Arrivé à Beyrouth, Benoît XVI a déclaré :
"[…] C’est lors de la seconde de nos
rencontres, que la majestueuse statue de saint Maron a été bénie. Sa présence
silencieuse au chevet de la basilique Saint-Pierre rappelle de manière
permanente le Liban sur le lieu même où l’apôtre Pierre a été enseveli. Elle
manifeste un héritage spirituel séculaire en confirmant la vénération des
Libanais pour le premier des Apôtres et pour ses successeurs. C’est pour marquer
leur grande dévotion à Simon Pierre que les Patriarches maronites ajoutent à
leur prénom celui de Boutros. Il est beau de voir que du sanctuaire pétrinien,
Saint Maron intercède continuellement pour votre pays et pour l’ensemble du
Moyen-Orient. Je vous remercie par avance, Monsieur le Président, pour tous les
efforts entrepris en vue de la bonne réussite de mon séjour parmi vous.Un autre motif de ma visite est la
signature et la remise de l’Exhortation apostolique post-synodale de l’assemblée
spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des évêques, Ecclesia in Medio
Oriente. Il s’agit-là d’un événement ecclésial d’importance. Je remercie
tous les Patriarches catholiques qui se sont déplacés, et plus particulièrement
le Patriarche émérite, le cher Cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, et son
successeur, le Patriarche Bechara Boutros Raï. Je salue fraternellement tous les
Évêques du Liban, ainsi que ceux qui ont voyagé pour prier avec moi et recevoir
des mains-mêmes du Pape ce document. À travers eux, je salue paternellement tous les chrétiens du Moyen-Orient.
Destinée à l’ensemble du monde, l’Exhortation se propose d’être pour eux une
feuille de route pour les années à venir. Je me réjouis également de pouvoir
rencontrer durant ces jours-ci de nombreuses représentations des communautés
catholiques de votre pays, de pouvoir célébrer et prier ensemble. Leur présence,
leur engagement et leur témoignage sont une contribution reconnue et hautement
appréciée dans la vie quotidienne de tous les habitants de votre cher pays.Je tiens à saluer aussi avec grande
déférence les Patriarches et Évêques orthodoxes venus me recevoir, ainsi que les
représentants des diverses communautés religieuses du Liban. Votre présence,
chers amis, démontre l’estime et la collaboration que vous souhaitez promouvoir
entre tous dans le respect mutuel. Je vous remercie pour vos efforts et je suis
certain que vous continuerez à rechercher des voies d’unité et de concorde. Je
n’oublie pas les événements tristes et douloureux qui ont affligés votre beau
pays durant de longues années. L’heureuse convivialité toute libanaise, doit
démontrer à l’ensemble du Moyen-Orient et au reste du monde qu’à l’intérieur
d’une nation, peuvent exister la collaboration entre les différentes Églises,
toutes membres de l’unique Église catholique, dans un esprit fraternel de
communion avec les autres chrétiens, et dans le même temps, la convivialité et
le dialogue respectueux entre les chrétiens et leurs frères d’autres religions.
Vous savez comme moi que cet équilibre qui est présenté partout comme un
exemple, est extrêmement délicat. Il menace parfois de se rompre lorsqu’il est
tendu comme un arc, ou soumis à des pressions qui sont trop souvent partisanes,
voire intéressées, contraires et étrangères à l’harmonie et à la douceur
libanaises. C’est là qu’il faut faire preuve de réelle modération et de grande
sagesse. Et la raison doit prévaloir sur la passion unilatérale pour favoriser
le bien commun de tous. Le grand roi Salomon qui connaissait Hiram, le roi de
Tyr, n’a-t-il pas jugé que la sagesse était la vertu suprême ? C’est pourquoi il
l’a demandée à Dieu instamment, et Dieu lui donna un cœur sage et intelligent
(cf.1 R 3, 9-12).Je viens aussi pour dire combien est
importante la présence de Dieu dans la vie de chacun et combien la façon de
vivre ensemble, cette convivialité dont désire témoigner votre pays, ne sera
profonde que si elle est fondée sur un regard accueillant et une attitude de
bienveillance envers l’autre, que si elle est enracinée en Dieu qui désire que
tous les hommes soient frères. Le fameux équilibre libanais qui veut continuer à
être une réalité, peut se prolonger grâce à la bonne volonté et à l’engagement
de tous les Libanais. Alors seulement, il servira de modèle aux habitants de
toute la région, et au monde entier. Il ne s’agit pas là uniquement d’une œuvre
humaine, mais d’un don de Dieu qu’il faut demander avec insistance, préserver à
tout prix, et consolider avec détermination.Les liens entre le Liban et le
Successeur de Pierre sont historiques et profonds. Monsieur le Président et
chers amis, je viens au Liban comme un pèlerin de paix, comme un ami de Dieu, et
comme un ami des hommes. «سَلامي أُعطيكُم [«Je vous donne ma paix»] dit le Christ (Jn 14, 27). Et au-delà de votre pays, je viens aussi
aujourd’hui symboliquement dans tous les pays du Moyen Orient, comme un pèlerin
de paix, comme un ami de Dieu, et comme un ami de tous les habitants de tous les
pays de la région quelles que soient leur appartenance et leur croyance. À eux aussi le Christ dit : سَلامي أُعطيكُم [« Je vous donne ma paix »]. Vos joies et vos peines sont continuellement présentes dans la prière du Pape
et je demande à Dieu de vous accompagner et de vous soulager. Je puis vous
assurer que je prie particulièrement pour tous ceux qui souffrent dans cette
région, et ils sont nombreux. La statue de saint Maron me rappelle ce que vous
vivez et endurez. […]"