De Michel de Jaeghere, dans le dernier numéro du Figaro Hors-série, consacré à Benoît XVI :
"« Depuis le début, Rome est aussi le lieu du martyre. » Commentant, le 8
février, à trois jours de l’annonce de sa renonciation, la première
Epître de saint Pierre au cours d’une lectio divina improvisée devant
ses séminaristes, Benoît XVI a, spontanément, souligné ce trait : en
gagnant la capitale de l’empire, le prince des apôtres savait qu’il
allait aussi vers la crucifixion que lui avait prophétisée le Christ («
Quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et
te mènera où tu ne voudrais pas. » Jn 21,18). « En se rendant à Rome,
Pierre accepte de nouveau cette parole du Seigneur : il va vers la Croix
et il nous invite à accepter, nous aussi, l’aspect martyrologique du
christianisme. »Tandis que le monde s’apprêtait à bruisser des rumeurs sur les jeux de
pouvoir qui ne manqueraient pas de marquer le conclave, à parier sur les
chances des papabili comme sur une excitante course de lévriers,
spéculer sur le nombre des Italiens, le poids des conservateurs, les
attentes des libéraux et la nécessaire ouverture au tiers-monde, le pape
livrait la plus poignante des clés pour comprendre dans quel état
d’esprit il avait lui-même accepté, en avril 2005, son élection au trône
de Pierre.Il savait ce qui l’attendait : présidant, quelques jours plus tôt, au
nom de Jean-Paul II, empêché, le chemin de Croix du vendredi saint au
Colisée, il avait dénoncé les « souillures » dont le sacerdoce était
affecté, la sécularisation qui avait converti l’Europe chrétienne à un «
paganisme » étranger à toute idée de Rédemption, la banalisation du
mal, la marchandisation de tout.Devenu pape, les épreuves ne lui auront, de fait, pas manqué. Benoît
XVI aura été, tout au long de son pontificat, un signe de contradiction.
Sali par la révélation de scandales qu’il avait pris sur lui de faire
cesser. Fustigé pour avoir prôné, contre la tyrannie du désir, une
morale jugée intransigeante. Incompris dans ses tentatives de restaurer
la transcendance dans le culte divin. Condamné pour avoir tenté de faire
prévaloir l’alliance de la foi avec la raison dans un univers livré à
la réduction médiatique de l’information. Trahi par un entourage
gangrené par les rivalités et l’appétit de pouvoir.
Sans doute sa démission lui a-t-elle permis de trouver, un instant,
grâce aux yeux du monde. On a salué l’acte révolutionnaire par lequel,
avouant une fragilité tout humaine, il aurait fait entrer, enfin, la
modernité dans le fonctionnement de l’Eglise en dépouillant la monarchie
pontificale sa dérangeante sacralité. « Il a osé ! » s’est-on écrié,
comme si Benoît XVI avait changé, par là, l’Eglise, transformé la nature
de la papauté (certains s’aventurant même à prétendre que le pape avait
renoncé, ce faisant, au dogme de l’infaillibilité !). C’était commettre
un nouveau contresens.D’abord parce que la papauté relève, dans l’Eglise, du pouvoir de
juridiction, et non du pouvoir d’ordre. Par le sacre épiscopal, l’évêque
y reçoit un sacrement : la plénitude du sacerdoce. Il est indélébile,
marquant l’âme pour l’éternité. La papauté est d’un autre ordre : c’est
la mission canonique reçue de l’Eglise. Elle donne à l’évêque de Rome
une juridiction universelle pour gouverner le peuple de Dieu et «
confirmer ses frères dans la foi », en jouissant, dans les cas où il
s’exprime sur la foi ou les mœurs depuis la chaire de Pierre avec
l’intention d’obliger, d’une assistance de l’Esprit saint qui lui
garantit le charisme de l’infaillibilité. Le droit canon prévoit
expressément que cette juridiction s’achève avec la mort du pontife, ou
sa renonciation. Celle-ci n’affecte donc en rien la définition de sa
fonction. […]"
Tonio
“certains s’aventurant même à prétendre que le pape avait renoncé, ce faisant, au dogme de l’infaillibilité”
Où Franz Olivier Giesbert est gentiment taclé…
Soleo23
Il est dit qu’un homme porte son âme sur son visage.
Il n’est que de regarder celui de Benoit XVI pour être conquis. Pour ressentir toute la grandeur de sa pensée, l’intelligence, la générosité, la foi qui l’illumine, la vérité qui l’habite.
Quelle profondeur ! Quel amour porté à l’homme ! Eblouissant d’humilité et de lumière ! Pénétrant l’âme honnête qui, simplement en le regardant, se confie ainsi à lui.
Un simple regard porté sur ce visage, et c’était déjà une prière qui s’adressait à Dieu, un hommage, un témoignage de reconnaissance pour nous l’avoir confié pendant quelques temps. Les Jeunes à l’âme pure, des JMJ, ne s’y trompait pas. Littéralement en transes, ils l’ovationnaient, et cela tenait du miracle.
Béni soit notre Saint Père ! Que son image continue à resplendir en nous ! Bonté, Pardon, Miséricorde nous étaient octroyés.
Deo Gratias.