Sur Riposte catholique, Cyril Brun constate que si les catholiques ont réinvesti le champ politique, ils n'ont pas encore réinvesti le monde économique :
"[…] Pourtant, il est impossible de prétendre œuvrer à la dignité intégrale de la personne humaine sans restaurer une vision juste et réaliste de l’homme jusque dans la sphère économique. Actuellement, la perception que les catholiques ont de l’économie ne leur permet pas d’être au monde économique ce qu’ils sont devenus dans l’espace politique, le rempart de la conscience. Le capitalisme est parfois tout juste toléré. Et alors que le socialisme est présenté en modèle par certains, le libéralisme est devenu l’étendard pour d’autres croyants. Le rassemblement des catholiques sur les questions « sociétales » s’est fait par le réveil de la conscience et son adéquation à la raison grâce à l’immense travail des papes et de nombreux catholiques engagés pour la défense de la vie. Ce réveil des consciences gagne de plus en plus les non catholiques précisément parce qu’il est en adéquation avec le réel que nie l’idéologie officielle du gender. L’unité des catholiques sur les questions économiques passera elle aussi par le réveil des consciences, lequel suppose une clarification de l’éthique chrétienne en la matière et la fin des anathèmes réciproques que se lancent sans discernement capitalistes, marxistes et libéraux, tous convaincus d’être les authentiques héritiers du Christ. La schizophrénie que vivent de nombreux catholiques entre leur vie professionnelle et leur vie de foi est suffisamment douloureuse pour qu’enfin le monde catholique se réapproprie cet espace dans lequel l’homme est aussi immergé qu’un poisson l’est dans l’eau. Si cette eau est trouble et polluée, aucun refuge ne protègera jamais le poisson. Les mêmes marqueurs qui ont conduit à la rébellion de la conscience face aux projets « sociétaux » mortifères, peuvent s’appliquer au monde économique car il s’agit bien du même homme, de la même dignité et du même combat.
A partir des éléments constitutifs de la dignité de la personne humaine se déroule naturellement une vision chrétienne de l’économie. Vision qui n’est pas d’abord un programme, mais une exigence de vérité anthropologique. C’est parce qu’il appartient à la dignité de la personne humaine d’être libre, responsable, éduquée, que l’économie ne peut ni asservir, ni assister l’homme, mais doit au contraire lui donner les moyens de sa liberté et de sa responsabilité, notamment par l’éducation et la formation. C’est parce qu’il est un droit fondamental à la vie, à l’autonomie, à l’épanouissement physique et intellectuel que l’économie doit permettre la propriété privée, l’initiative, la créativité et l’accès aux biens du corps et de l’esprit. C’est parce que l’homme est avant tout une personne que l’économie impose la relation responsable à autrui, la construction et la défense solidaire du bien commun. Parce que tout cela n’est pas clair, parce que l’équilibre et l’ordre qui président à une telle construction ne sont pas suffisamment perçus, la conscience des catholiques aujourd’hui n’est pas à même de se rebeller pour dire non seulement « c’est assez », mais surtout « on ne lâche rien ». Le jour où les catholiques seront aussi sûrs de leur conscience économique qu’ils le sont aujourd’hui dans leur engagement pour la dignité humaine, il y a fort à parier que les disciples du Grand Architecte verront leurs édifices sans fondations s’écrouler et le rideau de leur temple se déchirer."