Dans son édito à paraître dans Libé demain, Laurent Joffrin dénonce ce qu'il a identifié comme une "phalange intégriste" catholique, qui aurait pesé, d'après lui, sur la décision du CHU de Reims – lui-même ne veut surtout pas influencer les médecins, tout en leur donnant son avis. Peu importe si aucune enquête n'a établi à ce stade si l'hôpital a bel et bien fait l'objet de menaces et si oui, de qui elles ont émané. Comprenez : Laurent Joffrin défend la veuve (enfin, il l'espère, la future veuve, dont il a oublié le prénom) et la République, menacée par une forme de terrorisme à mettre en parallèle avec l'islamisme. L'évidence saute aux yeux : attentats de janvier, 20 morts ; journée du 23 juillet : un vivant. L'édito en question :
"L’intégrisme l’emportera-t-il sur la loi française ? On se gardera ici de vouloir influencer la décision que doivent prendre les médecins du CHU de Reims sur le cas de Vincent Lambert. On rappellera, à ce stade, que l’arrêt des soins, s’il était finalement choisi par la communauté médicale, respecterait la loi Leonetti, comme en a décidé le Conseil d’Etat, et serait conforme à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, qui s’est prononcée sur ce point à une nette majorité. Mais en lisant entre les lignes le communiqué des médecins annonçant leur volonté de surseoir, on voit bien qu’il s’agit de toute autre chose. Ces praticiens, dont la probité et le dévouement sont largement reconnus, estiment que les conditions de «sérénité» et de «sécurité» nécessaires à un choix libre ne sont pas réunies. Parlons clair : ils font allusion aux menaces physiques proférées par un certain nombre de militants extrémistes à leur encontre. La femme de Vincent Lambert, Marie (sic), parle carrément de «terrorisme». De quels extrémistes parle-t-on ? Les parents de Vincent Lambert sont liés à la fraternité Saint-Pie-X, secte catholique d’extrême droite dont le Vatican, en dépit de certaines tentatives de négociations, a toujours déclaré l’illégitimité. Ainsi, c’est une phalange intégriste qui a réussi, par la menace, à faire dévier la procédure légale. Elle n’a rien à envier aux groupes équivalents dans les autres religions, par exemple les intégristes musulmans.
On est prompt à brandir la laïcité pour dénoncer certaines pratiques extrêmes de l’islam (et souvent, en fait, pour mettre en cause l’islam dans son ensemble). Voilà un cas où l’intégrisme d’origine chrétienne a réussi, par une forme de terrorisme verbal, à piétiner les principes laïcs. Cette atteinte à la République mérite, pour le moins, une égale dénonciation."