L'abbé de Tanoüarn fait remarquer que le processus, en 3 phases, est désormais bien connu :
AVANT : les médias prédisent la catastrophe, soit en terme d'assistance (il n'y aura personne) soit en termes d'opposition (le pape va rencontrer des adversaires implacables). L'Angleterre n'est pas un pays catholique, comme chacun sait. Et c'est un pays travaillé en profondeur par la propagande irreligieuse issue, avant même les Lumières, de la diversité des sectes chrétiennes qui s'affrontent. Le consumérisme agressif ne trouve en face de lui comme force organisée que l'Eglise catholique. il est naturel que le pape paraisse cristalliser les opposition.
PENDANT : La douceur du pape, l'intelligence du pape, l'autorité tranquille de sa parole conquièrent tout le monde. Le voyage tourne au triomphe. Souvenez vous, c'était le scénario africain ou, plus anciennement, turc. Et dans une moindre mesure, on retrouvait cela au Portugal. Cette fois la visite se déroule dans un grand pays de la Vieille Europe. Le scénario est le même qu'en Turquie, le même qu'en Afrique…
APRES : Il reste les textes. Puissants. Que l'on a entendu et que l'on garde sous le coude pour les méditer.
Pour la première fois au Royaume Uni, un pape était reçu devant les deux Chambre le 17 septembre à Westminster Hall. Il en a pris occasion pour décrire les relations entre l'Eglise et l'Etat. Il se fonde sur deux propositions apparemment antithétique : 1-L'Eglise catholique doit avoir un rôle public ou elle n'est plus l'Eglise. 2-Mais la politique des Etats est en elle-même purement laïque. Il n'y a pas de politique spécifiquement chrétienne. C'est l'accès au Bien commun qui est la mesure de l'opportunité politique. Rôle public de l'Eglise, laïcité de l'Etat et de son action. […] Benoît XVI parle de "rôle correctif" de l'Eglise, parce que la foi, issue de la Parole de Dieu, peut, ici ou là, corriger la raison enfermée en elle-même et dans ses calculs. Le calcul rationnel, à court terme n'est pas infaillible, les plus grands politiques l'ont souvent expérimenté. Une vraie politique se laisse pénétrer des principes fondamentaux de la religion chrétienne, dans l'esprit du pape, avant tout le principe de fraternité : nous sommes tous frères parce que Dieu est notre Père et Jésus Christ notre Frère. Constatez que ce "principe de fraternité" est ici intrinsèquement religieux. Avec cette idée, développée par le pape, de "correction" de la raison par les principes de la foi, on retrouve le thème du péché originel et le vieux thème chrétien selon lequel la raison ne suffit jamais, à elle toute seule, pour fixer et déterminer le bien humain."
Prochaine étape : l'Espagne les 6 et 7 novembre à Santiago de Compostela et à Barcelone.
Ullrich
ne comprends pas très bien cette idée : adaptation moderne de la doctrine du Christ-Roi peut-être ?