Trois messes différentes de la Nativité sont célébrées le 25 décembre qui révèlent chacune un aspect de ce beau mystère :
De la messe de minuit, célébrée comme il se doit à l’heure dite, à la grand messe du jour en passant par celle plus intimiste de l’aurore, trois formulaires nous font entrer chacun de façon spécifique dans le mystère de la naissance du Christ.
À Minuit
À Bethléem, au IVe siècle, les fidèles se rassemblaient pour prier aux alentours de minuit afin de commémorer la naissance du Sauveur. Ils se rendaient ensuite en pèlerinage à Jérusalem afin de célébrer solennellement la messe à l’Anastasis, lieu de la Résurrection de Notre-Seigneur.
Le Pape célébrait cette messe auprès des reliques de la crèche à Sainte-Marie-Majeure. Au cœur de la nuit, le Verbe de Dieu naît dans le monde, Il prend la nature humaine pour sauver le genre humain, la vraie lumière luit dans les ténèbres. Cette messe, quoique devenue pour beaucoup la messe de Noël par excellence, conserve comme un caractère confidentiel. L’annonce est faite dans la nuit aux bergers isolés, par les anges qui exultent de joie. La terre et le ciel se réjouissent de la venue du Sauveur mais le monde ne l’a pas encore connu.
À l’aurore
Au petit matin, à l’heure où le soleil fait son apparition, la messe de l’aurore nous présente l’adoration des bergers. Nous contemplons l’humilité de la crèche et des adorateurs, dans le calme et le silence des premières lueurs du jour. « Une lumière aujourd’hui brillera sur nous » (Introït). Notre-Seigneur est la lumière qui vient donner la lumière par sa grâce, qui vient transfigurer la nature humaine par sa vie divine. La Sainte Vierge Marie médite toutes ces choses en son cœur dans la quiétude de l’aube.
Le Souverain Pontife à Rome, célébrait la messe au petit matin au sanctuaire de sainte Anastasie, en ce jour anniversaire de la naissance au ciel de la glorieuse martyre. Quoique la messe de l’aurore ait pris le pas sur la messe de la sainte, sa dévotion importante à Rome à l’époque Byzantine, son nom inscrit au canon de la messe et, sans nul doute, la proximité avec le nom de l’Anastasis ont favorisé le maintien de la mémoire.
La Messe solennelle
Dans la matinée, la messe du jour, primitivement célébrée à la basilique Saint-Pierre, lieu des évènements majeurs de la vie liturgique de l’Église, fut ensuite célébrée solennellement à la basilique Sainte-Marie-Majeur. L’insécurité régnant alors dans la ville de Rome, empêchait des déplacements risqués du souverain pontife et de ses assistants. Cette solennité donnait lieu à des développements rituels et de nombreuses acclamations, marquant par là le caractère joyeux et majestueux de cette fête.
« Un enfant nous est né, un Fils nous est donné » (premiers mots de l’Introït de la messe, tirés d’Isaïe) nous donne le ton. Cet enfant aussi petit soit-il tient le monde en sa main, Il est l’Éternel, le Créateur de toutes choses. Il vient dans la chair pour que par lui, les hommes aient la vie divine.
Le prologue de saint Jean, habituellement dernier Évangile de la messe, est aujourd’hui l’Évangile du jour. Quelle sublime récapitulation du mystère de l’Incarnation et du Salut ! Le Verbe de Dieu qui subsiste de toute Éternité, révèle le Père et illumine la terre. Par la venue de l’Enfant-Jésus, la lumière divine irradie le monde et la joie de l’Église est à son comble.
Une véritable richesse
À l’origine, seul le Pape avait le privilège de célébrer ces trois messes de Noël. À partir du Moyen Âge (dans le monde monastique puis chez les séculiers) la possibilité pour un simple prêtre d’offrir ces trois messes s’est généralisée.
Il est parfois bien difficile, pour les fidèles, de pouvoir assister à toutes les messes de Noël. Les impératifs de la fête familiale ou l’éloignement des lieux ne le permettent pas toujours. Pour autant, il peut être utile et fructueux de relire et de méditer ces trois messes comme un triptyque présentant un seul et même mystère : L’incarnation du Fils de Dieu pour le salut du genre humain.
« Le Verbe s’est fait Chair, et Il a habité parmi nous. »