Le billet de Daoudal est sans pitié :
"Le 4è Forum social européen s’est ouvert hier à Athènes. Même si l’on faisait semblant de se féliciter d’un nombre de participants supérieur aux prévisions (10000 inscrits aux débats de la première journée[contre 20000 en 2004 et 50000 en 2003]), l’ambiance est pour le moins morose. En témoigne le propos (public, lors du séminaire sur "la perspective d’un mouvement mondial") de Bernard Cassen, le pape de l’altermondialisme, fondateur d’Attac et créateur des Forums mondiaux :
"Pour la première fois, je me suis demandé si j’allais participer à ce FSE, si c’est pour y marteler ce qu’on martèle depuis le Forum de Florence en 2002."
L’altermondialisme tourne en rond, et chaque Forum est l’occasion pour les militants de déplorer qu’il ne touchent pas les "couches populaires". D’un Forum l’autre, on parle des paysans et des exclus, mais on ne voit ni les uns ni les autres. Les Forums demeurent obstinément des rassemblements de jeunes (et beaucoup moins jeunes) intellectuels bourgeois qui jouent à la révolution. (…)
Le FSE d’Athènes est d’ores et déjà un échec flagrant, lui aussi, ne serait-ce que pour cette simple raison qu’il ne correspond pas à son intitulé : en fait d’Européens, on n’y voit guère, en dehors des Grecs, que des Italiens et des Français. Dont José Bové, bien sûr, vedette permanente de la chose. Parmi les autres personnalités invitées on note le tout nouveau président de la chambre des députés italiens, le communiste Bertinotti, et… Aleida Guevara, la fille de Che, ce qui renvoie plutôt à une dérisoire nostalgie folklorique qu’à l’élaboration d’un programme de lutte.
Il est vrai que cette étrange avant-garde des luttes populaires sans le peuple est toujours en retard sur l’histoire et sur le peuple. Cette année, le FSE part en guerre contre "l’Europe néo-libérale". Il est bien temps. Au dernier FSE, à Londres, le projet de Constitution européenne n’était même pas au programme. Or ce Forum se tenait en octobre 2004, au moment même où tout le monde parlait de ce projet, qui venait d’être finalisé et allait être signé à Rome, en grandes pompes, par les chefs d’Etat et de gouvernement des 25 Etats membres, avant d’être, quelques mois plus tard, rejeté par les peuples français et néerlandais…"