Extraits d'une tribune d'Alex et Maud Lauriot Prevost, délégués épiscopaux à la Nouvelle Évangélisation, parue sur le blog de l'Homme nouveau :
"Le Pape a clairement identifié un écueil majeur qui entrave l’ambition évangélisatrice à l’échelle universelle et c’est une des raisons majeures qui l’a poussé à convoquer ce Synode. Il relève en effet, que les « positions » de l’Église se rapportant au couple, à la sexualité ou à la famille, telles qu’elles sont perçues, sont très souvent ignorées ou refusées, stigmatisées ou caricaturées. (…)
C’est pourquoi, il nous apparaît opportun de souligner ici avec beaucoup d’insistance la nécessité que le Synode – certes, rappelle la vérité révélée, le dogme et les conséquences morales de ce dessein merveilleux – mais surtout qu’il mette en évidence la puissante attractivité missionnaire et le pouvoir libérateur de l’évangile du couple et de la famille, de l’évangile de la sexualité et du corps, développé de manière si lumineuse par saint Jean-Paul II. (…) Cet évangile de l’amour humain rejoint en effet des aspirations existentielles les plus fortes, qui sont universelles, (…) : chaque homme, chaque femme, chaque couple, est comme « génétiquement » marqué à jamais par ce dessein créateur d’être à l’image et à la ressemblance d’un Dieu d’amour, de joie et de communion. Là est la source et le modèle du couple, de son amour conjugal, de sa joie, de sa fécondité et de sa paix, mais là aussi est sa quête centrale, sa soif inextinguible : « Donne-moi à boire que je n’aie plus soif ! » dit à Jésus la Samaritaine qui a déjà eu cinq hommes dans sa vie et dont le sixième ne semble pas non plus la combler… Méconnaître ou se couper de cette source assèche la vie conjugale ; la (re)trouver et y puiser en vérité dilate cette « génétique » conjugale pourrait-on dire ; elle guérit et elle unifie notre conjugalité si blessée et malade. Évangéliser, c’est avant tout conduire à cette source, témoigner qu’elle est effective et accessible à tous, qu’elle procure d’immenses bénéfices pour le couple, et par conséquent, pour la famille.
À la suite des apôtres, il nous semble indispensable qu’à l’occasion de ce synode, l’Église réponde avec force et pertinence aux foules contemporaines qui – en matière conjugale, sexuelle, familiale – crient « J’ai soif, donne-moi à boire ! ». Nous prions donc pour que l'Église parle comme saint Paul « sans crainte, avec force et assurance » pour témoigner à tous avec clarté : qu’elle nomme tout autant les écueils et les mirages trompeurs du monde moderne en matière d’amour, de mariage et de sexualité, que le magnifique chemin de bénédiction, de guérison, de libération et de conversion de l’Eros proposé par le Christ. Il conduit ainsi chacun « vers la béatitude à laquelle tend tout notre être » (Benoît XVI), afin que vivent et grandissent – malgré les inévitables aléas et les nombreuses limites de tous les conjoints – des couples durables, des familles durables, une sexualité belle et durable au sein du mariage. (…)
À cette fin, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre qu’à l’issue de ce synode et en raison de son contenu, notre Pape François va sans aucun doute engager une mobilisation missionnaire sans précédent des couples chrétiens eux-mêmes : « Le mariage est appelé à être non seulement objet, mais sujet de la Nouvelle Évangélisation » affirmait Benoît XVI à l’ouverture du dernier synode. Certes le mariage est à évangéliser, mais pour mener cette mission si urgente, les couples, qui ont fondé leur vie sur le Christ, sont appelés à devenir eux-mêmes les premiers évangélisateurs de la famille ; ils ont reçu toutes les grâces pour cela, puisqu’en raison même de leur sacrement de mariage, Jésus-Christ et l’Esprit Saint les « établi(ssent) témoins et missionnaires de l’amour et de la vie » (Jean-Paul II)."