Dans une tribune, un professeur de droit à Nanterre plaide pour la légalisation. Et nous offre ce passage :
Parmi les arguments mis en avant, il en est un qui revient très souvent : «Si on dépénalisait, les cas se multiplieraient.»
[…] [D]’un point de vue logique, cet argument souffre d’un vice irrémédiable.
En effet, il y a fort à parier qu’une fois l’euthanasie dépénalisée les cas se multiplieront. Pourquoi ? Parce que c’est justement pour pouvoir recourir à l’euthanasie que l’on demande sa dépénalisation, comme c’était le cas hier pour l’avortement. […] Mais, pour autant, cette augmentation des cas est-elle en soi un problème ? Certainement pas : si cette augmentation intervient après que la loi aura autorisé et donc encadré l’euthanasie, les comportements seront tout simplement conformes à la loi.
Le jeune lecteur (17 ans) qui nous indique cette tribune lui rétorque :
Si cette logique est juste, on peut aussi légaliser les progroms : ils se multiplieraient, mais ce n’est pas grave, puisque ce seraient alors des comportements conformes à la loi.
On a dans cette logique viciée l’application de la célèbre déclaration créonienne de Jacques Chirac : "non à une loi morale qui primerait la loi civile" (Journal du Dimanche, avril 1995).
Henri Védas (merci à SG)
Vincent
On en revient en fait à la question : ce qui est légale est-il licite ?
Non ?
Vincent
Ingomer
Une loi n’est légitime, c’est-à-dire qu’elle n’engage au for interne que si elle respecte la loi divine ou au minimum la loi naturelle. Ce que refuse Jacques Chirac en disant qu’il n’y a pas de loi morale au-dessus de la loi civile. Cette attitude de J. Chirac a conduit l’humanité aux tyrannies génocidaires du XXe siècle et peut conduire aujourd’hui à légaliser l’intolérable, les “unions homosexuelles”.
Quelques textes des papes (il doit y en avoir d’autres sur ce sujet) :
“21. La loi […] ne peut aller contre une loi plus profonde et plus auguste que toute loi humaine, la loi naturelle inscrite dans l’homme par le Créateur. […] La loi humaine peut renoncer à punir, mais elle ne peut déclarer innocent ce qui serait contraire au droit naturel, car cette opposition suffit à faire qu’une loi ne soit pas une loi.
“22. Il doit être en tout cas bien entendu qu’un chrétien ne peut jamais se conformer à une loi en elle-même immorale ; et tel est le cas de celle qui admettrait en principe la licéité de l’avortement. Il ne peut ni participer à une campagne d’opinion en faveur d’une telle loi ni donner à celle-ci son suffrage. Il ne pourra pas davantage collaborer à son application.” (Déclaration Questio de Abortu de Paul VI sur l’avortement provoqué, donné à Rome, au siège de la congrégation pour la Doctrine de la foi, le 18 novembre 1974, paragraphe 21 et 22.)
Autre texte :
“Il n’existe qu’une seule raison valable de refuser l’obéissance ; c’est le cas d’un précepte manifestement contraire au droit naturel ou divin, car là où il s’agirait d’enfreindre soit la loi naturelle, soit la volonté de Dieu, le commandement et l’exécution seraient également criminels. Si donc on se trouvait réduit à cette alternative de violer ou les ordres de Dieu ou ceux des gouvernants, il faudrait suivre le précepte de Jésus-Christ qui veut ” qu’on rende à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu (14) “, et, à l’exemple des Apôtres, on devrait répondre : ” Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes (15).” (Léon XIII, Encyclique Diuturnum Illud, sur l’origine du pouvoir civil, 1881)
Feravec
Quand on lit l’argument du professeur d’université (37 ans, agrégé de droit public) et la réponse (limpide) du jeune lecteur, on se dit que l’université française a bien baissé.