Extrait du commentaire de l’Evangile par le père Cantalamessa :
"Aujourd’hui, dans l’effort louable de panser les blessures dans les relations entre chrétiens et juifs, quelqu’un propose cette tentative de solution : oui, le Christ est le Messie, l’envoyé de Dieu, mais pour les païens, pas pour les juifs. Il serait venu pour étendre la révélation et l’alliance biblique aux nations, mais pas pour les juifs qui possédaient déjà ces choses. Cette allégation est faite pour confirmer les paroles du Christ aux apôtres avant de monter au ciel : « Allez donc de toutes les nations… », comme s’il entendait toutes les nations à l’exception d’Israël.
C’est une tentative absurde, rejetée précisément par la majorité des juifs eux-mêmes. Jésus […] dit à la cananéenne d’avoir été envoyé avant tout pour les brebis perdues d’Israël ; tout son enseignement est incompréhensible si on l’imagine destiné aux païens et pas à ses interlocuteurs immédiats. Détacher Jésus du peuple juif signifie, selon moi, ne pas aimer Jésus ni le peuple juif ; cela ne signifie pas lui rendre service, mais lui faire un tort immense, en lui ôtant ce que le vieux Siméon défini comme la « lumière des peuples », mais aussi la « gloire de son peuple Israël ».
Naturellement, les juifs sont libres de l’accepter ou non comme Messie (et nous les chrétiens sommes responsables d’avoir rendu cette acceptation beaucoup plus difficile avec les souffrances infligées à ce peuple au cours de son histoire), mais aucune motivation, aussi bonne soit-elle, ne devrait conduire à falsifier les données de l’Evangile, pour soit disant réparer les erreurs commises."
MJ