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L'Eglise : Vie de l'Eglise

“L’Église ne doit pas se préoccuper d’être moderne, mais d’être contemporaine : c’est-à-dire qu’elle doit répondre aux besoins réels de l’homme”

“L’Église ne doit pas se préoccuper d’être moderne, mais d’être contemporaine : c’est-à-dire qu’elle doit répondre aux besoins réels de l’homme”

Le cardinal Angelo Bagnasco, 80 ans, a été, de 2016 à 2021, président du Conseil des conférences épiscopales européennes, qui réunit les présidents des conférences épiscopales de toute l’Europe. De 2007 à 2017, il a été président de la Conférence épiscopale italienne. Archevêque émérite de Gênes, doté d’une grande expérience pastorale, le cardinal Bagnasco a participé à plusieurs synodes et possède une connaissance approfondie de la réalité de l’Église, qu’il a expérimentée lors de nombreux voyages. Il a été interrogé dans le magazine Cardinalis. Extrait :

[…] L’Église ne doit pas se préoccuper d’être moderne, mais d’être contemporaine : c’est-à-dire qu’elle doit répondre aux besoins réels de l’homme, ceux qui habitent le fond du cœur, comme le désir non pas de satisfaction, mais de bonheur, le besoin de sens, les grandes questions qui traversent l’histoire et qui ne changeront jamais. Tout cela n’est pas répondu par la technologie, mais par la religion, par le Seigneur, qui a des paroles de vie éternelle. Des paroles de lumière qui nous font dire avec l’apôtre Pierre : Maître, loin de toi, à qui irions-nous ? Jésus n’a pas cherché le consensus, mais a proclamé la vérité. Et cela lui a coûté la vie !  Aujourd’hui, on a tendance à séparer la vérité de la personne du Christ : cette séparation réduit la foi à une émotion, et le Christ à un professeur de sagesse humaine, une philosophie qui doit être adaptée aux temps. Dieu est Amour, dit Jean, mais aujourd’hui nous ne croyons pas à l’amour, nous le transformons en poésie sentimentale et facile, en oubliant que l’autre nom de l’amour est sacrifice. Et c’est ainsi que nous trompons, surtout les jeunes. Nous avons tendance à oublier que si Dieu me révèle que c’est le but de mon existence, mais ne me dit pas comment y parvenir, ce n’est pas “bon”. Mais Jésus nous a aussi dit comment y arriver, comment vivre. Ce sont les implications éthiques : elles ne sont pas une doctrine abstraite, elles parlent de moi, de mon présent et de mon avenir. Il ne s’agit pas d’un refus dur et impitoyable, mais d’une description du chemin vers la vraie vie. La culture contemporaine a beaucoup de lumières, mais elle a mis le sujet au centre comme mesure de la vérité : elle a réduit l’homme à la volonté, affaiblissant la pensée. Et ainsi tout devient une opinion subjective et changeante. Dans ce contexte, on aimerait que l’Église se taise pour que les gens pensent qu’elle n’a rien à dire. Mais ce n’est pas le cas : si l’Église se taisait, elle n’aimerait pas le monde. Il ne s’agit pas d’être des juges ou de penser que nous sommes meilleurs, mais d’être fidèles à Dieu et à l’homme. Si les gens sentent que nous parlons ouvertement, mais avec amour, ils ne seront peut-être pas entièrement d’accord avec ce que nous disons, mais ils se sentiront aimés par nous et par Quelqu’un qui nous dépasse. […]

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