Le soir du 9 novembre
Par Michel Janva
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France Fougère
Le jour du 9 novembre fut pour notre famille un jour de grande tristesse : le Général de Gaulle était décédé.
Nous avons eu le bonheur de vivre de belles années à une quinzaine de kilomètres de Colombey les deux Églises. Chaque dimanche et les Fêtes, Nativité, Pâques, nous allions à la messe dans la petite église de Colombey les deux Eglises, emmenant famille et amis, pour accompagner le Général dans sa “traversée du désert “. Ainsi, petite fille, j’ai eu le privilège de voir le Général dans ces circonstances, et je l ‘admirais profondément. Il y eut ce dimanche où je l’observais si fort qu’il s’ est retourné et m’a souri légèrement, malicieusement. Puis ce fut son retour et les courtisans ont afflué… le Général et sa famille sont allés à la messe ailleurs. A l’Élysée, il avait fait aménager une chapelle. On ne sait ce qu’elle est devenue, si les Présidents ensuite l’ont préservée.
Des amis de Bar sur Aube m ‘ont confié- j’avais rejoint Paris – que Madame de Gaulle et le Général avaient invité leurs fournisseurs de Bar sur Aube à passer un après-midi à l’Élysée, avec visite et goûter. Il y avait Madame Cudel, couturière très appréciée car Madame de Gaulle ne s’habillait pas seulement chez Jacques Heim, les libraires Delestre, les épiciers, le boulanger qui faisait de si bonnes brioches aux fruits confits ! Evidemment, rien n’a coûté aux contribuables.
Le Général était fort accessible à la Boisserie, et les habitants pouvaient venir le trouver. C’est ainsi que la réforme judiciaire voulue par celui qu’on appelait le “révérend père Debre” a été modifiée.
J’ai vu la grandeur et la simplicité en action, et j’en garde la nostalgie.
Il ne fallait pas tirer sur Madame de Gaulle dans leur voiture : le Général était très protecteur vis-à-vis de sa femme.
Jamais je ne suis retournée à Colombey les deux églises, préférant garder intacts mes très purs souvenirs d’enfance, la messe de Minuit et le village enfoui dans la neige.