De Jean-Marie Le Méné, à propos de la nouvelle technique pour dépister la trisomie 21, effectuée directement à partir du sang de la mère :
"Cette nouvelle technique est l’objet d’un marché
stratégique particulièrement lucratif puisqu’il concerne l’ensemble de
la population féminine qui souhaite procréer. Or une communication
déformante a tendance à confondre marketing de laboratoire et
information scientifique.Le premier argument de vente
repose sur la fiabilité à 100 % de la nouvelle technique, qui aurait
pour avantage de ne cibler que les bébés anormaux. En effet, elle
permettrait de faire l’économie de l’amniocentèse qui entraîne 1 % de
fausses couches. Autrement dit, le progrès annoncé repose sur un
principe de discrimination qui considère que la vie des normaux vaut
plus que celle des anormaux. Affirmer que le dépistage de la trisomie
sera bientôt « moins dangereux » signifie donc que la mort n’est
dangereuse que pour les bébés sains. Pour ceux qui seraient imparfaits,
c’est leur destin !Le second argument de vente
consiste à affirmer que la liberté de choix de la mère sera toujours
garantie. Mais depuis quinze ans, la courbe des interruptions de
grossesses trisomiques suit précisément celle du dépistage. Plus il y a
de dépistage, moins il y a de naissances trisomiques. Aujourd’hui 96 %
des bébés trisomiques diagnostiqués sont déjà éliminés. Ce pourcentage
n’est pas un marqueur de liberté. L’effet incitatif de l’offre de
dépistage et la pression qu’elle implique sont évidents. Son économie
aussi : on ne dépiste pas si on veut garder son bébé. Pourquoi vouloir
améliorer encore une « performance » de 96 % ?La combinaison de ces deux arguments de vente conduira au résultat suivant : on n’éliminera plus que des bébés anormaux, mais on les éliminera tous.
A ce résultat s’ajoute une donnée absolument nouvelle
liée à la précocité du diagnostic. Celui-ci pourra être pratiqué à un
moment où l’IVG est encore possible. Or les femmes n’ayant pas à en
justifier, les causes de ces IVG sélectives resteront inconnues, ce qui
n’est pas le cas de l’IMG aujourd’hui. A l’extermination des bébés trisomiques s’ajoutera l’assassinat de leur mémoire. Ils seront victimes d’un eugénisme silencieux et indécelable.La Fondation Jérôme Lejeune […] engage les autorités sanitaires qui auront à prendre des
décisions sur ce nouveau dépistage à réfléchir à plusieurs questions :
- A combien de centaines de millions d’€ /an s’élève déjà et s’élèvera demain le coût du dépistage généralisé de la trisomie 21 pour l’Assurance maladie et pourquoi la recherche à finalité thérapeutique sur cette pathologie n’est-elle pas financée au même niveau ?
- La
non-fiabilité (marqueurs sériques et échographie) et les risques
inhérents à la pratique d’examens invasifs (amniocentèse, choriocentèse)
du dépistage actuel sont évoqués dans les arguments de vente du nouveau
test. Mais quelles avaient été les mises en garde sanitaires sur ces risques connus depuis quinze ans ?- Les CPDPN
(centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal) délivrent
automatiquement des autorisations d’interruption de grossesses en cas de
trisomie 21. Ce systématisme ne correspond pas à la mission qui est la
leur. Pourquoi sont-ils toujours agréés par l’Agence de la biomédecine ? Quel pilotage assume-t-elle dans ce domaine ?- Certains
praticiens appartenant à la fonction publique vont être à la fois
promoteurs du nouveau dépistage et conseillers des laboratoires
concernés qui fabriquent et commercialisent le nouveau test. Qu’en est-il de la transparence des rémunérations et de l’indépendance de jugement ?"