Jeanne Smits a interrogé Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d'Astana au Kazakhstan. En voici un court extrait :
"[…] Saint Paul a dit que nous devons transmettre la vérité dans la charité. Dans l’amour. Lorsque je parle à une personne avec révérence et compréhension, que je l’estime, même un pécheur, alors elle sera plus ouverte aux arguments que je pourrai donner. Ce n’est qu’une méthode, et c’est un premier point. Deuxième point : nous devons lui dire la vérité intégrale, toute la vérité, telle qu’elle est. Quand vous enseignez les mathématiques, vous en enseignerez les règles : vous ne pouvez choisir de ne pas observer telle règle, sous peine de ne rien pouvoir calculer. L’être humain et son âme sont plus importants que les problèmes temporels. Il faut donc dire toute la vérité. « Maintenant vous pouvez choisir, vous êtes libre, je ne vous oblige pas, mais voici la vérité. Quand vous le voudrez, je pourrai vous aider. » Nous devons donc faire des catéchèses, des homélies, des déclarations très claires sur la règle objective et la loi de la sexualité, et aussi inviter ces personnes à utiliser le moyen donné par Dieu : la prière. Si vous n’avez pas la force d’observer ces commandements, priez, Dieu vous les donnera. Allez à l’église, priez, et demandez la grâce de la conversion.
Le cardinal Kasper dirait que l’Eucharistie est justement une aide pour les pécheurs, une nourriture qui aiderait ces personnes…
Cela est faux et mensonger. Ces personnes sont malades : malades dans leurs âmes. A un diabétique, je ne peux donner de sucre : je le tuerais. Alors même que le sucre est bon pour les personnes en bonne santé. Ce diabétique aime le sucre, il en a mangé toute sa vie. Je lui refuse le sucre et il m’accuse d’être cruel à son égard, et demande que je lui en redonne. Je lui répondrai « non, je ne vous en donnerai pas parce que vous êtes diabétique, je vous tuerais ». Le cardinal Kasper ment aux âmes de ces personnes en leur donnant la communion. C’est un comportement très irresponsable.
Au synode il n’a été question, ni dans le rapport d’étape ni dans le rapport final, de péché mortel, de ciel ou d’enfer.
Cela est très triste. Tout l’Evangile, toutes les lettres des Apôtres, les Pères de l’Eglise parlent clairement des dangers du péché ; ils parlent de la repentance et de la grâce. C’est le langage de Jésus : Il appelait toujours au repentir. Il disait : Recevez la grâce, priez ; Il parlait du Royaume des cieux, Il demandait que l’on regarde vers le Royaume, le surnaturel. Cette omission – à savoir de n’avoir pas parlé du péché mortel au synode – je la tiens pour très grave.
On a beaucoup parlé du fait de changer la pratique pastorale et non sa doctrine. Est-il possible de faire cela et jusqu’à quel point ? Et le fait de changer la pratique ne change-t-il pas la doctrine, au moins dans l’esprit des fidèles ?
Oui. C’est, tout simplement, un mensonge. C’est une contradiction qui va contre le bon sens et la raison. Comment puis-je dire que nous respectons l’indissolubilité du mariage et en même temps donner à ceux qui contredisent cette vérité par leur vie au sein d’unions de divorcés la plus officielle des reconnaissances dont l’Eglise dispose, qui est la sainte communion ? La communion est par nature une expression du fait que celui qui la reçoit est en pleine communion avec Dieu, avec ses Commandements et avec l’Eglise. Donc c’est un mensonge : ces personnes ne sont pas en pleine communion avec tous les Commandements de Dieu. C’est une attitude qui est typique de la Gnose. Pour le gnostique, l’important est la pensée, non ce que l’on fait. Cela a toujours été caractéristique de la Gnose, même de la Gnose chrétienne au IIe siècle par exemple. C’est pourquoi cette proposition est gnostique, elle est mensongère, elle contredit la raison.
On ne peut pas dire la même chose du chrétien ordinaire qui pèche mais qui communie ; la question n'est-elle pas de la distinction entre péché mortel et péché véniel ?
La question ici n’est pas celle du péché mortel ou du péché véniel, c’est celle du repentir. Je me repentis de ce que j’ai fait. Dans le cas des divorcés remariés, le cardinal Kasper et ses alliés les dispensent du repentir. Ils continuent dans le péché mortel sans le repentir parce qu’ils ne admettent pas leur actes sexuels – qui sont en effet des actes sexuels hors d’un mariage valide – sont des péchés mortels. […]"