Le martyre oublié des chrétiens chaldéens. Etre catholique en Turquie… De Jean Monneret, VIA ROMANA.
Être catholique en Turquie lorsque l'on parle la langue du Christ c'est être mort ou exilé. Sans haine, dans la plus parfaite fidélité au Christ, car tel est l'honneur de ce peuple. Ou converti de la plus libre des manières à la célèbre RATP pour religion d'amour de tolérance et de paix du beau modèle Mohammed, ou du moins dans sa version SRI (service des relations avec l'islam de la Conférence épiscopale française) qui ignore jusqu'au début de commencement de critique vis à vis de cette “structure englobante”.
L'héritage tout d'abord. Et pour cela quelques définitions :
Assyro-chaldéen : communauté de gens originaires de l'ancienne Mésopotamie vivant en Irak, en Turquie, en Syrie et au Liban ainsi qu'en Europe aux Etats-Unis et en Australie. Se réfère à une population globale sans connotation religieuse.
Chaldéen : habitant de Sumer puis de Babylonie (sud de l'Irak actuel). En fait cela concerne la partie catholique des Assyro-Chaldéens devenue telle depuis 1553.
L'étude porte sur les villages chrétiens du Hakkari en Anatolie centrale non loin de l'Irak.
Une tradition antique et vénérable prétend que saint Pierre lui même aurait rédigé sa première épître depuis Babylone. Du coté des certitudes historiques avérées il y a la fondation de cette Eglise par saint Thomas lui-même puis par l'apôtre Addai plus connu sous le nom de Thaddée en Occident. Bref, une Eglise qui n'a rien à nous envier en matiére d'ancienneté.
Mais ces populations sont surtout connues pour être les héritières des plus anciennes civilisations humaines. Si tout commence à Sumer selon Samuel Noah Kramer, alors nos chaldéens sont les héritiers des plus vielles civilisations humaines et n'ont rien à envier du tout ni à la civilisaiton islamique arrivée bien après ni à personne d'ailleurs.
Au sujet de notre dette vis à vis de cette soi disante civilisation exemplaire, de nombreux ouvrages ont réglé cette question de façon définitive, en l'état actuel de nos connaissances. Pour cela, ces ouvrages ont été définitivement enterrés par la faculté comme par les médias. On pense bien sur à l'ouvrage de Sylvain Guggenheim “Aristote au Mont saint Michel”, mais aussi à Jacques Heers et encore Guy Rachet malgré son anti monothéisme ardent: “Les racines de notre Europe sont elles chrétiennes et musulmanes ? ” et enfin Bat Ye'or “Les chrétiens d'Orient entre jihad et dhimmitude”.
Avec ces quelques références, on est sûr de ne pas se tromper…
Un chapitre entier est consacré à l'héritage de la Mésopotamie. Vers 9000 avant Jésus Christ, les nomades commencent à se sédentariser et inventent donc l'irrigation pour leurs cultures, vers 8000 ils domestiquent les animaux et nous leur devons l'élevage, entre 6500 et 4500 apparaissent les premières villes avec enceintes fortifiées ; c'est l'heure du début du commerce, qui va engendrer l'invention des nombres et donc du calcul. En même temps les Mages se font experts en astronomie (information confirmée par les évangiles semble t il…). Puis, c'est le tour du calendrier qui repose sur les mesures angulaires et horaires, en conséquences. Enfin c'est l'écriture (3400) qui fait sortir les hommes de la préhistoire pour les faire entrer dans l'hsitoire à travers l'écriture cunéiforme. Pour finir en 1762, c'est le code d'Hammourabi un des textes les plus importants de l'histoire de l'humanité, avec les Dix commandements, car c'est tout simplement le début du droit.
“Les populations qui résidaient dans l'Empire Byzantin et l'Empire Perse au septiéme siècle portaient le gigantesque héritage de plusieurs millénaires d'une précieuse création artistique économique et sociale.”( page 116). On peut donc à bon droit considérer que “la chute de Constantinople en 1453 fut une catastrophe majeure dans l'histoire de l'humanité qui anénatit l'un des plus grands foyers de civilisation terrestre” (pages 120).
La présence chrétienne qui remonte donc aux Apôtres est attestée dès la fin du deuxiéme siècle. La France s'enorgueillit du titre de “fille ainée de l'Eglise”. A ceci près qu'avant nous, il y eût le royaume d'Ourhai-Edesse, puis l'Arménie et l'Ethiopie.
En 226, le zoroastrisme devient religion d'Etat de l'empire parthe; les chrétiens seront persécutés dès 309 avec des périodes de rémission. En 410 le synode de Séleucie-Ctésiphon adhére au concile de Nicée, ce qui en fait objectivement des catholiques ce qui sera confirmé en 1553 au moment où le pape Jules III consacre le patriarche Jean Soulaqa évêque qui adopte alors le nom de Schimun VII qui sera mis en prison et assassiné par les Ottomans. Entretemps, le Khan Ghazan s'était converti à l'islam en 1295, et dans la deuxième partie du quatorzième siécle Timour Leng (Tamerlan) ravagera l'Azerbaidjan, l'Irak la Syrie et la Turquie …
En 1843 déjà un tiers de la populaiton chrétienne fut massacrée par des troupes turques et kurdes dirigées par le bey de Botan Badr Khan. Ces massacres seront relatés dans le Blue Book à Londres en 1869, et dénoncés par Georges Clemenceau soi même le 7 avril 1897 dans l'Echo de Paris. En 1908 le mouvement jeune-turc prend le pouvoir n'hésite pas à à faire appel à l'islamisme bien qu'il soit d'inspiration jacobine et laique. Le djihad a été proclamé le 12 novembre 1914 et il n'a rien d'une quête spirituelle. En 1915, la Turquie entre en guerre aux côtés des puissances centrales. Les Russes essuient une défaite; leur retrait est accompagné de l'exil de milliers d'Assyriens qui craignent pour leur vie. Le génocide des Arméniens débute. Les Ottomans et leurs alliés kurdes s'en prennent aux Assyriens et aux Chaldéens qui se trouvent à l'intérieur de la Turquie ; ils feront des centaines de milliers de victimes. Le pouvoir planifie la déportation en masse des chrétiens du Hakkari le chiffre évolue entre 800 000 et 1 500 000 personnes. En 1917, la révolution contraint les Russes à se retirer; les chrétiens tentent alors de se réfugier en Irak. Là encore, 50 000 d'entre eux disparaissent massacrés ou morts de faim.
Ensuite, au fur et à mesure de l'évolution des régimes vers plus ou moins de persécutions, les chrétiens seront ballotés d'Irak en Syrie sous mandat francais et enfin en Occident.
En conclusion, laissons la parole à un ancien président de la République turque: “Aujourd'hui, à l'exception d'Istanboul, il n'y a plus de minorités religieuses en Turquie” Turgut Ozal, La Croix, le 23 avril 1986.