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Culture

Le soutien des anglo-américains aux Allemands durant l’entre deux guerres

Le soutien des anglo-américains aux Allemands durant l’entre deux guerres

Le Point évoque le livre Nous étions seuls de l’ancien diplomate Gérard Araud sur les conséquences du traité de Versailles, qu’il considère non pas comme un diktat mais comme « le seul texte qu’il est possible d’agréer après le carnage ». Gérard Araud fut ambassadeur en Israël (2003-2006), représentant permanent de la France au Conseil de sécurité et auprès des Nations unies à New York (2009-2014) puis ambassadeur de France aux États-Unis (2014-2019) où il se fit remarquer par son hostilité publique à Donald Trump, comme au Brexit et à Marine Le Pen. Homosexuel revendiqué, il fut conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle de 2017.

Selon lui, l’Allemagne n’a pas été écrasée par ses vainqueurs, au contraire. Dans les vingt ans qui ont suivi, elle est parvenue à imposer son hégémonie sur l’Europe centrale et orientale, « sans tirer un coup de fusil ».

« Si Hitler était mort en 1939, il aurait été exalté – au-delà même de Bismarck – comme le plus grand Allemand de l’histoire récente, son antisémitisme étant probablement signalé en fin de chapitre comme un aspect déplaisant du personnage à une époque où ce préjugé est largement partagé. »

L’auteur souligne qu’en 1919, le pays d’Europe isolé et dénigré est la France.

En cause, la francophobie des dirigeants anglais, influencés par l’un des génies du XXe siècle, John Maynard Keynes. Son essai Les Conséquences économiques de la paix dénonce la prétendue paix carthaginoise imposée par Paris et met en garde contre un effondrement de l’Allemagne. Peu importe que ses prévisions soient fausses : l’oeuvre de l’économiste, à qui Araud prête une relation amoureuse avec un membre de la délégation allemande, est un succès mondial. « La réputation du traité de Versailles ne s’en est jamais relevée », observe l’auteur. La démonstration brillante mais erronée de Keynes éclipse celle d’un autre Britannique malheureusement oublié, le diplomate Robert Gilbert Vansittart, qui dirigea le Foreign Office dans les années 1930. Selon Gérard Araud, on lui doit la vision la plus lucide sur la diplomatie britannique de l’entre-deux-guerres. « Pendant vingt ans, nous avons pris les Français pour des Allemands et les Allemands pour des Français. »

L’Amérique se montre même plus intransigeante sur le règlement des dettes interalliées que sur le paiement des réparations allemandes.

Le diplomate rappelle un axiome des relations internationales : il n’y a pas de politique étrangère sans un horizon de recours à la force. Et il ajoute une mise en garde qu’il tient de Jacques Chirac lors de la reprise des essais nucléaires par la France, en 1995 : lorsque le danger vient, on est souvent seul.

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1 commentaire

  1. j’ai lu “Les Conséquences économiques de la paix”, associé aux “conséquences politiques de la paix”, de Bainville, eh bien, le premier n’est que suppositions, alors que l’on pense que le 2ème est écrit en1940, tellement prémonitoire ! mais les Britaniques ont commencé par s’approprier la flotte allemandes, après ses colonies, et après, débrouillez-vous! c’est à la France le sale boulot, l’occupation de la Rhur, la militarisation de la rive gauche, et la suite, avec, in fine, la protection militaire des Belges et Hollandais (peu de soldats britanniques, comme chacun sait)

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