Fabrice Sorlin évoque le renouveau de la Russie dans L'Action Française 2000 :
"[…] Renouant avec l’héritage chrétien orthodoxe, qui irrigue la culture et la vie russes depuis plus d’un millénaire, et avec un patriotisme ardent, ce pays s’est redressé d’une manière vertigineuse. La foi et la spiritualité sont désormais des valeurs incarnées dans l’ensemble de la société russe, et l’Église orthodoxe a retrouvé sa place comme institution de l’État, qui ne nourrit à ce sujet aucun complexe vis-à-vis d’une laïcité parfaitement maîtrisée. Forte de son patriotisme et de l’attachement aux valeurs ancestrales qui ont fait sa force, la Russie a aussi renoué avec son rang de grande puissance économique. Alors qu’à la fin des années 1990 le pays était ruiné et son économie sinistrée, la Russie de 2014 est devenue la huitième puissance économique mondiale en terme de produit intérieur brut (PIB) et sixième en terme de PIB en parité de pouvoir d’achat. Bénéficiant de ressources naturelles dans tous les secteurs économiques (hydrocarbures, or, diamants, minerais divers), elle a complètement rénové son patrimoine industriel, vétuste et obsolète à la chute de l’ URSS. Celui-ci concurrence désormais l’ Occident dans divers secteurs clés, tels que l’armement, la sidérurgie, l’industrie chimique ou pétrolière.
Les grandes firmes d’armement russes concurrencent désormais les groupes français. Par ailleurs, la Russie a réussi la modernisation de son économie, en ouvrant largement son système économique à la sphère privée, tout en subordonnant les intérêts privés à l’intérêt supérieur de cette nation. Ainsi les oligarques ont-ils été incités à mettre en adéquation leurs intérêts avec ceux de leur pays. L’aboutissement de ce processus a eu lieu en décembre dernier, lorsque l’homme le plus riche de Russie, Alicher Ousmanov, a rapatrié l’intégralité de ses fonds placés à l’étranger afin de soutenir le cours du rouble.
Une telle puissance économique, forte d’une population de cent quarante-six millions d’habitants et d’un taux d’alphabétisation voisinant avec les 100 %, fait de la Russie un partenaire incontournable pour l’Europe. Dans ce contexte, les sanctions internationales prises à l’encontre de Moscou, sur initiative américaine, constituent un handicap qui nuit à l’économie de l’ensemble des États européens. La France, par son comportement lors du reniement de sa signature sur le contrat des porte-hélicoptères de classe Mistral, dans le but de complaire aux néo-conservateurs de Washington, a fini de perdre son prestige ainsi que son statut de grande puissance européenne indépendante.
Charles Maurras disait : « Tout désespoir en politique est une sottise absolue. » La Russie, par son redressement vertigineux, devra nous faire réfléchir quant aux pistes à explorer et aux solutions à apporter au redressement de notre pays, plongé depuis maintenant plus d’un demi-siècle dans un abîme sans fond. Un pays comme la Russie, qui partage avec nous une même culture, une même religion chrétienne, et qui, de plus, poursuit aujourd’hui un modèle civilisationnel qui fut aussi le nôtre pendant près de mille cinq cents ans, cherche à établir de bons rapports avec la France et les Français. N’est-ce pas le moment de travailler, chacun à notre niveau, pour saisir cette opportunité ?"