Le document a été publié hier soir, uniquement en italien. Le pape a déclaré que ce document servirait de "Lineamenta", de fil rouge, pour la réflexion des conférences épiscopales dans la perspective du Synode de 2015. Ce n'est donc pas un document définitif du magistère. Jeanne Smits a examiné ce document et remarque notamment les profondes différences avec le document de lundi dernier :
"Dans le document final, le n° 14 qui était l'un des plus scandaleux a été profondément remanié pour intégrer l'ensemble de la réponse du Christ sur le divorce, alors que le rapport d'étape « oubliait » de rappeler sa conclusion : « Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas. » Les n°s 14 et suivants redisent la doctrine de l'Eglise, non sans oublier la miséricorde offerte à tous, mais non sans signaler que « le repentir et la conversion sont conditions du pardon ».
La « gradualité » a disparu. Le n° 17 qui en faisait une présentation erronée a été profondément remanié pour rappeler la doctrine de l'Eglise dans Gaudium et Spes, tandis que les approfondissements apportés par Humanae vitae et plusieurs textes de Jean-Paul II font leur entrée dès le n°18. C'est d'ailleurs d'une manière générale que le texte est enrichi de rappels doctrinaux qui n'ont rien de sec ou de lourd, avec la référence fréquente à la grâce que Dieu donne pour suivre sa loi. Le rappel sur la valeur du mariage naturel (n°22) dans la mesure où il est fondé sur « la relation stable et vraie entre un homme et une femme » n'est plus une justification de ce qu'il peut y avoir de désordonné dans les unions actuelles.
Le n°24 rappelle qu'il ne peut y avoir d'autre mariage que sacramentel pour les baptisés, et que toute « rupture est contraire à la volonté de Dieu », mais ajoute que l'Eglise est conscience de la « fragilité » de ses enfants qu'il faut « accompagner avec miséricorde et patience par les possibles étapes de croissance des personnes ». Voilà qui est déjà beaucoup moins ambigu.
Le n°25, sur les unions civiles et « remariages » n'a bénéficié que de 140 votes favorables et 39 contre […] : le fait est que le progrès par rapport au rapport d'étape est notable puisqu'il est clairement dit que l'Eglise a pour rôle d'aider les personnes à connaître « la divine pédagogie de la grâce » pour atteindre la plénitude du plan de Dieu pour elles. Le texte cite la « grâce qui est à l'œuvre » dans ces couples y compris pour qu'ils prennent soin l'un de l'autre. […]
Le n°28 rappelle la nécessité de la conversion et la demande à la femme adultère de ne plus pécher (152 pour, 27 contre).
L'urgence de l'annonce de l'Evangile de la Vie occupe les paragraphes suivants : avec notre responsabilité qui est de semer, non de récolter, la primauté de la grâce ; et le rappel que l'enseignement de l'Eglise sur la famille est « signe de contradiction ». Cette annonce suppose une« meilleure formation » des prêtres, catéchistes, diacres… Le n°39 évoque la « chasteté » comme « précieuse condition d'une vraie croissance de l'amour interpersonnel. » Et le 40 l'assistance à la messe dominicale, si importante notamment pour les jeunes mariés.
Le n°41, évoque ceux qui ne vivent plus dans le mariage : il faut un « dialogue pastoral pour mettre en évidence les éléments de leur vie qui peuvent les conduire à une plus grande ouverture à l'Evangile de la Vie dans sa plénitude ». Avec la recherche des éléments « positifs » dans ces situations […].
On retrouve de nouveau un large consensus contre le lobbying en faveur des droits homosexuels (n°56), et sur les questions suivantes qui traitent de la dénatalité destructrice du tissu social et du refus de la vie. Le numéro 58 parle de la « beauté de l'ouverture inconditionnelle à la vie » : « C'est sur cette base que l'on peut appuyer un enseignement adéquat sur les méthodes naturelles pour la procréation responsable », dit-il, avec la « redécouverte du message d'Humanae vitae ». Le même paragraphe rappelle la fécondité particulière du « choix de l'adoption ».
Sur l'éducation (n°60), la déclaration finale reprend les mots du rapport d'étape, mais y ajoute que « les parents peuvent choisir librement le type d'éducation à donner à leurs enfants, selon leurs convictions. » Le 61 ajoute de son côté la nécessité de la « dévotion mariale ». […]"