Lu sur Polémia :
"La sortie au cinéma du film Des hommes et des dieux est un hommage posthume aux moines de Tibhirine. Hommage d’autant plus surprenant que leur enlèvement, précédant leur assassinat, s’était fait dans une certaine indifférence médiatique et politique. Explications. Depuis trente ans la France a connu de nombreuses affaires d’otages […] On ne peut qu’être frappé par la différence de traitement médiatique de ces enlèvements et de celui des moines : le tapage pour les uns, le silence pour les autres. […] Le discours officiel de Jacques Chirac, alors président de la République, d’Alain Juppé, premier ministre, et d’Hervé de Charette, ministre des Affaires étrangères, fut univoque : «On ne discute pas avec les preneurs d’otages». Position de principe qui ne fut pas assortie d’un complément à tout le moins indispensable : «Malheur à ceux qui porteront atteinte – ou laisseront porter atteinte – à la vie des moines». Une attitude d’indifférence qui pouvait s’interpréter comme un véritable feu vert à l’assassinat des moines.
Dans le système politique français de la Ve République, la tour de contrôle de l’Etat, c’est le secrétaire général de la présidence de la République, c’est dans les faits le vrai patron des « services ». Or, à la différence d’autres affaires d’otages, la présidence de la République délaissa la coordination du suivi de l’enlèvement des moines de Tibhirine ; ce fut le directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères qui en fut chargé sans avoir l’autorité nécessaire ni sur le renseignement militaire, ni sur la DGSE, ni sur la DST. Dans cette affaire, Dominique de Villepin, alors secrétaire général de l’Elysée, fit preuve d’incompétence : peut-être par nonchalance, plus probablement par cynisme. La future idole des cailleras de banlieue avait choisi de soutenir le pouvoir FLN algérien dans sa lutte contre les islamistes du GIA et donc de fermer les yeux sur ses manipulations diverses. Car en tuant ou en faisant tuer les moines de Tibhirine, les généraux corrompus d’Alger faisaient d’une pierre deux coups : diaboliser leurs adversaires du GIA, d’ailleurs infiltrés et manipulés par les services algériens, tout en contribuant à évincer la présence chrétienne d’Afrique du Nord. Ils récidiveront quelques semaines plus tard avec l’assassinat de Monseigneur Claverie, évêque d’Alger, alors même que le ministre français des Affaires étrangères était en visite officielle en Algérie. L’assassinat des moines de Tibhirine permet ainsi de jeter un regard cru sur les relations ambiguës du pouvoir parisien et du pouvoir algérien."
Jean
Un article sur les accusations du général Buchwalter concernant l’assassinat de Mgr Claverie : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/le-general-buchwalter-met-en-cause-alger-dans-l-assassinat-de-mgr-claverie_772434.html
pg
Tout ceci est la suite logique du mensonge gaullien de 1958 ”Je vous ai compris” et de la signature des accords d’Evian, qui ne furent jamais appliqués, sans qu’aucun Président de la République ne s’en soit préoccupé.
Quand on pense qu’on a voulu faire de DE GAULLE le parangon des vertus politiques françaises, y compris au sein même de la droite nationale, c’est dire le niveau d’illusions collectives que les Français entretiennent sur leur histoire, même la plus récente.
Cyrano
@pg
Je ne connais pas trop la problématique de de Gaulle par rapport à l’Algérie (je tâcherai de me documenter dessus quand j’aurai du temps), mais même si je découvre qu’il a très mal géré le dossier, je ne l’accuserai pas de tous les malheurs de la France.
Après tout, à part peut-être Pompidou aussi, il a été un très bon dirigeant français surtout comparé à ceux actuels et en remontant jusqu’à V. Giscard, et même par rapport à des républiques précédentes…
Et l’homme était également d’une belle droiture…
[J’aimerai savoir en quoi il a été “un très bon dirigeant français”. Il a joué l’ouverture à gauche, diabolisé la droite nationale, légalisé la contraception, emprisonné l’école catholique dans des accords suicidaires, … MJ]
Cyrano
@Michel Janva
Je suis jeune, et je suis né longtemps après la mort même de De Gaulle.
Mais je regarde avec nostalgie cette époque où si tout n’était pas parfait, on sent qu’il faisait bon vivre: mai 68 aura été un tournant, du au délire capricieux d’une génération qui ne s’est pas rendu compte de la chance qu’elle avait, et qui se croyait les rois du monde, égoïstement…
Après on peut ne pas être d’accord avec tout ce qu’il a fait, mais il y a des désaccords qui sont du à notre attachement catholique et qui pour les autres ne font pas tâches, comme par exemple la contraception…
Pour les autres points, désolé mais je ne vois pas, peut-être que je devrais me documenter plus (déjà lu pas mal de biographies, mais zappé l’Algérie que j’avais du mal à comprendre).
Mes grands parents ont souhaité le départ de de Gaulle, peut-être pour les mêmes raisons que vous, mais je suis presque sûr qu’ils ne refuseraient pas le retour d’un De Gaulle au pouvoir de nos jours, surtout au vu de la situation…
[Votre attachement au Général est plus sentimental qu’attaché à une réalité. La jeunesse de 68 qui s’est rebellée, est celle que De Gaulle a laissé à l’influence de la gauche marxiste, notamment à l’Université. De Gaulle a laissé la culture à la gauche, il en a payé les frais et nous avec.
Le rejet de la contraception n’est pas une spécificité catholique, ce devrait être une norme humaine, tout simplement.
MJ]