Lors de l'audience de ce mercredi, Benoît XVI a abordé le Credo, "c’est-à-dire sur la profession
solennelle de la foi qui accompagne notre vie de croyants". Extraits :
"Le Credo commence par ces mots : « Je crois en Dieu ». C’est une
affirmation fondamentale, apparemment simple dans son caractère
essentiel, mais qui ouvre au monde infini de la relation avec le
Seigneur et avec son mystère. Croire en Dieu implique une adhésion à
lui, l’accueil de sa Parole et une obéissance joyeuse à sa révélation.Comme l’enseigne le Catéchisme de l’Eglise catholique, « La foi est
un acte personnel : la réponse libre de l’homme à l’initiative de Dieu
qui se révèle » (n.166). Pouvoir dire que l’on croit en Dieu est donc à
la fois un don (– Dieu se révèle, il vient à notre rencontre –) et un
engagement, une grâce divine et une responsabilité humaine, dans une
expérience de dialogue avec Dieu qui, par amour, « parle aux hommes
comme à des amis » (Dei Verbum 2), nous parle à nous, afin que, dans la foi et avec foi, nous puissions entrer en communion avec lui.Où pouvons-nous écouter Dieu et sa parole ? L’Ecriture sainte est
fondamentale ; la Parole de Dieu se rend audible pour nous et alimente
notre vie d’« amis » de Dieu. Toute la Bible raconte comment Dieu s’est
révélé à l’humanité ; toute la Bible parle de foi et nous enseigne la
foi en racontant une histoire dans laquelle Dieu fait avancer son projet
de rédemption et se fait proche de nous, les hommes, à travers les
nombreuses figures de personnes, lumineuses, qui croient en lui et se
confient en lui, jusqu’à la plénitude de la révélation dans le Seigneur
Jésus.[…] Quand nous affirmons « Je
crois en Dieu », nous disons comme Abraham : « J’ai confiance en toi, je
me remets à toi, Seigneur », mais non comme à quelqu’un à qui recourir
uniquement dans les moments de difficultés, ou à qui consacrer un moment
dans la journée ou dans la semaine. Dire « Je crois en Dieu » signifie
fonder sur lui ma vie, laisser sa Parole l’orienter chaque jour, dans
les choix concrets, sans avoir peur de perdre quelque chose de moi.Quand, dans le rite du baptême, cette question est posée trois fois
« Croyez-vous ? » en Dieu, en Jésus-Christ, en l’Esprit-Saint, en
l’Eglise catholique et dans les autres vérités de la foi, la triple
réponse est au singulier : « Je crois », parce que c’est mon existence
personnelle qui doit assumer un tournant avec le don de la foi, c’est
mon existence qui doit changer, se convertir. Chaque fois que nous
participons à un baptême, nous devrions nous demander comment nous
vivons, dans la vie quotidienne, le grand don de la foi.Abraham, le croyant, nous enseigne la foi ; et, en tant qu’étranger
sur la terre, il nous indique la véritable patrie. La foi fait de nous
des pèlerins sur la terre, insérés dans le monde et dans l’histoire,
mais en chemin vers la patrie céleste. Croire en Dieu fait donc de nous
des porteurs de valeurs qui, souvent, ne coïncident pas avec les modes
et les opinions en vogue ; cela nous demande d’adopter des critères et
d’assumer des comportements qui n’appartiennent pas à la manière de
penser générale.Le chrétien ne doit pas avoir peur d’aller « à contre courant » pour
vivre sa foi, en résistant à la tentation de « se conformer ». Dans
beaucoup de nos sociétés, Dieu est devenu « le grand absent » et de
nombreuses idoles ont pris sa place, la première étant le « je »
autonome. Et même les progrès connus et positifs de la science et de la
technique ont donné à l’homme une illusion de toute-puissance et
d’autosuffisance, et un égocentrisme croissant a provoqué pas mal de
déséquilibres au sein des rapports interpersonnels et des comportements
sociaux. […]"