Jeanne Smits s'est penchée sur l'étude de 3 médecins néerlandais concernant la sédation palliative :
"Cela fait plusieurs années que la « palliation sédative » ou la « sédation profonde continue » me semble être une sorte d’échappatoire pour les partisans de l’euthanasie, permettant de contourner l’interdit ou d’éviter l’acte d’euthanasie là où il est légal par une mise à mort lente. Cela est aujourd’hui plus ou moins assumé, plus ou moins dénoncé par voie médiatique.
Rappelons que la sédation palliative consiste à placer le patient dans un coma profond et de le priver d’alimentation et d’hydratation. Elle peut avoir pour objectif de soulager la souffrance ou l’angoisse extrême alors que la mort est imminente et que la fourniture d’aliments ou de liquides devient elle-même source de souffrances, auquel cas elle ne présente aucune intention homicide et constitue une forme légitime de soins palliatifs. Elle peut aussi avoir pour objectif d’écourter la vie, et dès lors c’est la privation de nourriture et de liquides qui provoque la mort à plus ou moins brève échéance – de quelques jours à deux semaines. […]
Aujourd’hui, 12 % des décès aux Pays-Bas se passent dans le cadre de (ou par suite de…) la sédation palliative. Chiffre énorme en vérité si l’on considère qu’en 2003, le procureur général des Pays-Bas avait soutenu que la mort d’un patient sous sédation palliative, mort du fait du retrait de l’hydratation, était la conséquence d’un « homicide volontaire » – la cour n’avait pas suivi.
Devant les questions soulevées la KNMG [l’association royale néerlandaise médicale] a publié des directives en 2005, mises à jour en 2009. Elles définissent la sédation palliative comme constituée par l’utilisation, au cours des deux dernières semaines de vie, de médicaments induisant un état d’inconscience profonde chez les patients présentant des « symptômes réfractaires », et le retrait simultané de l’alimentation et de l’hydratation. Les directives affirment principalement que la sédation palliative n’est pas l’euthanasie, pas même une « euthanasie lente » et qu’il s’agit d’une « pratique médicale normale ». Fournir des liquides au patient sous sédation palliative est considéré comme « médicalement futile ».
Pour les auteurs de l’article du [Journal of Medical Ethics], cette approche passe à côté de quelques problèmes importants et présente des incohérences. Je les reprends tels que rapportés par Michael Cook, de BioEdge.
- Comment les médecins peuvent-ils avoir une certitude quant à l’espérance de vie de « deux semaines » du patient ? Le président d’un comité de suivi régional de l’euthanasie a même déclaré en 2007 qu’il n’est pas « professionnel » d’« endormir une personne ayant une longue espérance de vie et de cesser de le nourrir et de l’hydrater ; ce n’est jamais qu’une euthanasie par un autre moyen, car sans nourriture et sans fluides tout le monde meurt au bout d’une semaine. »
- Les directives considèrent la sédation palliative à la fois comme une « procédure médicale radicale » et comme une « pratique médicale normale ». Comment peut-elle être les deux à la fois ?
- Dans la mesure où il s’agit d’une « pratique médicale normale » – ce que l’euthanasie n’est pas – son objectif doit être de soulager la souffrance, et non pas de mettre fin à la vie. Or une enquête de 2004 permet d’établir que dans 17 % des cas, les médecins l’avaient utilisé pour faire cesser la vie.
- Parce qu’elle la considère comme un « acte médical normal », la KNMG affirme que le médecin n’est pas tenu de consulter un collègue avant de la mettre en place – et de fait la plupart des médecins ne le font pas. L’Association européenne pour les soins palliatifs et l’American Medical Association l’exigent, en revanche. […]"
Sancenay
pourquoi tourner autour du pot ? c’est seulement une variante de l’euthanasie illustré par le célèbre cas d’Eluana.