Le Saint-Père a rencontré le Rabbin Sépharade Shlomo Amar et le Rabbin Ashkenaze Yona Metzger :
"Notre rencontre, aujourd’hui, est une occasion des plus appropriées de remercier le Tout-Puissant pour les nombreuses bénédictions qui ont accompagnées le dialogue conduit par la Commission bilatérale, et pour envisager avec confiance les prochaines sessions. La bonne volonté des délégués à discuter ouvertement et patiemment non seulement sur les points de convergence, mais aussi de désaccord, a déjà ouvert la voie à une collaboration plus effective dans la vie publique. Juifs et Chrétiens sont concernés de la même manière pour assurer le respect de la nature sacrée de la vie humaine, le caractère central de la famille, une éducation solide des jeunes, et la liberté de religion et de conscience dans une société saine. Ces thèmes de dialogue ne sont toutefois que les phases initiales de ce qui, nous le croyons, sera un cheminement continu et progressif vers une compréhension mutuelle plus grande.
Une indication du potentiel de ces rencontres peut être facilement aperçue à travers notre commune préoccupation face au relativisme moral et aux violations qu’il engendre contre la dignité de la personne humaine. En abordant les questions éthiques les plus urgentes de notre époque, nos deux communautés sont confrontées au défi d’engager les hommes de bonne volonté à se placer au niveau de la raison, tandis que simultanément, elles doivent mettre en évidence les fondements religieux qui soutiennent le mieux les valeurs morales ultimes. Puisse le dialogue qui a commencé, continuer à susciter des idées sur la manière dont les Chrétiens et les Juifs peuvent travailler afin que grandisse l’estime de la société envers la contribution remarquable de nos traditions religieuses et éthiques. Ici, en Israël, étant donné que les Chrétiens ne constituent seulement qu’une petite portion de la population totale, ils attachent une valeur particulière aux occasions de dialogue avec leurs voisins juifs.
La confiance est sans aucun doute un élément essentiel du dialogue véritable. Aujourd’hui, m’est offerte la possibilité de répéter que l’Église catholique est engagée de façon irrévocable sur le chemin choisi par le Concile Vatican II en faveur d’une réconciliation authentique et durable entre les Chrétiens et les Juifs. Comme Nostra Aetate le dit clairement, l’Église continue de valoriser le patrimoine commun aux Chrétiens et aux Juifs et désire une compréhension mutuelle et un respect toujours plus profonds à travers les études bibliques et théologiques comme à travers les dialogues fraternels. Puissent les sept rencontres des Commissions bilatérales qui se sont déjà tenues entre le Saint-Siège et le Grand Rabbinat en être une preuve !"
rheracles
Malheureusement chacun peut comprendre ce texte comme il veut…
“assurer la liberté de religion et de conscience”
mais:
“préoccupation face au relativisme moral”
Et l’Eglise catholique n’a pas attendu Vatican II pour être en faveur de la réconciliation de tous les hommes.
[La preuve que non justement. Le Pape n’est pas homme à se contredire. Cela signifierait-il que votre conception de la liberté de conscience soit erronée ? Pourtant l’Eglise dit bien qu’il n’y a pas de liberté sans vérité. La liberté de conscience ce ne peut être le droit à l’erreur puisque l’erreur nous rend esclave.
MJ]
rheracles
Pour le pape oui, pour vous et pour moi oui, mais hélas pour 90% des gens, non…
Et c’est toujours le problème gluant d’ “interprétation” et de “réception” des textes.
Plus que jamais les hommes ont besoin de mots et de paroles claires et directes, j’allais dire ininterprétables.
lulo
M. Janva parle-t-il bien de la liberté de conscience au for interne?
Varennes
Le problème que rencontrent les simples laïcs (comme moi), c’est de comprendre le Saint Père qui parle tantôt en pasteur, tantôt en philosophe, tantôt en diplomate.
En effet, en première lecture, il semble que le “dialogue” proné par Benoît XVI soit exempt de tout prosélytisme: en d’autres termes, on devrait converger avec les Juifs pour défendre les valeurs de la famille et de la vie, et… c’est tout.
L’Eglise s’est elle trompée pendant les 2000 précédentes années en voulant convertir les juifs?
La lecture du discours de Benoît XVI le sous entend (“l’Église catholique est engagée de façon irrévocable sur le chemin choisi par le Concile Vatican II en faveur d’une réconciliation authentique et durable entre les Chrétiens et les Juifs”). D’ailleurs, la réaction (positive) des participants juifs est cohérente avec cette interprétation.
Comme d’autres catholique, je suis désorienté par ces revirements.
Mingdi
“Un cheminement continu et progressif vers une compréhension mutuelle plus grande”, n’est-ce pas, d’une certaine manière, un processus de conversion? Et comme les juifs ne cherchent pas à nous convertir, il n’y a pas besoin de s’appeler Hegel pour comprendre qu’ils risquent de tomber dans les filets dialectiques de Benoît XVI. Je viens de relire Nostra Aetate : cinq pages au total, dont deux sur les juifs. Rien sur leur conversion, sauf peut-être : “l’Eglise attend le jour, connu de Dieu seul, où tous les peuples invoqueront le Seigneur d’une seule voix et le serviront sous un même joug”. Cela concerne tous les peuples mais est inclus dans le §4, “la religion juive”.