Secrétaire départemental du Front national pour les Vosges, conseiller régional du Grand Est et élu municipal à Charmes, Jordan Grosse-Cruciani, membre du FN depuis 2011, quitte le FN au lendemain du congrès. Il s’en explique en exclusivité pour « Minute ». Extrait :
"Je suis arrivé au Front national en 2011 lorsque Marine Le Pen en a pris la présidence. Comme beaucoup de Français, j’avais l’espoir d’un Front national nouveau, conquérant et professionnalisé. Pendant quelques années, il en a donné l’illusion et les succès ont été au rendez-vous, du moins une forte progression. Puis ses carences ont pris le dessus (jusqu’à la faillite du débat sur lequel je ne reviendrai pas) : déficience structurelle de l’organisation, couplée à un fonctionnement à la fois opaque et inquisiteur, et, pire encore, flou grandissant sur la ligne politique. Tout ça pour en arriver à un congrès dit de refondation, qui est en fait un congrès de l’éternel recommencement. Pour le paraphraser, je dirais que le FN demande aux Français de le croire capable de faire demain ce qu’il n’a pas été capable de faire hier – un hier qui dure depuis sept ans si l’on s’en tient à la présidence de Marine Le Pen… Je préfère donc être honnête avec moi-même et m’en aller.
De quelles déficiences parlez-vous ?
Le mot d’ordre est aujourd’hui de s’implanter, l’implantation étant la clef des victoires futures. Je suis parfaitement d’accord avec cela. Seul problème, que votre journal a souligné récemment : cela fait des décennies que, après chaque congrès, après chaque scrutin électoral, le Front national assure qu’il va s’implanter et qu’il ne le fait pas. Parce que, à chaque fois, il répète justement ce qui a empêché cette implantation, en obligeant les fédérations à distribuer des tracts nationaux qui ne tiennent aucun compte des impératifs locaux, en « nationalisant » tous les scrutins sans laisser aucune marge de manœuvre à ceux qui connaissent le terrain, en ne donnant pas les moyens aux candidats de se former pour être efficaces, etc. Je ne parle même pas de la formation doctrinale, qui est totalement inexistante. […]
Un cadre dirigeant du FN, qui vient encore de prendre du galon, m’a dit récemment : « Le parti ne te doit rien, tu dois tout au parti. » Je lui dois beaucoup, mais il nous doit un peu aussi, nous les militants, nous les « petits cadres », nous les élus de base – nous, également, les jeunes diplômés, qui faisaient évoluer l’image du FN. Ce fut une stratégie, pour le FN, de recruter et promouvoir des profils nouveaux. Cela aurait pu s’inscrire dans une stratégie gagnant/gagnant. Au lieu de cela, une fois utilisés, nous devons être aux ordres, et cela quels que soient les ordres, comme celui de mentir éhontément. Sur le nombre d’adhérents par exemple.
Que voulez-vous dire ?
Eh bien on m’a demandé d’annoncer une progression des effectifs de 13 %. Ordre de Nanterre. La réalité, c’est que de mars 2017 à mars 2018, il y a eu une chute de 50% dans ma fédération.
Parce que vous n’avez pas fait le travail ou parce que les adhérents sont partis chez Philippot ?
Ni l’un ni l’autre. Le travail a été fait, avec beaucoup d’énergie, et la déperdition vers Les Patriotes a été de 0,5 %. Non, simplement, les gens n’y croient plus ; même la perspective de pouvoir voter au congrès ne les a pas retenus, puisque tout était joué d’avance. Voyez avec le vrai-faux changement de nom clairement imposé par la direction. Sans compter qu’on prend le problème à l’envers, puisque si on ne change pas le fond au-delà des effets d’estrade, je ne vois pas à quoi sert de changer le contenant, si ce n’est pour relancer l’illusion quelque temps… […]"
dissident
Analyse malheureusement pertinente à 100 %
• la verticalité du mouvement ? Rien de changé
• le débat en interne ? Inexistant
• le respect des militants ? Demander à ceux qui se barrent
• la cohérence idéologique ? Aussi variable que celle de la présidente
Le mot d’ordre est aujourd’hui de s’implanter. Comme hier où il fallait absolument ouvrir des permanences sans s’occuper des adhérents et/ou sympathisants …. Avec des coquilles vides et des fédés qui voient les adhérents et sympathisants foutre le camp.
HG
Tout est dit…malheureusement!
ohlala
« Le parti ne te doit rien, tu dois tout au parti. » esprit de caste si présent dans nos communautés, familles, paroisses ; esprit bourgeois qui favorise la médiocrité et le copinage
quand enfin un parti s’occupera-t-il du bien commun et des français?
cela ne pourra se faire qu’avec la défense des valeurs chrétienne et l’aide de Dieu qui en découlera!
Laurent
Le changement de nom du FN ne sert à rien . Seul importe le “grand rassemblement ” de notre peuple prôné par Antonin Campana (cf le blog “terre autochtone”). Il s’agit d’engager les luttes qui permettront au peuple autochtone de reconquérir son Droit à disposer de lui-même car il est à présent asservi par un État que l’on dit ” français ” mais qui est ,en fait, supra-national.
scat
Jordan Grosse-Cruciani, fallait voter et faire soutenir Gollnisch en 2011 pour la présidence du FN !! Le FN serait puissant et crédible aujourd’hui !!
On vous l’a pourtant dit ! Et comme d’habitude, on a eu raison….
LB
Les limites de l’autocratie. Le parti ressemble pas mal au genre rouge, moins l’efficacité….Le régime des partis c’est la ruine de la France. Et pour être de droite il faut défendre les lois divines naturelles et surnaturelles….cinquante années d’impasse.
Le Forez
Le parti, et pourquoi pas la ligne du parti ? Il y a une sacrée connotation avec le pc . Indécrottables ces républicains . Et la France ? Il est vrai qu on parle plus de parti , de république que de la France.
Vive la France, vive Louis XX !
Chaussande
Je veux être honnête avec moi même. Alors qu’il démissionne de son mandat. Encore un qui n’a pas eu ce qu’il voulait donc maintenant il crache dans la soupe.
C’est un peu facile de taper sur Marine le Pen si elle n’etait Pas là ce serait pire.
HAËNTJENS
Cracher dans la soupe publiquement :
Attitude pitoyable, irresponsable et enfantine.
Basse réaction lorsque l’on ne fait pas parti du nouveau Comité National.
Minable !
Antoine
Après Huffigntom post et malgré les précisions de Fr. de Voyer, ouf une nouvelle affaire…
A mettre en perspective avec l’action de Ph. Vardon et sa tournée des fédérations pour expliquer l’importance de l’action locale…
Le SB (comme Minute) devient sans surprise, non un organe de réflexion et de mise en perspective, mais le RDV d’un entre soi confortable. JP Maugendre peut défendre la Marche pour la vie de convaincus par l’état de “la société comme elle est”, mais le SB le refuse au parti politique le plus proche…
Depuis un an, celle qui s’auto-appelle “la droite” se complait dans deux attitudes bien identifiable :
– celui qui dit compte plus que ce qu’il dit (Cf. Analyse partagée par le SB sur l’UE au moment même ou l’UE se lançait dans les actions contre la Hongrie et la Pologne… Je note que Marion, plus radicale encore sur l’UE que MLP, n’a pas été critiqué par le SB, JY Le Gallou, les Menard..). Preuve que seuls comptent les personnes et la détestation (cuite et recuite -cela en devient génant) qu’on leur porte ;
– l’analyse univoque et dialectique entraînant l’impossibilité d’une bienveillance ou de comprendre les proximités de structure de pensées communes permettant de faire des ponts.
Je fais ce constat de façon très triste, car par delà les erreurs tactiques et immédiatement politique, cela m’interroge, plus profondément sur les déficiences de l’Ecole contre-révolutionnaire. On comprends pourquoi le Cal Ratzinger, dont l’œuvre est une défense du concept de tradition dans une modernité qui le refuse disait que le christianisme avait besoin aussi des lumières.
Je ne dis cela non par esprit partisan FN, ni même parce que je peux constater dans le milieu ouvrier l’impact de ce parti (qui permet de relativiser ce que je lis ici), mais par le constat d’un naufrage de l’intelligence et du cœur d’une certaine “droite” (qui se coupe de toute réalité et s’enferme).
[Ben oui une nouvelle affaire que vous ne commentez pas. Il est regrettable de voir qu’il existe encore chez certains ces oeillères qui les font refuser de voir des faits. Rien que des faits.
Il eut été plus utile de commenter ce que dit ce conseiller régional et qui est largement partagé par un certain nombre d’élus FN, qui n’ont pas pris cette liberté.
Certains voudraient que le SB ne s’en prenne qu’au régime en place et aux élus LR. Mais c’est trop facile. Ce serait avoir la mémoire courte. La refondation, l’implantation locale et les alliances ne viendront pas à coups de slogans ou de poudre de perlinpinpin.
MJ]
ludo72
Effectivement, rien n’a changé. On entendait déjà les mêmes reproches de la part des mégretistes il y a 20 ans… Sauf qu’entre temps il y a eu des élus, donc des moyens conséquents obtenus et que n’avait pas l’ancien Front des années 90-2000… Qu’en ont-ils fait ? En fait cela a peu d’intérêt quand on voit le résultat maintenant…
Il faut arrêter de se bercer d’illusions : c’est l’ennemi qui fixe les règles, les modifie à sa convenance, et attribue les pions. Donc forcément, si vous jouez aux échecs en ayant que la moitié des pions, avec 3 à 4 coups de retard et qu’en plus l’ennemi remet en jeu les rares pions qu’il perd, dans ce cadre là vous ne gagnez jamais ! Il n’y a qu’à renverser la table, encore reste-t-il à trouver le moyen adéquat de le faire ! Ce qui est sûr, c’est que le temps des grands partis mastodontes dirigés depuis Paris est révolu ; il faut passer à autre chose. Il faut que tous ces jeunes cadres cessent de gaspiller leur temps et leur énergie pour des aventures sans lendemain. Il faut de la formation intellectuelle et doctrinale, du métapolitique. Cela prendra du temps, mais il n’y a qu’avec les idées (et la démographie…) que l’on se rendra définitivement maîtres de la table à jeux.
patphil
les gens n’y croient plus!
surtout après la désertion de certains qui ont perdu la guéguerre des chefs! qui se croient indispensables; goldnish lui est resté même s’il n’était pas d’accord!
et pendant ce temps, le petit peuple souffre, voit de plus en plus de voilées, de délocalisation d’emplois etc.
Joelle
CHaussande, si Marine n’était pas là, il y aurait eu GOLLNISCH à sa place et le FN serait solide actuellement, conquérant, rassembleur, puissant. Sachons le reconnaître quand même !
Après tout pourquoi cet élu démissionnerait il de ses mandats ? Est-ce lui qui a failli ? qui a changé de doctrine? qui a été incompétent ? ou plutôt le FN ??
Vous avez la réponse…. alors pourquoi le punir en lui demandant de quitter ses fonctions électives ? c’est n’importe quoi, ça ….
Joelle
ludo 72
FAUX. législatives de 1997 = beaucoup de moyens financiers (plus que 2012 et 2017). De plus le FN avait fait élire un gros millier de conseillers municipaux FN en 1995 et 350 élus régionaux en 1998. En clair, dans les années 1995-1998, avant que n’éclate la crise du FN, le FN avait beaucoup de moyens.