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Histoire du christianisme / L'Eglise : Foi

Les arianismes contemporains

Les arianismes contemporains

Dans le numéro de La Nef de juin, avec un dossier consacré à l’arianisme et au Concile de Nicée, l’abbé Étienne Masquelier évoque les “arianismes contemporains” :

[…] Aujourd’hui, ceux que nous pouvons désigner comme des ariens contemporains, sont également des « sympathisants » de Jésus. Ils souhaitent souvent dire leur admiration pour lui, pour ses enseignements et la sainteté de sa vie. Nous pensons évidemment aux musulmans qui sont les plus nombreux à avoir de l’estime pour Jésus tout en niant la divinité, croyant ainsi défendre la transcendance et l’unité de Dieu. Mais, ici, regardons plutôt, à l’intérieur de la civilisation occidentale, comment et pourquoi prospèrent les néo-arianismes.

Jésus de l’histoire et Christ de la foi

Il y a d’abord eu, au début du XXe siècle, une entreprise de dédivinisation de Jésus dans le sillage d’Ernest Renan et de sa Vie de Jésus. L’idée que l’Église des premiers siècles, saint Paul d’abord, les conciles christologiques ensuite, aurait inventé la divinité du Christ, a construit une factice opposition entre le « Jésus de l’histoire » et « le Christ de la foi ». Idée qui demeure encore, malheureusement, dans l’esprit de certains chrétiens occidentaux. Nous avons pu voir fleurir dans les bonnes librairies des livres faisant de Jésus un sage parmi d’autres. Bien sûr, ces ouvrages oublient les déclarations de Jésus sur sa divinité dans les Évangiles, qui montrent bien aussi que ses adversaires ont compris et acté son étonnante prétention à se faire l’égal de Dieu – raison pour laquelle, précisément, il fut condamné à mort par le Sanhédrin. Les lettres de saint Paul ou des autres auteurs du Nouveau Testament, en affirmant la divinité du Christ, sont parfaitement cohérentes avec les récits évangéliques. Ainsi, une lecture rigoureuse des Évangiles nous oblige à conclure que, soit Jésus est Dieu, soit il est un imposteur ou un fou. L’hypothèse d’un homme saint, bon et sage, mais sans prétention divine, ne tient pas. Pourquoi donc cette hypothèse est-elle toujours appréciée aujour – d’hui ?

Jésus sans l’Église

Il est toujours heureux de constater la fascination et la sincère admiration du monde pour Jésus. En revanche, l’Église est souvent critiquée, sinon pour ses péchés – souvent bien réels – du moins pour ses prises de position dérangeantes. Dire que Jésus n’est pas Dieu et n’a pas eu cette prétention permet de faire le procès de l’Église. Cette dernière aurait fabriqué la divinité du Christ pour asseoir son autorité et aurait aussi récupéré un peu de la divinité de son fondateur pour elle-même. Pour un monde individualiste et qui ne tolère aucun discours anthropologique ou moral, affirmer que l’Église a inventé la divinité de Jésus revient à la décrédibiliser et l’empêcher de nuire.

Un Jésus qui ne nous dérange pas

Si Jésus est un sage, ou même le plus grand des sages et des prophètes, sans pour autant être Dieu, alors son enseignement reste extérieur, et son œuvre de salut se réduit à un exemple, que l’on accepte de suivre ou non. Jésus seulement homme me laisse libre. Sa mort ne peut me sauver réellement. La Passion est, certes, un acte de courage, d’abnégation et d’amour, mais qui demeure dans le passé. Mais, au contraire, la foi orthodoxe nous rappelle que, par son humanité, Jésus a pu mourir d’amour et que, par sa divinité, il a pu le faire pour chacun – en particulier pour moi qui naîtrai vingt siècles après lui. Refuser la divinité de Jésus permet de l’admirer sans qu’il ait d’impact réel sur nous, de l’aimer en maintenant une distance de sécurité.

Une civilisation chrétienne à sauver sans la foi ?

À l’inverse, nous trouvons aussi des néo-ariens qui sont reconnaissants vis-à-vis de l’Église. Dans une société très ouverte, multiculturelle et multireligieuse, certains continuent de préférer l’héritage chrétien et occidental, mais sans avoir la foi. Ils se disent athées ou agnostiques et ne veulent ou ne peuvent souscrire à la divinité du Christ, mais ils voudraient sauver une civilisation en affirmant la supériorité des enseignements de Jésus sans pour autant le reconnaître Dieu. En fêtant l’anniversaire du concile de Nicée, nous avons l’occasion de retrouver le cœur de notre foi, et la seule clé d’explication cohérente de l’histoire de l’Église et de notre civilisation. Jésus a eu cette prétention et il est bien vrai homme et vrai Dieu.

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