Dans L'Homme nouveau, le père Bonnet défend le chèque scolaire :
"Pourquoi faut-il faire campagne
pour l’instauration
du ticket scolaire ? La
première raison est tout simplement
que ce mode opératoire,
utilisé notamment aux Pays-Bas, est très largement ignoré
des jeunes générations de parents
d’élèves. Chaque fois que
j’y fais allusion dans une réunion, je peux constater cette
méconnaissance. Il suffit pourtant
d’en expliquer le mécanisme,
qui consiste à remettre
aux parents un chèque, dont le
montant correspond au coût de
la scolarité standard du cycle
d’enseignement de leur enfant,
pour que ceux-ci comprennent
que ce système est forcément
le plus juste. Il permet effectivement
aux parents de choisir
librement l’école de leurs enfants
sans pénalité financière.
L’État change de rôle et conserve
une double mission indispensable,
celle de veiller à ce
que l’école choisie respecte la
loi civile et celle de mettre en
place un contrôle de qualité de
l’enseignement.Pour ce qui concerne le contrôle
de qualité, il existe en France,
à ma connaissance, un cas
où cette disposition existe, c’est
celui des grandes écoles d’ingénieurs.
Qu’elles soient privées
ou publiques, elles sont
inspectées régulièrement par
la commission du titre de l’ingénieur,
qui vérifie qu’elles se
maintiennent au niveau de la
compétitivité internationale.
Ladite commission laisse donc
une très grande liberté d’innovation
aux grandes écoles, mais
peut leur retirer le droit de donner
le titre d’ingénieur en cas
de baisse de leur niveau, mesurable
à l’entrée comme à la
sortie de leurs élèves ingénieurs. […]
Dans une telle disposition, l’État
n’est plus gérant du système scolaire,
ce qui lui permet d’en redevenir
un véritable garant pour
les citoyens, tandis que ceux-ci
peuvent exercer leur liberté
de choix d’un projet éducatif
et pédagogique, à la fois conforme
à leurs convictions et aux
besoins de leur enfant. Face
aux dépenses de scolarité, la justice
est assurée. Si un tel système
était adopté, il est évident
que se développerait un
grand nombre d’associations
à vocation pédagogique, qui
se chargeraient de la formation
de leurs maîtres et enseignants
et proposeraient des
types de cycles scolaires diversifiés,
ce qui est nécessaire
compte tenu de la diversité
des formes d’intelligence des
enfants. Les élus locaux et régionaux,
sollicités par les parents,
pourraient collecter les
demandes et les communiquer
aux associations pédagogiques.
C’est seulement en cas de non
réponse de celles-ci à la demande
que les pouvoirs publics
joueraient un rôle de suppléance,
pour le temps nécessaire.La transition avec le système
actuel pourrait se faire en douceur.
Il suffirait d’ouvrir le chemin
de cette liberté scolaire
véritable, application du principe
de subsidiarité, et de gérer
la diminution de l’enseignement
étatique actuel. En
fait, deux problèmes se posent
au pouvoir politique : d’abord,
celui du discernement du véritable
bien commun des citoyens
et, en second lieu, la
question de leur courage pour
faire avancer une telle
proposition très novatrice
pour notre pays. Dans
tous les cas il y a un préalable
au changement,
c’est qu’il faut faire une
véritable campagne d’information
sur le sujet,
assortie d’une mobilisation
des laïcs catholiques
et d’un appui de la hiérarchie
ecclésiastique.
La baisse mesurable et
dûment mesurée de l’ascenseur
social montre la
faillite de notre système
étatique, qui affecte les
classes sociales modestes,
ce qui devrait mobiliser
tous les catholiques, laïcs et
clercs. Affirmer qu’un tel changement
est impossible serait
faire preuve d’un profond
manque d’espérance. La fille
aînée de l’Église se doit de répondre
courageusement au problème
scolaire en proposant
un système plus juste, plus libre
et plus performant."
Léon Delion
Merci pour ce bon article du P. Y. Bonnet, qui défend effectivement l’idée depuis bien longtemps.
Je ne suis malheureusement pas certain que l’Enseignement catholique soit disposé à combattre pour l’instauration du chèque scolaire…
A lire également le très intéressant sondage de la Fondation pour l’école sur le même sujet (chèque scolaire approuvé davantage à gauche qu’à droite !). A lire ici : http://www.fondationpourlecole.org/images/stories//pdf/2010/sondage_ifop.pdf
JCM
Très juste cet exemple des écoles d’ingénieurs. Le titre qu’elles délivrent est un véritable label de qualité, ce qui ne les empêche pas d’offrir des parcours individualisés et très diversifiés. Ainsi mon fils a pu intégrer à bac + 1 et réussi très bien dans la spécialité de son choix.
Seulement pour ca il a du choisir une école privée plus novatrice, et je paie plein pot, à l’âge où on me supprime les allocations familiales. Alors OUI au chèque scolaire car il n’y a aucune raison que l’Etat finance les universités et les écoles publiques sans aider les autres, puisque de toutes façons il ne peut pas offrir de place à tout le monde.