C'est ce que pense René Ecochard, professeur de médecine, épidémiologiste, chef de service de biostatistique du CHU de Lyon. Interrogé par l'hebdomadaire français La Manche Libre, le professeur Ecochard a déclaré :
"Je me rends trois à quatre fois par an sur le terrain en Afrique et le service de biostatistique que je dirige à Lyon abrite plusieurs chercheurs à temps plein qui travaillent sur une cohorte de patients traités contre le sida à Dakar (la plus ancienne de l’Afrique). Nous sommes fréquemment en Afrique depuis 1984. […]
Comme tout objet technologique de prévention, le préservatif a une efficacité quantifiée. Mais dès le début de notre réponse, nous avons précisé que nous ne souhaitions pas évoquer ce sujet puisqu’il n’avait pas été abordé par Benoît XVI. La problématique est ailleurs : tous les épidémiologistes sont d’accord aujourd’hui pour dire que les campagnes de diffusion, dans les pays où la proportion de personnes touchées est très élevée, ne marchent pas. […]
Le préservatif fonctionne quatre fois sur cinq. Ce qui suffit quand le sida est rare. Mais dans un pays où 25% des jeunes de 25 ans sont touchés (Kenya, Malawi, Ouganda, Zambie), cela ne suffit pas. C’est l’impasse et l’échec de cette forme de prévention est une réalité épidémiologique. Entouré d’experts, bien informé par l’Académie des sciences à Rome, le Pape maîtrisait parfaitement cette question avant de se rendre en Afrique. […]
Sur les quatre pays que je viens de citer, l’Ouganda est le seul où le nombre de malade a été divisé par trois à l’âge 25 ans. En plus de la campagne sur le préservatif, ce pays a mené une vaste campagne basée sur le triptyque ABC (Abstinence, Fidélité, Chasteté ou préservatif). Couple présidentiel, groupes religieux, écoles, entreprises… tout le monde a soutenu cette campagne rappelant que le sida sera combattu si chacun retrouve des attitudes sexuelles conformes aux traditions familiales. Cela n’est peut-être pas facile à reproduire d’un pays à l’autre mais aujourd’hui, c’est le seul espoir. […]
[O]n constate que plus de 60% des scientifiques sont en faveur des campagnes ABC. Ce que prône d’ailleurs l’ONUSIDA aujourd’hui après l’échec d’une approche purement utilitariste qui a provoqué une augmentation du vagabondage sexuel avec des affiches de sept mètres très suggestives. Il existe certainement un très grand manque d’information parce qu’il semble impossible de débattre du sujet. Et aussi un manque de réalisme sur cette question qui est prisonnière de l’idéologie. La greffe cardiaque ou la chirurgie de la hanche ne souffriraient jamais d’un tel manque d’objectivité, comme si l’opinion perdait ses repères dès qu’elle aborde ces questions de la sexualité et la famille. Il existe un prêt-à-porter de la pensée mais doit-on se taire sous prétexte qu’on risque de se faire lyncher ?”
free
Les “grands” médias “français” sont de plus en plus à fuir.
Galtierus
Voici un propos qui a l’air parfaitement cohérent. Il eût été encore plus le bienvenu au moment du lynchage de notre Saint Père, où nous avons manqué d’avis convergents, éclairés et solides scientifiquement. Il faut souhaiter que ce message soit entendu afin de lutter efficacement contre ce fléau du sida.
Merci de le relayer et bravo à La Manche libre et surtout à ce courageux médecin!
[Si vous suivez le premier lien, vous découvrirez que ce médecin a donné son avis au moment du lynchage. MJ]
rennais
un grand merci pour cette réjouissante nouvelle.