Son statut d’Eglise officielle du régime n’ayant pas été suffisamment pris en compte par la décision du Conseil d’Etat, le Grand Orient, associé à quelques autres officines laïcardes réunies en convent, pardon en “Collectif Laïque National”, vient de s’insurger contre la liberté de culte.
Il devrait pourtant se réjouir: la plupart des référés étaient le fait de laïcs. Nous aussi, nous devrions nous autoproclamer “Collectif laïque national”! Au passage, il est baroque d’imaginer que les évêques aient mandaté les associations qui ont déposé les référés-liberté.
Il est également assez savoureux de voir que nos frères la Gratouille s’inquiètent d’un “privilège accordé aux cultes et à l’un d’entre eux en particulier” (le très honni catholicisme). Il faut rassurer ces pauvres petits êtres sensibles: le Conseil d’Etat n’a pas voulu conférer de privilège aux cultes, ni au catholicisme.
Je constate aussi avec amusement que ce communiqué est daté du 25 mai qui se trouve être dans le calendrier romain la fête de saint Grégoire VII – oui, oui, le pape qui fit attendre l’empereur Henri IV pendant 3 jours à genoux dans la neige à la forteresse de Canossa! Mais peut-être ignore-t-on désormais rue Cadet ce qui s’est passé à Canossa. A force de ravager la si mal nommée “Education nationale”, il ne faudrait guère s’en étonner.
A vrai dire, tout est délirant et savoureusement rance et ringard dans ce communiqué. L’inversion accusatoire s’y trouve à chaque ligne. Le mépris pour les croyants y est également partout. Et la rage que le droit ait “scandaleusement” résisté à cette moraline maçonnique y est assez tonique. Dieu sait – si je puis dire ! – que je ne suis pas franchement un inconditionnel de la loi de 1905, mais je suggèrerais volontiers à nos modernes inquisiteurs de la relire. Ils y découvriraient peut-être la réfutation de tout ce qui se trouve dans leur communiqué – du fait que la liberté du culte soit effectivement une liberté fondamentale au fait que des aumôneries doivent être organisées dans les hôpitaux. Il semble même qu’au Grand Orient, on ignore la différence entre confinement et déconfinement, puisque, pour “prouver” le traitement “privilégié” des cultes, le communiqué compare la décision du Conseil d’Etat sur le décret de déconfinement avec celle qu’il avait rendue sur le décret de confinement.
A vrai dire, on ne sait trop si on doit s’amuser de ce désopilant pensum ou s’inquiéter de l’effondrement du niveau intellectuel!
Guillaume de Thieulloy
Le Conseil d’État, statuant en référé, vient d’enjoindre au Premier ministre « de modifier, dans un délai de huit jours, le décret du 11 mai 2020 », pour remplacer l’interdiction totale de rassemblement dans les lieux de culte par des restrictions mieux « proportionnées » à l’objectif de santé publique.
Le Collectif laïque national contestait déjà que le Gouvernement réserve, dans le dispositif national de déconfinement, un traitement privilégié aux cultes en avançant, pour leurs rassemblements seuls, la date initiale du 11 juin au 2 juin, en l’absence de toute justification de santé publique.
Le Premier ministre avait en outre annoncé qu’elle serait avancée au 29 mai pour permettre aux catholiques de célébrer la Pentecôte. Ce privilège accordé aux cultes et à l’un d’entre eux en particulier remettait en cause le principe d’égalité des citoyens devant la loi.
C’était dans le prolongement du dispositif d’écoute et de soutien « pastoral » mis en œuvre par certains cultes et promu par les moyens publics ; le numéro vert du Gouvernement a été officiellement communiqué aux équipes médicales et établissements de santé, faisant ainsi de l’État et de ses services publics de santé l’opérateur de la mise en contact de croyants avec certains cultes.
Dans ce contexte, le Conseil d’État ne pouvait que tirer parti de l’absence de cohérence des mesures gouvernementales en rappelant que « la liberté de culte est une liberté fondamentale ». On notera pourtant que les autres libertés fondamentales n’ont pas eu droit aux mêmes égards du Conseil d’État, qui a ainsi admis le prolongement de la détention provisoire de plein droit sans intervention d’un juge (référé du 3 avril 2020).
Le Collectif laïque national s’inquiète de la tendance jurisprudentielle actuelle qui donne à la liberté de culte la prééminence sur toutes les autres libertés fondamentales. Les convictions religieuses sont ainsi érigées en universel des consciences, le cadre républicain de la laïcité se voyant ainsi marginalisé.
C’est tourner le dos au principe fondamental de laïcité, qui repose sur le primat de la liberté de conscience et la séparation entre l’État et les cultes. En ces temps de crise sanitaire, un tel principe est essentiel. Il ne peut être mis entre parenthèses ou aménagé au gré des circonstances.
Le Collectif laïque national dénonce le fait que l’Église catholique ait réussi à obtenir un traitement privilégié que ne demandait aucune des autres autorités religieuses. Il note avec regret que les responsables du culte catholique s’en soient remis pour ester en justice à des personnalités et officines dont plusieurs relèvent de l’extrême-droite intégriste antirépublicaine, dans une convergence inquiétante déjà constatée depuis longtemps sur les questions de société (IVG, mariage, fin de vie, …).
Le Collectif laïque national réaffirme que la République laïque ne repose que sur des citoyens libres et égaux, quelles que soient leurs convictions particulières. Les risques sanitaires encourus spécialement à l’occasion des rassemblements de personnes dans des lieux fermés sont les mêmes pour tous, croyants ou incroyants. Quitte à les préciser, le Gouvernement ne peut en aucun cas renoncer à imposer à l’exercice des cultes, dans l’intérêt général, les restrictions que nécessite la santé publique.
Fait à Paris le 25 mai 2020
NB: Suite à l’appel d’un excellent ami fin connaisseur de la maçonnerie, je précise que l’illustration par la couverture d’un livre du fameux Leo Taxil ne signifie pas que je croie aux mystifications de ce dernier, mais je trouvais amusant d’illustrer l’auto-caricature des frères la Gratouille par l’une de leurs caricatures les plus célèbres!
Olivier Monteil
Réjouissant de voir le Grand Orient enrager devant la reprise des cultes publics…
La défaite lui est encore plus cuisante qu’on ne pouvait l’imaginer, c’est donc que la victoire du droit est réelle et forte.
En tous cas grand merci aux nôtres puisque, comme on l’a vu, il ne fallait malheureusement guère compter sur la conférence des évêques de France pour défendre la Messe.
D'Haussy
Vive Dieu, vive le Roy.
À bas la maçonnerie et la république.
sivolc
“A vrai dire, on ne sait trop si on doit s’amuser de ce désopilant pensum ou s’inquiéter de l’effondrement du niveau intellectuel!”: Réponse à GdT: les deux mon général! Avec un grand merci pour l’avoir porté à notre connaissance.
FGJV2
Merci Guillaume de ce pamphlet émouvant, jubilant de voir enhardit soufflet administré par ceux là même qu’ils pensaient avoir soumis à une doctrine démoralisée et perverse.
Collapsus
Ne jubilez pas trop, les gratouilles avec si nécessaire l’aide de la CEDH auront à une prochaine occasion la possibilité de retoquer le Conseil d’État sur tout autre dossier sociétal sur lequel il devra statuer. N’oublions pas l’affaire Vincent Lambert.
Janot
Toujours aussi sectaires, les francs(?)-mac ! Au fait, leur diatribe contre les croyants et l’église catholique ne serait-elle pas un “discours de haine” dans le collimateur de la fameuse et fumeuse loi “Avia”, par hasard ?
Chouan85
Les dinosaures 3 points rabâchent leur discours stalinien.
AFumey
Le plus significatif, il me semble, est que cette réaction dévoile publiquement bien des non-dits. L’adversaire ne craint rien tant que la lumière et là, il commence à se dévoiler.
Bien sûr “l’opinion publique” ne va pas basculer: ne verront cet incident que ceux qui le veulent bien. Mais c’est une égratignure de plus, un autre trou dans le masque.
Et comme le relèvent les lecteurs du SB, cela signifie que l’adversaire est désormais acculé à se défendre, ce qui représente un gros progrès en peu de temps. L’Esprit Saint agit toujours de façon déconcertante même quand on l’attend.
Gaudete
quelle joie de voir ces tristes pantins qui il est vrai sont de véritables tyrans puisque seules leurs idées sont les bonnes. On ne les empêche pas de faire leurs simagrées et leur singeries dans leurs temples , il pourraient nous lâcher , ah oui j’oubliais ce sont les suppôts de satan, ils ne veulent pas servir Dieu mais ils adorent le diable pauvres types ! et c’est pourquoi ils veulent encore plus d’avortement, d’euthanazies etc comme si les morts du cancer, des maladies cardio-vasculaires , virales etc ne suffisaient pas . Mais qui sont ces pitres pour exiger que les autres se soumettent à leurs exigences, mais ils mourront comme tout le monde et ce jour-là leurs idées à la mords-moi auront fait long feu
Magistro78
Dans les associations soutenant le communiqué du GO, il manque le diocèse de Carcassonne dirigé par Mgr Alain Planet. Dans une lettre du 30 avril, ce prélat validait l’interdiction de la célébration des cultes car le gouvernement est investi par Dieu du bien commun…
Par le passé, il voyait dans les FM des hommes de bonne volonté. En revanche les traditionnalistes n’ont pas droit aux mêmes égards.
A quand la fusion entre le GO et la CEF ?
Michel
À nouveau se pose la question de la séparation de la franc-maçonnerie (faut-il vraiment mettre la cédille ?) et de l’État …
professeur Tournesol
“Les risques sanitaires encourus spécialement à l’occasion des rassemblements de personnes dans des lieux fermés sont les mêmes pour tous, croyants ou incroyants.” nous dit le GO : eh bien justement, le risque sanitaire est le même à l’église, au supermarché, à l’école et sûrement plus faible que dans le métro !
J’espère que le Grand Orient va montrer l’exemple en s’abstenant de réunions jusqu’à ce que le coronavirus soit éradiqué !!!
Collapsus
Et qui parle du risque sanitaire entraîné par l’infestation des rouages de l’État par la gangrène maçonne ?