Louis-Marie Bonneau, chercheur associé à l’European Center for Law and Justice, écrit dans Valeurs Actuelles :
Le Programme de reproduction humaine (HRP) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a été créé en 1970 dans le but d’améliorer la santé par la réduction démographique. Entre 1970 et 2022, le HRP a bénéficié de près de 1 milliard de dollars de contributions. En 2019, la fondation Susan Thompson Buffett lui a versé 25 millions de dollars, soit près de 62 % des recettes de cette année. Cette fondation a également fait une promesse de subvention de 75 millions de dollars, portant son engagement à 100 millions de dollars, soit près de 10 % de tous les revenus du programme depuis sa création.
En 2020, le directeur du HRP a remercié la fondation Susan Thompson Buffett pour son soutien généreux « aux programmes visant à réduire la mortalité maternelle et les avortements pratiqués dans des conditions dangereuses au niveau national ». En 2022, le HRP publiait de nouvelles lignes directrices consolidées sur l’avortement. Ce document promeut une libéralisation complète de l’avortement sans précédent dans le monde : il recommande, entre autres, la légalisation de l’avortement à la demande et sans condition jusqu’au terme de la grossesse (pages 24 et 28), la réduction de la liberté de conscience des professions médicales (pages 41 et suivantes) et de ne pas informer les parents en cas d’avortement pratiqué sur leur fille mineure (page 43). Or, ce document a été rédigé par des individus connus pour leur militantisme et par de grandes organisations privées et internationales dévouées à la promotion de l’avortement dans le monde.
Bien que Warren Buffett reste très discret sur ses convictions ainsi que sur la manière dont certaines organisations bénéficient du soutien financier de sa fondation, il n’en demeure pas moins qu’il travaille à contrôler la démographie, surtout au travers d’organisations pro-avortement. D’après son biographe, Roger Lowenstein, Warren Buffett aurait une « crainte malthusienne que la surpopulation aggraverait certains problèmes comme la nourriture, la recherche de logement et même la survie de la race humaine ». Dans la même logique, l’OMS a considéré très tôt qu’une population en bonne santé impliquait une réduction de la démographie. Un discours a alors été proposé mettant en avant la contraception et l’avortement au nom du droit à la santé des individus. En parallèle, un travail a été mené par différents États et groupes de pression pour que cela devienne des normes des droits de l’homme au point où l’“avortement” est devenu synonyme de “santé des femmes” et de “droits sexuels et reproductifs”. Si le rôle de l’OMS est bien d’œuvrer pour la santé, ici, le but premier recherché est bien la réduction démographique, en particulier des groupes sociaux les plus défavorisés.
En mai 2009, comme le Guardian le rapportait, Warren Buffett, avait participé à une réunion du Good Club. Malgré une forte opacité, le Wall Street Journal avait décrit cette réunion en intitulant un article à ce sujet « Billionaires try to shrink world’s population » (“Les milliardaires tentent de réduire la population mondiale”). Un autre média en rendant compte a mis en lumière le consensus qui y a émergé autour d’une stratégie à élaborer afin de lutter contre la croissance de la population mondiale, vue comme une menace environnementale, sociale et industrielle. Même si Warren Buffett ne prend pas publiquement position sur la question démographique, ses diverses œuvres parlent pour elles-mêmes. En effet, la Susan Thompson Buffett Foundation a versé des sommes colossales à des organisations connues pour pratiquer des avortements. Ainsi, jusqu’en 2012, elle a versé 367 millions de dollars à divers organismes afin de participer à des programmes menant des actions de contrôle de la population mondiale. Par exemple, 2 millions de dollars ont été accordés afin de financer des essais cliniques de la mifépristone (un abortif) et l’Ipas a obtenu 20 millions de dollars pour lui permettre de doubler ses achats d’instruments d’avortement. Family Health International a également touché 2 millions de dollars pour l’augmentation de l’usage de l’hydrochlorure de quinacrine pour la stérilisation des femmes. La fondation Buffett a également versé 16 millions de dollars à DKT International pour favoriser l’accès à l’avortement en Inde, en Éthiopie et au Mozambique.
L’OMS a créé le Programme de reproduction humaine (HRP) pour répondre à une demande des Nations unies visant à améliorer la santé et la prospérité via un objectif de réduction de la population mondiale, objectif qui fut en particulier porté par un petit nombre de pays et d’acteurs privés. Ainsi, depuis sa création, le HRP a été financé principalement par des contributions volontaires provenant de quelques États et fondations privées. Entre 1970 et 1972, le Programme a débuté ses activités grâce au soutien financier d’agences gouvernementales suédoise, canadienne, norvégienne et de la fondation Ford, pour près de 4,45 millions de dollars. Entre 1970 et 1999, le Programme avait reçu les contributions d’États (dont les trois pays scandinaves), d’agences de l’Onu et de fondations privées[1] pour près de 447 millions de dollars.
Alors qu’au début des années 2000, le Programme commençait à rencontrer des difficultés financières, il avait pu retrouver une stabilité grâce aux contributions des Pays-Bas, de la Norvège, de la Suède, du Royaume-Uni et des fondations David et Lucile Packard, Ford ainsi que William et Flora Hewlett. Or, les onze principaux contributeurs étatiques obtiennent un siège au sein du PCC (le Policy and Coordination Committee, Comité d’orientation et de coordination), l’organe directeur du HRP, leur permettant d’y avoir un poids politique. L’International Planned Parenthood Federation (IPPF) siège également, de jure, au PCC. Ainsi, le programme est orienté par un nombre restreint d’acteurs vers un néomalthusianisme social promu par les pays du Nord encourageant une régulation plus forte des populations les plus pauvres dans les pays du sud. L’implication particulière des pays scandinaves et anglo-saxons, ainsi que la participation des fondations Ford, Rockefeller, MacArthur, Packard, Hewlett, Buffett et Gates n’est en effet pas neutre. Les dirigeants de ces grandes fondations ont à plusieurs occasions affirmé leur volonté de contrôler la démographie afin de stabiliser ou réduire la population humaine, par exemple au sein du Good Club.
Ainsi, les investissements massifs de Warren Buffett au sein du HRP démontrent son intérêt pour ce programme de réduction démographique vulnérable aux phénomènes de privatisation. En effet, le travail du HRP s’ancre dans une volonté de contrôle de la démographie au nom et sous couvert du droit à la santé. Les principaux contributeurs étatiques et privés, comme Buffett, contribuent à orienter son action pour agir sur la démographie. Le HRP agit alors en développant les abortifs et les contraceptifs utilisés aujourd’hui, ainsi qu’en diffusant un discours basé sur les droits de l’homme pour les faire accepter et les banaliser.
[1] Les vingt plus généreux contributeurs du HRP étaient, dans l’ordre d’importance, la Suède, le Royaume-Uni, le Fonds des Nations unies pour la population, la Norvège, le Danemark, la Banque mondiale, les États-Unis, l’Allemagne, l’OMS, le Canada, les Pays-Bas, l’Australie, la fondation Rockefeller, la Finlande, la Suisse, la fondation Bill et Melinda Gates, le Programme des Nations unies pour le développement et la fondation Ford. Les montants de leurs contributions s’étalaient de 96 millions de dollars à 1000 dollars.
C.B.
Mais s’il éradiquent les populations pauvres, qui viendra faire leur ménage et assurer la propreté de leurs rues? (;-)
Adalbert
Tuer des êtres humains pour assurer la survie de l’humanité, il fallait y penser… Cela relevé, il est intéressant de noter que l’eugénisme et le malthusianisme ont leur origine dans les civilisations protestantes, nordique, germanique ou anglo-saxonne, dès le XIXe siècle. Il me semble que des auteurs ont étudié ce terreau anthropologique particulier et ses conséquences sur ces épouvantables idéologies.