Logique économique…
La Commission québécoise sur les soins de fin de vie a publié son rapport annuel d’activités pour l’année 2024-2025. Avec une nouvelle augmentation de 9% par rapport à la période précédente, les euthanasies représentent désormais 7,9% des décès constatés au Québec.
Et une nouvelle loi risque de compromettre un peu plus l’accès aux soins palliatifs.
Au Québec, les médecins en soins palliatifs s’opposent vivement à la nouvelle « Loi visant principalement à instaurer la responsabilité collective et l’imputabilité des médecins quant à l’amélioration des accès aux services médicaux ». Le volet sur la rémunération des médecins en particulier laisse craindre une fragilisation accrue des patients en fin de vie. Ces inquiétudes surviennent dans un contexte déjà critique. Le 30 octobre, la Commission sur les soins de fin de vie a rendu public son rapport annuel d’activités pour l’année 2024-2025. Elle y révèle, une fois encore, un manque de données sur l’accès aux soins palliatifs dans une province qui bat des records mondiaux de recours à l’euthanasie.
Le projet de loi 106 déposé en mai 2025 par le ministre de la Santé Christian Dubé a notamment pour objectif d’atteindre le chiffre de 16,5 millions de rendez-vous disponibles par an et réduire la durée d’attente avant une opération de chirurgie. Pour cela, il entend réformer du mode de rémunération des médecins, en exigeant que 15% de leur rémunération soient liés à des « objectifs de performance ». Ce nouveau mode de rémunération entrera en vigueur le 1er avril 2026. Après des négociations infructueuses avec l’opposition et les représentants des syndicats de médecins, le texte est devenu une « loi spéciale » adoptée « sous bâillon » le 25 octobre 2025. Le gouvernement a eu recours à une procédure parlementaire d’exception pour limiter le temps de débat et forcer une adoption rapide du texte.
En effet, l’opposition est virulente : selon la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), les insuffisances dans l’accès aux soins sont à imputer à un manque de moyens matériels. Il est injuste que la loi impose aux médecins de travailler davantage sans allouer de ressources supplémentaires aux hôpitaux. Le Dr Nacim Kerouch, médecin de famille dans un quartier populaire de Montréal, détaille les conséquences de cette nouvelle loi sur sa pratique : il ne passera en moyenne que 10 minutes avec chaque patient, au lieu de 30 minutes comme c’est le cas jusqu’à présent.
La nouvelle loi inquiète tout particulièrement le Dr Mathieu Létourneau, qui a orienté sa pratique vers les soins palliatifs à domicile.
« On ne pourra plus avoir une pratique où il y a de l’humanité, le temps de bien faire les choses ». « Mourir dans la dignité, ça ne se fait pas avec un médecin qui fait ça à toute vitesse ».
Une partie de sa pratique est dédiée à « une quarantaine de patients fragiles et souvent confinés à leur domicile pour cause de maladie ou de mobilité réduite ». Un suivi régulier et attentif de ces personnes exige du temps.
Le médecin explique que la réforme sur la rémunération des médecins l’oblige à renoncer à la pratique des soins palliatifs.
Source : Gènéthique
