Suite de conte de Noël dont les précédents épisodes peuvent être lus ici et là.
Le secrétaire s’exécuta. Quelques minutes plus tard, une jeune étudiante décrochait en France :
– Allo, mademoiselle Faure ?
– Oui, je vous écoute.
– Ici le secrétaire du pape François. Le pape est à côté de moi, il veut vous parler par mon intermédiaire : je traduirai.
– Vous êtes sûr que vous ne me faites pas une blague ?
– Non, vous allez vous en rendre compte par vous-même. Le pape a une proposition à vous exposer. Je vous explique d’abord où nous en étions de nos réflexions.
Le secrétaire résuma la situation : le grand souci du pape de travailler efficacement pour la paix, la pensée de Mère Teresa, la recherche d’une personne idoine pour faire passer un message très fort en ce sens…
Malgré son aplomb habituel, Jeanne Faure était secouée par cette proposition tellement inattendue. Elle garda le silence quelques instants, mais finit par répondre : « Écoutez, je ne demande pas mieux que d’aller dans votre sens. Le combat pour la vie, c’est ma vocation. Mais je préfère vous dire, pour que vous ne l’appreniez pas ensuite, que je suis issue d’une famille plutôt… disons : “traditionaliste”. Je vais de préférence à la messe de saint Pie V. Bon, je crois que le pape n’aime pas beaucoup cette messe… »
Le secrétaire parlementa quelques minutes avec le pape, puis répondit :
– Le Saint-Père dit qu’il se rend compte de plus en plus qu’il a fait une bêtise en s’attaquant à la liturgie traditionnelle. On lui a fait signer le texte de Traditionis custodes à un moment où il était fatigué et malade. Il n’a pas bien pu lire le texte ni assez réfléchi à ses implications.
– Pour ma part, je pense que si la nouvelle liturgie est meilleure que la précédente, elle n’a pas besoin d’un diktat pour s’imposer. Nous sommes nombreux parmi les jeunes à apprécier l’ancienne liturgie à cause de son sens du sacré : elle est vraiment tournée vers Dieu. C’est pour moi un grand réconfort de rencontrer Dieu personnellement à la messe et je trouve que cette rencontre est plus forte dans la messe de saint Pie V. Le prêtre n’y fait pas d’ombre au Christ s’offrant sur l’autel. Il est tourné vers Dieu, avec nous et comme nous.
Le secrétaire parla à nouveau avec le pape, puis répondit :
– Le pape dit qu’il est fortement interpellé par ce que vous lui dites. Il va y réfléchir…
– Bien, Père, mais au fait, que désire de moi le Saint-Père ? Pourquoi m’appelez-vous ?
– Juste une minute, s’il vous plaît !
Le secrétaire s’entretint un bref instant avec le pape, puis il répondit à son interlocutrice. Ébahie de ce qu’elle entendait, Jeanne demanda un jour de réflexion pour consulter son conseil… Le lendemain, elle acceptait en posant quelques conditions. Le secrétaire du pape prévint alors les journalistes que quelque chose de très important se passerait bientôt à la messe de minuit. Des télévisions du monde entier se déplacèrent…
(à suivre…)