Une amie très chère du Salon beige, religieuse de son état, a eu la gentillesse de nous envoyer ce conte de Noël dont nous ne connaissons pas l’auteur (mais ce sera une belle occasion de prier pour un anonyme, la communion des saints se chargeant de transmettre nos prières à l’intéressé!) que nous allons publier en feuilleton d’ici la Nativité. En tout cas, ce conte touchant est une aussi belle occasion de prier le Prince de la vie pour la vie innocente si bafouée dans notre pauvre France apostate et de prier pour la paix – et pour la paix liturgique en particulier (vous comprendrez pourquoi dans les prochains épisodes, je ne voudrais pas “spoiler” l’histoire comme on dit de nos jours…).
Guillaume de Thieulloy
Le pape François était soucieux. Pour son secrétaire, qui le connaissait bien, c’était presque palpable. Quelque chose de plus lourd encore que le poids habituel d’un milliard et demi de catholiques à mener sur le chemin de la vie. Sur le chemin de la vie… et si possible au Ciel !
– Saint-Père, qu’est-ce qui vous pèse ainsi ? finit par demander le secrétaire.
– La guerre qui s’installe me préoccupe vraiment, répondit le pape. Va-t-elle s’étendre au monde ? Va-t-elle dégénérer en conflit nucléaire ? Comment puis-je devenir un instrument de paix ?
– Vous avez déjà essayé la diplomatie…
– Pour quel résultat ? L’Église ne dispose plus que d’une très faible audience et les moyens diplomatiques ne sont pas spécialement de son ressort. Les grandes puissances comme les États-Unis, ou la Russie surtout, sont beaucoup plus habiles que nous à ce jeu-là. Mais ces États ne recherchent pas forcément la paix. Si nous interférons avec leurs intérêts, même par maladresse, les conséquences peuvent être graves.
– C’est vrai… Un mot malheureux risque d’entraîner des persécutions sur les catholiques, comme Pie XII l’a expérimenté avec les nazis et les communistes.
Le pape restait songeur.
– Au fait, demanda-t-il, quel est le dernier saint qui a reçu le prix Nobel de la paix ? Ce serait peut-être une indication…
– Saint-Père, je crois que c’est sainte Mère Teresa, en 1979…
– Trouvez-moi son discours à la réception du prix. Mère Teresa était une personne intelligente. Elle a certainement su utiliser la tribune qui lui était offerte pour délivrer un message pertinent en faveur de la paix.
– Avec internet, trois secondes suffiront. Je tape : Mère Teresa prix Nobel… Et voilà ! Vous voulez que je vous lise ce que je trouve ?
– Oui.
– Tout d’abord, Mère Teresa avait fait distribuer à chaque place la prière de saint François d’Assise : « Seigneur, faites de moi un instrument de paix ! Là où est la haine, que je mette l’amour… »
– Et elle a fait réciter cette prière à cette assemblée d’incroyants ?
– Oui, Saint-Père, les saints ont toutes les audaces ! Puis, elle leur a assené le discours le plus audacieux qu’ils aient certainement jamais entendu de leur vie. Profitant que l’attention du monde se concentrait sur elle, Mère Teresa s’est prononcée avec véhémence : « Je suis convaincue que l’avortement, aujourd’hui, est le plus grand destructeur de la paix, car c’est bien un conflit ouvert, un assassinat personnalisé, où la mère tue son propre enfant. Beaucoup de personnes s’occupent d’enfants en Inde ou en Afrique, où ils meurent en grand nombre (peut-être de malnutrition ou de faim), mais il y a des millions d’enfants qui meurent par la volonté de leur mère, et ça, c’est le plus grand facteur destructeur de la paix. Car si une mère peut tuer son propre enfant, qu’est-ce qui peut empêcher de nous entretuer les uns les autres ? »
– C’étaient des paroles très fortes ! Est-ce qu’il y a eu des réactions ?
– Bien évidemment ! On raconte, par exemple, qu’un prêtre qui avait entendu le discours à la radio a fait à la sainte des reproches : « Par ces paroles, vous avez choqué beaucoup de femmes en Scandinavie. » Mère Teresa l’a regardé dans les yeux et lui a répondu doucement : « Père, Jésus a dit : “Je suis la vérité”, c’est votre devoir et le mien de dire la vérité. Après, c’est à l’autre qui vous écoute de décider s’il l’accepte ou la repousse. »
– Est-ce que Mère Teresa a parlé ailleurs de la défense de la vie ?
– Je recherche, Saint-Père : Mère Teresa, Avortement… Voilà ! Dans son discours aux Nations unies en 1985 : « Les œuvres d’amour commencent à la maison et les œuvres d’amour sont des œuvres de paix. Nous voulons tous la paix et nous avons peur de la bombe atomique, nous avons peur d’une nouvelle maladie… [On croirait qu’elle avait prévu la pandémie de la Covid !] Mais nous n’avons pas peur de tuer un enfant innocent, ce petit enfant innocent qui a été créé pour la même raison que nous : pour aimer Dieu et pour vous aimer et m’aimer. Quelle contradiction ! Aujourd’hui, je sens que l’avortement est devenu le plus grand destructeur de la paix. Nous avons peur des bombes atomiques parce qu’elles nous concernent, mais nous n’avons pas peur, les mères n’ont pas peur de commettre ce crime terrible. Et pourtant Dieu même en parle : « Quand bien même une mère pourrait oublier son enfant, moi je ne t’oublierais pas. Je t’ai écrit dans ma main, tu es précieux pour moi. Je t’aime. » Ce sont les propres paroles de Dieu pour vous, pour moi et pour le petit enfant à naître. Et donc, si nous voulons vraiment la paix avec un cœur sincère, prenons cette décision : ne permettons pas qu’un seul enfant dans nos pays, dans nos villes, puisse ne pas se sentir désiré, puisse ne pas se sentir aimé ou au contraire se sente mis au rebut de la société… »
– Oui, c’est terrible, cette culture du déchet ! Que dit encore Mère Teresa ?
– En février 1994, à Washington, à l’occasion du National Prayer Breakfast organisé par les deux chambres du Parlement américain, elle a voulu rappeler la dignité de l’enfant à naître : « Chacun, dit-elle, est un cadeau, créé à l’image de Dieu pour aimer et être aimé. » Mère Teresa ne voulait aucunement juger les femmes, qui sont souvent soumises à une énorme pression de la part de leur entourage : « Comment pouvons-nous convaincre une femme de ne pas avorter ?, demande-t-elle. Comme toujours, nous devons la convaincre avec amour et lui rappeler qu’aimer veut dire donner, jusqu’à ce que ça fasse mal. Jésus nous a même donné sa vie par amour pour nous. Ainsi, il faut aider la mère qui pense à un avortement à aimer… Le père de l’enfant également, quel qu’il soit, doit aussi donner jusqu’à ce que ça fasse mal. Chaque pays qui accepte l’avortement apprend à son peuple à ne pas aimer mais à avoir recours à la violence pour arriver à ses fins. C’est la raison pour laquelle l’avortement est le plus grand destructeur de l’amour et de la paix. »
(à suivre)
Vianney
C’est très beau, vivement la suite….
Chantal de Thoury
Oui !
christianlair
Que cela lui va bien de parler de persécution !!! Quelle maladresse que son attitude hostile envers la Tradition ! Qu’il s’inspire donc du superbe exemple que fut Mère Teresa …Ce serait de sa part faire preuve d’un peu d’amour chrétien !!! Mais c’est sans doute trop demander ?