Selon Jérôme Fourquet, interrogé par Raphaël Stainville dans le JDD :
Le centre de gravité politique des Français de confession juive était plutôt de centre gauche. Cela s’explique par l’histoire : la Révolution qui a donné des droits civiques aux Juifs, l’affaire Dreyfus, Vichy, mais aussi la politique pro-arabe du général de Gaulle ont contribué à façonner un tropisme de gauche dans cette population. À partir du début des années 2000 et la deuxième intifada, où l’on observe déjà une importation du conflit en France, les Français de confession juive subissent la double peine : non seulement la communauté juive, notamment en Île-de- France, se fait harceler, attaquer, menacer, mais en plus, les autorités (en l’espèce le gouvernement Jospin) regardent ailleurs et ne veulent pas nommer les auteurs de ce « nouvel antisémitisme ». L’électorat juif se sentant abandonné par la gauche se met à voter beaucoup plus à droite qu’avant. En 2002, il vote notamment Alain Madelin. Ce dernier est en tête de cortège d’une manifestation contre l’antisémitisme quelques semaines avant la présidentielle. Il fait 20 % dans les bureaux de vote de la « petite Jérusalem » à Sarcelles, alors qu’il n’atteint que 2 % sur le reste de la ville. Ensuite, quand Nicolas Sarkozy devient ministre de l’Intérieur sous Chirac, il envoie de nombreux signaux à la communauté juive. Lui met les mots sur les choses en parlant d’« un nouvel antisémitisme des banlieues », quand la gauche, même après l’affaire Ilan Halimi, se cramponne à l’ancien antisémitisme. Le dernier épisode de cette droitisation de l’électorat juif sur fond d’inquiétude sécuritaire, c’est Éric Zemmour. Il a obtenu pas moins de 56 % des voix parmi les Français d’Israël et est arrivé en tête dans les bureaux de vote de la « petite Jérusalem » à Sarcelles (avec près de 35 %).
Au point que Gérard Miller dans Le Monde sonne le tocsin : « Une part croissante des citoyens juifs de ce pays ont perdu leur boussole morale et politique puisqu’ils votent massivement pour l’extrême droite. »
Il a factuellement raison. Sauf qu’il ne va pas au bout du raisonnement. Il ne se demande pas pourquoi les Français de confession juive ont « dérivé » de son point de vue et ont abandonné la gauche. C’est tout simplement parce qu’il y a une réalité sociale qu’eux vivent et qu’il ne veut pas voir (on retombe ici sur le syndrome de Budapest). Dans les manifestations contre Israël depuis plusieurs années, les drapeaux palestiniens, mais aussi parfois du Hamas et du Hezbollah, se mêlent à ceux du NPA, de la CGT et de LFI. Tout à sa stratégie de normalisation, Marine Le Pen, de son côté, martèle : « Il ne fait pas bon dans certains quartiers être femme, juif ou homosexuel. » C’est une lente tectonique sur vingt ans qui a chamboulé les repères.
France Fougère
Syndrome de Budapest ?
C.B.
Sur le “syndrome de Budapest”
Pour François Gorand, voir https://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1984_num_49_1_3354 : “crainte de susciter ou d’encourager des réactions suicidaires”
Est-ce en ce sens que Jérôme Fourquet emploie cette expression?
incongru
les Juifs ont été comme les autres Français, tout simplement : ils n’ont pas voulu voir ce qui crevait les yeux, en plus du matracage extrême droite = nazi (mais surtout pas national SOCIALISME), et le baratin sur la droite et les collabos , alors qu’en réfléchissant un peu … ils auraient gagné 30 ans, sinon plus — nous aussi —
philippe paternot
preuve donc qu’ils sont devenus des fachos, néonazis, xénophobes islamophobes, complotistes