Extrait de l'homélie de Benoît XVI ce matin au Bénin :
"Notre célébration eucharistique en cette solennité du Christ Roi de l’univers, est l’occasion de rendre grâce à Dieu pour le cent cinquantième anniversaire des débuts de l’évangélisation du Bénin ainsi que pour la deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques qui s’est tenue à Rome il y a quelques mois.
L’évangile que nous venons d’entendre, nous dit que Jésus, le Fils de l’homme, le juge final de nos vies, a voulu prendre le visage de ceux qui ont faim et soif, des étrangers, de ceux qui sont nus, malades ou prisonniers, finalement de toutes les personnes qui souffrent ou sont mises de côté ; le comportement que nous avons à leur égard sera donc considéré comme le comportement que nous avons à l’égard de Jésus lui-même. Ne voyons pas là une simple formule littéraire, une simple image ! Toute l’existence de Jésus en est une illustration. Lui, le Fils de Dieu, est devenu homme, il a partagé notre existence, jusque dans les détails les plus concrets, se faisant le serviteur du plus petit de ses frères. Lui qui n’avait pas où reposer sa tête, sera condamné à mourir sur une croix. Tel est le Roi que nous célébrons !
Sans doute cela peut nous paraître déconcertant ! Aujourd’hui encore, comme il y a 2000 ans, habitués à voir les signes de la royauté dans la réussite, la puissance, l’argent ou le pouvoir, nous avons du mal à accepter un tel roi, un roi qui se fait le serviteur des plus petits, des plus humbles, un roi dont le trône est une croix. Et pourtant, nous disent les Écritures, c’est ainsi que se manifeste la gloire du Christ ; c’est dans l’humilité de son existence terrestre qu’il trouve son pouvoir de juger le monde. Pour lui, régner c’est servir ! Et ce qu’il nous demande, c’est de le suivre sur ce chemin, de servir, d’être attentifs au cri du pauvre, du faible, du marginalisé. Le baptisé sait que sa décision de suivre le Christ peut l’amener à de grands sacrifices, parfois même à celui de sa vie. Mais, comme nous l’a rappelé saint Paul, le Christ a vaincu la mort et il nous entraîne à sa suite dans sa résurrection. Il nous introduit dans un monde nouveau, un monde de liberté et de bonheur. Aujourd’hui encore, tant de liens avec le monde ancien, tant de peurs nous tiennent prisonniers et nous empêchent de vivre libres et heureux. Laissons le Christ nous libérer de ce monde ancien ! Notre foi en lui qui est vainqueur de toutes nos peurs, de toutes nos misères, nous donne accès à un monde nouveau, un monde où la justice et la vérité ne sont pas une parodie, un monde de liberté intérieure et de paix avec nous-mêmes, avec les autres et avec Dieu. Tel est le don que Dieu nous a fait dans notre baptême !
‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde’ (Mt 25, 34). Accueillons cette parole de bénédiction que le Fils de l’homme adressera, au jour du Jugement, à ceux et à celles qui auront reconnu sa présence parmi les plus humbles de ses frères, dans un cœur libre et rempli de l’amour du Seigneur ! Frères et Sœurs, ce passage de l’Évangile est vraiment une parole d’espérance, parce que le Roi de l’univers s’est fait tout proche de nous, serviteur des plus petits et des plus humbles. […]
Chers frères et sœurs, tous ceux qui ont reçu ce don merveilleux de la foi, ce don de la rencontre avec le Seigneur ressuscité, ressentent aussi le besoin de l’annoncer aux autres. L’Église existe pour annoncer cette Bonne Nouvelle ! Et ce devoir est toujours urgent ! Après 150 ans, nombreux sont ceux qui n’ont pas encore entendu le message de salut du Christ ! Nombreux sont aussi ceux qui sont réticents à ouvrir leurs cœurs à la Parole de Dieu ! Nombreux sont ceux dont la foi est faible, et dont la mentalité, les habitudes, la façon de vivre ignorent la réalité de l’Évangile, pensant que la recherche d’un bonheur égoïste, du gain facile ou du pouvoir, est le but ultime de la vie humaine. Avec enthousiasme, soyez des témoins ardents de la foi que vous avez reçue ! Faites resplendir en tous lieux le visage aimant du Sauveur, en particulier devant les jeunes, en recherche de raisons de vivre et d’espérer dans un monde difficile !
L’Église au Bénin a beaucoup reçu des missionnaires : elle doit à son tour porter ce message d’espérance aux peuples qui ne connaissent pas ou qui ne connaissent plus le Seigneur Jésus. Chers frères et sœurs, je vous invite à avoir ce souci de l’évangélisation, dans votre pays et parmi les peuples de votre continent et du monde entier. Le récent Synode des Évêques pour l’Afrique le rappelle avec insistance : homme d’espérance, le chrétien ne peut se désintéresser de ses frères et de ses sœurs. Ce serait en pleine contradiction avec le comportement de Jésus. Le chrétien est un bâtisseur inlassable de communion, de paix et de solidarité, ces dons que Jésus lui-même nous a faits. En y étant fidèles, nous collaborons à la réalisation du plan de salut de Dieu pour l’humanité."