Dans Monde & vie, le docteur Dickès évoque le problème de la liberté de conscience des médecins :
"La question de l’objection de conscience s’est cependant posée pour les médecins catholiques dès 1967, donc avant la légalisation de l’avortement en 1974, avec l’autorisation de la contraception orale (la pilule), à laquelle l’Eglise s’oppose. Les praticiens ont d’abord résisté, mais ils ont dû céder pour conserver leur clientèle. Les gynécologues catholiques se trouvèrent piégés les premiers et durent se résigner à prescrire la pilule, contre leur conscience. […]
La loi Aubry a réduit la liberté de conscience des généralistes opposés à l’avortement, en les obligeant à communiquer aux patientes qui veulent avorter les noms de praticiens avorteurs ou à les diriger vers le planning familial, ce qui les conduit à participer malgré eux à cette démarche mortifère. En revanche, la même loi Aubry interdit au médecin de tenter de dissuader sa cliente d’avorter, alors qu’il est par ailleurs tenu de lui expliquer les conséquences de cet acte… C’est la quadrature du cercle, car l’avortement provoque, chez une femme, une dépression ou de graves souffrances psychologiques, et l’en avertir revient déjà à la dissuader. Le cas de conscience est poussé encore plus loin avec le diagnostic prénatal. Le médecin qui décèle une éventuelle pathologie de la grossesse chez une patiente, ce qui est possible en mesurant simplement la hauteur de l’utérus, prescrira un examen radiologique et échographique. Si l’obstétricien confirme l’existence d’une pathologie, des prises de sang et une ponction du liquide amniotique seront effectuées. A défaut, les tribunaux pourront reprocher au praticien, comme dans l’arrêt Perruche, de n’avoir pas fait son travail et le condamner lourdement. Mais en prescrivant ces prises de sang et cette ponction, il a le sentiment de porter un arrêt de mort à la pointe de son stylo, puisque l’on sait que 96 % des trisomies dépistées, par exemple, aboutissent à un avortement tardif, qualifié naguère de « thérapeutique », aujourd’hui de « médical », autorisé par la loi Veil jusqu’à la veille de l’accouchement. Il existe d’autres cas où la liberté de conscience des médecins est mise à mal : ainsi, le renouvel lement des lois de bioéthique voté en troisième lecture par l’Assemblée nationale, le 21 juin 2011, reconnaît l’objection de conscience concernant les recherches sur les cellules souche embryonnaires et sur les cellules souche. Mais un certain nombre de vaccins, comme ceux contre la rubéole, l’hépatite A et la rage, sont développés sur des cellules souche embryonnaires, qui permettent de vérifier plus commodément s’ils sont dangereux pour l’homme. Le praticien qui s’oppose aux recherches sur l’embryon humain, autrement dit à sa destruction, prend le risque s’il refuse par exemple de vacciner une femme contre la rubéole, qu’en sortant de son cabinet elle ne contracte cette maladie et qu’elle mette au monde un enfant atteint d’une malformation cardiaque. Il en sera tenu pour responsable."