Denis Tillinac est interrogé dans Pèlerin. Extrait :
"Dans votre dictionnaire, on trouve des articles sur la liberté, l’égalité, la fraternité… La République est donc catholique ?
Cent fois plus qu'elle ne le croit. Le problème, c'est qu'elle a essayé de se construire contre. La démocratie à vote secret, c'est à partir de saint Benoît dans les monastères. En fait, la République s'est construite contre l'influence temporelle de l'Église. Cela annonçait le moment où il faudrait qu'elle renonce à cette influence. Elle n'a rien perdu à y renoncer, au contraire.
Vous cultivez une vraie fascination pour la vie monastique ?
Oui, toujours. Peut-être parce que, près de l'abbaye de Sept-Fons dans le Bourbonnais, le pays de ma mère où j'allais en vacances, on racontait les histoires de ces moines capables par l'ascèse de faire converger la profusion des désirs vers le haut. J'ai toujours admiré ces êtres qui apprivoisent leurs désirs et le temps grâce à la liturgie et la prière. Je les trouve plus utiles que les gens qui nous gouvernent sur le plan politique, économique, culturel ou autre. […]
Il y a eu des effets pervers de Vatican II. Il ne faut pas blesser non plus la piété et la religiosité des gens. Avec ce concile, les réformateurs ont voulu être « dans l'air du temps ». Eh bien non ! L'Église doit être dans l'air des temps. Elle ne doit jamais flirter avec l'air du temps, ne doit jamais être à la mode. L'Église a besoin de ne pas être désuète, ce n'est pas pareil. J'ai compris beaucoup plus tard que Vatican II avait un sens."