Le journal Le Monde nous propose des extraits du débat sur la foi et la raison, qui a opposé, le 21 septembre 2000, le cardinal Josef Ratzinger au philosophe rationaliste Paolo Flores d’Arcais. Extraits de l’extrait :
– "Saint Paul est convaincu que la foi chrétienne fait appel à la raison ; mais aussi convaincu qu’elle va au-delà de tout ce qui apparaît évident à la raison. Parce que du moins comme je comprends saint Paul l’amour entre en jeu. L’amour qui n’est pas contre la raison, mais la dépasse de beaucoup. Et ce Dieu est logos, comme le dit aussi saint Jean. Il est la raison créatrice et il est parole ; car logos n’est pas seulement raison, c’est aussi une raison qui parle, qui se met en relation, se rapproche. En ceci, nous avons un renouvellement du concept de la raison, qui dépasse la simple mathématique, la simple géométrie de l’être."
– "Les Pères de l’Eglise ont traduit un mot de la foi en un mot philosophique "nature" qui n’est pas un mot appartenant à la foi, mais à la philosophie. En ce sens, ils étaient d’accord avec le stoïcisme qui ne reconnaissait pas de créateur, pas même une création, mais voyait une certaine qualité divine, dirons-nous, dans l’être même, et un message universel. Le mot "nature" était donc un véhicule applicable, accessible par-delà les limites de la foi. C’est la raison pour laquelle il est entré dans le vocabulaire de la théologie, du magistère, comme un signe de la notion philosophique, qui, en soi, pouvait être séparé d’une vision plus profonde de la foi. En ce sens, on devrait, à l’avenir, discuter de l’utilité et de la rationalité de ce concept de nature, qui exprime la conviction que les réalités portent en elles un message moral et placent des limites à nos volontés. Et il me semble que le mouvement écologique, face aux destructions de la planète et aux dangers qui nous menacent, l’a compris : la nature nous apporte un message et nous devons être attentifs à son message."