L’indépendance du Kosovo pourrait donner un argument de choix aux mouvements régionaux de l’Europe qui rêvent de s’émanciper de la tutelle d’Etats-Nations. L’indépendance de la province serbe, dont la population est devenue en majorité albanaise, créerait un précédent en consacrant la reconnaissance d’une "Nation sans Etat", concept cher aux nationalistes basques et catalans, qui s’étaient déjà félicités de l’indépendance du Monténégro. Belgrade n’hésite pas à agiter auprès des pays de l’UE qui soutiennent les velléités kosovares l’épouvantail d’un "effet domino". Poutine prévient :
"A l’ouest, cette solution déclenchera des séparatismes en Europe. Voyez l’Ecosse, la Catalogne, le Pays basque".
Jean-Yves Camus, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), le rejoint :
"il existe un risque réel de voir tomber le quasi-dogme de l’intangibilité des frontières qui a prévalu après la Seconde guerre mondiale […] au profit de mouvements qui cherchent à redessiner la carte de l’Europe en se fondant sur des critères ethniques, linguistiques ou culturels".
En Ecosse, le Scottish national party, qui dirige le gouvernement régional depuis les élections de mai, s’est engagé à organiser en 2010 un référendum sur l’indépendance. En Belgique, la partition n’est plus seulement un gag télévisé et la sonnette d’alarme a déjà été tirée par Belgique et Chrétienté. Cette poussée régionaliste est liée selon Jean-Yves Camus aux "modalités de la construction européenne et de la mondialisation libérale".
"On a l’impression que le manque de légitimité démocratique des instances de l’UE, que la disparition progressive des frontières, l’uniformisation des modes de vie, le fait qu’on impose l’anglais comme lingua franca, entraînent un choc en retour qui n’est pas dans le combat politique pour une Europe davantage sociale et moins technocratique mais dans le développement des microparticularismes identitaires".
Il y a aussi un besoin lié au manque de subsidiarité (dans la famille, la cité, la région), lié au concept d’Etat-nation jacobin forgé par la Révolution.