au nom de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité. Tout un programme !
La publication, d’une petite centaine de pages, est intéressante à plusieurs titres.
Sans surprise, le document se plaint d’un accès à la contraception et à l’avortement qui ne serait pas suffisant et demande donc une remise à niveau de tous les pays concernant les « droits sexuels et reproductifs » en s’alignant, évidemment, sur celui qui est allé le plus loin dans la transgression. Ainsi l’étude réclame-t-elle, pour la France entre autres, l’allongement du délai pour avorter à 22 semaines et l’extension des conditions réclamées pour permettre une interruption médicale de grossesse (IMG) : la dimension psychique et sociale devrait ainsi être intégrée au « péril grave ». En clair : « des difficultés financières, la difficulté de prendre une décision sur le devenir de la grossesse, une modification des circonstances de vie rendant la grossesse non souhaitable » devraient pouvoir être évoqués pour un avortement tardif. En outre, l’étude préconise que l’IVG instrumentale puisse être faite par des sages-femmes ayant suivi une formation adéquate.
Suppression de la clause de conscience
Une des autres revendications du document est la suppression de la clause de conscience française, honnie par les promoteurs de l’avortement. « La plupart des intervenants et intervenantes auditionnés estiment que cette clause contribue à fragiliser l’accès effectif à l’IVG sur le territoire, notamment là où l’offre de soins est réduite. Sur le plan symbolique, ils et elles font valoir qu’elle maintient un statut “spécifique” au droit à l’avortement par rapport à d’autres types d’intervention, ce qui participe à la stigmatisation de l’acte et des femmes qui y recourent. » La demande n’est pas nouvelle mais la pression augmente. L’existence d’avis différents est de moins en moins bien supportée…
Enfin, l’étude s’inquiète de l’influence des associations pro-vie. Voilà de quoi fermer le caquet des fâcheux qui clament que la résistance ne sert à rien et qu’on ne peut aller contre le sens de l’histoire qui a validé et consacré la contraception et l’avortement. L’attention que portent des organisations telles que le CESE aux mouvements pro-vie européens est en elle-même une reconnaissance de leur efficacité. L’étude note que les mouvements pro-vie, qui maîtrisent parfaitement les nouveaux codes de communication, savent relayer leurs idées sur Internet ou les réseaux sociaux et se servir des codes de notre société pour porter leur message. Rien n’est écrit définitivement. Comme le souligne l’étude, la contraception et l’avortement – ce qu’ils appellent des « droits » – sont « fragiles et réversibles ». Une raison d’espérer. •