Voici un texte de René Guitton sur la christianophobie :
"Les chrétiens d'Orient ont émigré ou émigrent en masse […]. Leur isolement est aggravé par le fait que les persécutions contre les chrétiens ne sont généralement pas mentionnées parmi les dénonciations des violations des droits de l'homme, pour une raison très simple: au moins en Occident, les chrétiens ont du mal à associer le christianisme avec la notion de minorité. […] En Occident, défendre les chrétiens équivaut à se ranger du côté de la majorité. L'Occident de plus en plus déchristianisé a du mal à concevoir que les chrétiens puissent être persécutés en tant que chrétiens, puisque selon un slogan simpliste que l'on entend souvent répéter, cela revient à prendre le parti des damnés sans appel. Au début, je pensais naïvement que la responsabilité de cette situation devait être imputée à l'ignorance. Mais elle ne suffit pas à tout expliquer, en fait. […]
Une des raisons du silence et de l'oubli qui entourent la minorité chrétienne se trouve dans leur marginalisation progressive et dans la perte constante de poids politique et démographique dont ils sont affligés. Nous devons lutter contre la grave désinformation qui empoisonne l'opinion publique occidentale sur la situation critique des chrétiens dans le monde et particulièrement dans les régions où ils sont minoritaires, comme dans le Maghreb, l'Afrique sub-saharienne, le Moyen-Orient et l'Extrême-Orient. […] les chrétiens d'Orient ne sont pas considérés comme des autochtones, mais un produit importé. C'est oublier que le christianisme est né en Orient où il s'est développé bien avant que l'Europe ne devienne presque entièrement chrétienne. […]
Dans le silence chrétien, on doit aussi constater l'effet d'une dévaluation implicite et systématique du christianisme, largement encouragée par un laïcisme brutal et agressif, ce qui se manifeste souvent dans la façon dont les médias traitent des histoires impliquant des chrétiens. […]
Comment peut-on demander à l'opinion publique de se mobiliser en faveur des chrétiens d'Orient, en Afrique, au Maghreb, si le christianisme est la seule religion soumise à un dénigrement systématique qui vise à en dénaturer l'esprit et le message? La France est peut-être le seul pays occidental où il est de bon ton de stigmatiser ceux qui se déclarent croyants, et donc aussi les Eglises officielles auxquelles leur foi les rattache. Cette attitude se manifeste à chaque fois qu'est en cause la laïcité, principe législatif qui jouit d'un consensus quasi unanime et dont aucune association religieuse officiellement constituée ne réclame l'abolition. Les chrétiens d'Orient aussi se réclament de la laïcité. Des enquêtes et des sondages ont montré que les catholiques français, y compris les pratiquants, étaient favorables à la loi de 1905, qui est presque sur le point de devenir un texte sacré, au moins à en juger par les hurlements provenant de certains milieux laïcistes quand on aborde sujet. […] Dans leur aveuglement, les champions de la raison, du libre examen et de la critique refusent obstinément d'appliquer ces vertus à leur propre cause. […] On a presque l'impression que la République est constamment menacée par les machinations obscures des bigots. […] Les anticléricaux du passé ont cédé la place aux nouveaux professionnels de l'antichristianisme, intolérants et irrespectueux des croyances de ceux qui ont le malheur de ne pas penser comme eux. La société française continue d'être imprégnée par la mauvaise odeur d'un anti-cléricalisme primaire, qui revient à chaque fois qu'on discute de laïcité."
Don worrie
C’est l’aboutissement d’une attitude que beaucoup de catholiques n’ont pas vu venir du fait des querelles concernant modernisme et traditions où beaucoup de catholiques ( évêques en tête) ont,sous prétexte de tolérances ont cru convertir les adversaires en leur accordant peu à peu ce qui était critiqué.
La paix religieuse n’existe pas.
Exupéry
Oui, c’est le résultat d’une succession de “ralliements” (auxquels sont fait suite bien trop de “repentances ostentatoires”.)
Cela est dû au fait que beaucoup de catholiques confondent : “amour des ennemis” et négation de la toxicité des adversaire ; C’est beaucoup plus reposant, mais finalement mortifère.
Ces adversaires en ont eux-mêmes été étonnés. Ainsi, Jaurès, évoquant la quasi absence de réaction des dignitaires et intellectuels catholiques après les lois liberticides délibérément anticléricales du début du XXe siècle. (Par exemple, les églises ne devaient servir qu’au seul culte, le Curé de Juvisy fut condamné pour avoir fait, dans “son” église, une conférence sur Rome et le Vatican!)
Ainsi donc, s’étonnait Jaurès:
– « Nos adversaires nous ont-ils répondu ? Ont-ils opposé doctrine à doctrine, idéal à idéal ? Ont-ils eu le courage de dresser contre la pensée de la révolution, l’entière pensée catholique qui revendique pour Dieu, pour le Dieu de la révélation chrétienne, le droit non seulement d’inspirer et de guider la société spirituelle, mais de façonner la société civile ? Non, ils se sont dérobés! Ils ont chicané sur des détails d’organisation. Ils n’ont pas affirmés nettement le principe même qui est comme l’âme de L’Église. »
Trop de ralliements ont été opérés dans un esprit de reddition…complexe de Stockholm! (A propos le dernier ralliement en date est l’alignement sur l’obsolète conception darwinienne de l’Évolution…)