Le sommet des chefs d’Etat de la semaine dernière devait être l’occasion d’une grande réforme de l’ONU (y compris du Conseil de Sécurité) et d’un rapport d’étape sur les Objectifs du Millénaire établis en 2000 pour lutter contre la pauvreté dans le monde.
Sur le premier point, le sommet a débouché sur une déclaration finale qui ne tranche aucune des grandes questions débattues – et donne globalement satisfaction aux Américains qui ne souhaitaient pas voir croître le rôle prescriptif de l’ONU. Les enjeux importants du document étaient :
– Le "devoir d’ingérence" : les Etats-Unis ne voulaient pas que soit créé une obligation légale d’intervenir militairement en cas de crimes de guerre ou contre l’humanité dans un pays; la déclaration n’évoque qu’un devoir d’utiliser des moyens pacifiques pour les prévenir, l’utilisation de la force restant élective (§139).
– Sécurité : le "terrorisme" est condamné, mais l’enjeu était d’inclure, comme le souhaitaient les pays occidentaux, une définition précise – ce qui n’est pas fait (§81); la prolifération nucléaire, que les occidentaux voulaient voir condamnée, n’est pas mentionnée, faute d’accord.
– Organisation de l’ONU : le document appelle à ce que le Conseil de Sécurité soit "réformé", mais sans que les vraies questions soient tranchées (§153); la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU, discréditée notamment depuis qu’elle a été présidée par la Libye, sera remplacée par un Conseil des Droits de l’Homme – dont les modalités restent à définir (§157); une Commission sur l’établissement de la paix sera créée (§97) – mais l’enjeu principal, celui du rattachement de cette commission soit au Conseil de Sécurité, soit à l’Assemblée générale, n’est pas tranché.
Sur le deuxième point, celui de l’aide au développement, le fait important est que les Objectifs du Millénaires sont réaffirmés (§17), malgré le scepticisme des Etats-Unis, sans toutefois que la résolution en fasse un réel "rapport d’étape."
Les mouvements pro-vie ont noté avec soulagement que, dans l’énoncé des objectifs de développement, les termes "droits sexuels et reproductifs" (incluant un "droit" à l’avortement) ont été évités, au profit de "la santé reproductive" (§57g), plus neutre. Certains pays envisageaient de joindre au document une clause interprétative indiquant qu’ils n’incluaient pas dans la "santé reproductive" un quelconque droit à l’avortement.