Partager cet article

France : Politique en France

Le macronisme est une conception postpolitique du monde

Mathieu Bock-Côté analyse la victoire d'Emmanuel Macron dans le Figarovox. Extrait :

C_QR80KXoAAbohs"[…] Emmanuel Macron est parvenu à concrétiser un vieux fantasme politique qui habite une bonne partie des élites françaises depuis quelques décennies: celui de la création du grand parti du «cercle la raison» qui serait presque le parti unique des élites qui se veulent éclairées – ne resteraient plus dans les marges que des oppositions radicales, idéologiquement fanatisées et socialement rétrogrades. Ce parti, c'est celui de la mondialisation heureuse, de l'Europe postnationale et de l'idéologie diversitaire, même si naturellement, diverses sensibilités s'y expriment et cohabitent. Ne faisons pas l'erreur d'y voir un néocentrisme: sur les questions identitaires et sociétales, le progressisme macronien ne s'annonce pas modéré. Il n'est pas animé par un principe de prudence. On peut s'attendre à un grand enthousiasme du nouveau pouvoir dans la promotion d'une forme de multiculturalisme à la française, dans lequel on ne verra pas un calque toutefois du multiculturalisme à la canadienne à la Justin Trudeau.

Parti unique: la formule est peut-être trop forte, me direz-vous. Voyons plus en profondeur. Quand on croit qu'il n'y a finalement qu'une seule politique possible, aux finalités indéniables, on relativise l'importance du débat politique. On bascule alors dans le domaine de la gestion et on veut surtout rassembler des administrateurs efficaces. Cette étrange aspiration n'est-elle pas celle d'une dissolution de la politique et des antagonismes philosophiques qui traditionnellement, s'y exprimaient? Le macronisme, pour ce qu'on en sait pour l'instant, est une conception postpolitique du monde. On ajoutera qu'à travers lui, un système qui se sentait fragilisé par les grands vents de la révolte est parvenu à se maintenir et même à reprendre l'offensive. Chose certaine, c'est la victoire des nouvelles élites mondialisées et de ceux qui se veulent à l'avant-garde du progrès.

Emmanuel Macron a été aidé dans cette entreprise par la décomposition du système partisan, et plus particulièrement, par celle d'un Parti socialiste depuis longtemps en crise, plus que fragilisé par la présidence Hollande et condamné à la désagrégation par la victoire de Benoît Hamon à la primaire: cette dernière marquait le triomphe d'une des tendances les plus sectaires de la gauche qui croit que tenir compte de la réalité dans la gestion d'un pays relève d'une compromission inadmissible avec l'ordre en place. La culture politique du socialisme français a quelque chose de folklorique: Emmanuel Macron vient peut-être d'en dégager le progressisme, et c'est d'ailleurs cette référence qu'il veut brandir. À tout le moins, c'est ce qu'il prétend. On verra maintenant qui à droite voudra se rallier à lui dans l'espoir d'une place, grande ou petite dans son gouvernement. On verra aussi sur quelle base ce qui restera de la droite s'opposera à lui dans les prochains temps. Reprenons une formule usée: de quoi la droite de demain voudra-t-elle être le nom? […]"

Partager cet article

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services