Témoignage suite à l'une des conférences sur la bioéthique à la Cour de cassation :
18h, Paris, Grand’salle de la Cour de Cassation. Conférence sur les embryons in-vitro, AMP, le DPI (diagnostic préimplantatoire) et la recherche. L’ambiance est tamisée, les lumières feutrées. La salle est principalement remplie de jeunes étudiants, de juristes ou personnes plus âgées. Les deux intervenants se succèdent pendant deux heures dans un constat très dur et pessimiste qui sonne comme un appel au secours. La PMA n’est que l’arbre qui cache le baobab. Mais au-delà de réflexions scientifiques et juridiques, s’impose une seule conclusion : il est nécessaire d’agir sans tarder.
Ne nous laissons pas confisquer le débat.
Le débat sur la PMA et la GPA cache certains enjeux des prochaines lois de bioéthique : DPI, séquençage du génome humain, expériences sur les embryons, dons de gamètes. Notre société est déjà rongée par un eugénisme latent. Il cache aussi d’autres questions qui ne sont pas abordées pour le moment mais qui dans quatre ans seront d’actualité et pour lesquelles il sera déjà trop tard : greffe d’utérus, utérus artificiel, clonage, création de gamètes à partir de cellules banales. Des expériences ont déjà été menées sur les animaux ou des travaux sont en cours. Il s’agit donc d’une concertation générale, d’une réflexion globale sur la personne humaine qui doit être menée et une éthique qui doit se réfléchir en amont pour freiner une recherche médicale devenue folle.
S’engager, une responsabilité partagée
Il est vrai que nous ne pourrons stopper cette course vers le vide qu’en ayant une action globale à l’échelle internationale. Nos voisins sont souvent plus avancés en matière de recherche et ne parlons même pas des Etats-Unis, de la Chine ou des grandes entreprises de nouvelles technologies. Nous devons dénoncer de manière internationale les mécanismes d’un transhumanisme qui est déjà à nos portes. Mais nous portons tous la responsabilité politique de l’action de nos gouvernements ce qui nous donne d’ailleurs la légitimité pour parler, dénoncer et résister. Ce qui est en train de se passer sous nos yeux, ne va pas se contenter de se cantonner à des salles d’hôpital aseptisées. Personne n’en sortira indemne.
Nous sommes tous concernés
Ce n’est pas la génération future qui réglera le problème, ni la génération d’avant qui aurait du y penser. C’est ici et maintenant. Il est grand temps de refermer la boite de Pandore. Chaque année qui passe amène ses nouveaux progrès scientifiques, de nouvelles questions. Chaque année qui passe est une année de perdue. Dans une vingtaine, peut-être une dizaine d’années, le séquençage du génome et le médecine prédictive seront peut être obligatoires, et de toutes façons démocratisées par le biais de modèle économique visant à ouvrir ce type d’actes à tous. Nous verrons un temps où le nombre de grossesses déclenchées artificiellement dépassera le nombre des grossesses naturelles. Ou les assurances refuseront de couvrir les grossesses naturelles. Il est temps de ne pas laisser notre quotidien nous aveugler. Il est temps de comprendre que nous vivons déjà dans le monde de GATTACA. Il est temps de se lever, de bousculer nos habitudes, de nous engager. Nous savons de quel côté se trouve la vérité, la dignité, et nous ne pouvons privilégier la politique du canapé. Et ne pas se dissimuler derrière le ‘les inscriptions sont déjà closes’ alors que l’on a pas fait les démarches pour s’inscrire. Il est temps de s’informer, de construire une opposition et de partir au combat. Avoir des convictions ne suffit pas, il est temps de mettre la réflexion en action.
Bébés à la carte :
Conférence de la Cour de Cassation disponible sur internet :
isabelle
Fiches du groupe de travail bioéthique
Le groupe de travail bioéthique de la Conférence des évêques de France propose des fiches thématiques pour aider à mieux comprendre les enjeux des États généraux de la bioéthique.
http://eglise.catholique.fr/sengager-dans-la-societe/eglise-et-bioethique/comprendre-les-enjeux/