Le chômage aurait baissé de 1,2% en avril. Mais Esther Duflo, économiste au Massachusetts Institute of Technology (MIT), juge que :
"les évolutions mensuelles n’ont pas grand-chose à nous dire sur l’efficacité des politiques publiques, mais dépendent surtout de variations saisonnières et d’évolutions macroéconomiques".
Pire, la publication mensuelle des chiffres du chômage pourrait être contreproductive :
"L’attention portée à ce chiffre tous les mois conduit les hommes politiques à décider des actions qui vont avoir un effet immédiat, même s’ils savent que ce ne sont pas les bonnes politiques. Le nombre de chômeurs donné par l’ANPE est à la fois un levier d’action politique, sur lequel des mesures peuvent avoir un effet immédiat comme les radiations, les contrats aidés ou les entrées en stage, et c’est aussi un thermomètre".
Comparé à 2006, les radiations administratives du chômage ont augmenté de 8,1%… Et la révision complète de ces statistiques, habituellement effectuée en mars, a été repoussée à l’automne pour des "raisons techniques". Raymond Torrès, économiste à l’OCDE estime lui que
"Le taux de chômage est un indicateur de moins en moins pertinent pour juger de l’efficacité du marché de l’emploi [soulignant] une porosité croissante entre le chômage et d’autres catégories [comme les allocataires du RMI]. Il faut aller vers un concept de ‘non-emploi’ plus large que celui du chômage, pour pouvoir mesurer la précarité et la pauvreté dans l’emploi".