Sur le site du diocèse de Paris, le Père Brice de Malherbe revient sur ce sondage que nous avions décrypté et qui annonçait que 45% des catholiques étaient favorables à "l'euthanasie lorsque des personnes atteintes d’une maladie incurable en phase terminale le réclame" :
"Evidemment la pratique du sondage est une pratique qui attend une réaction spontanée plus que le fruit d’une réflexion approfondie. Il me semble que des mots comme « maladie incurable en phase terminale » font peur et peuvent ainsi expliquer cette réaction a priori favorable à l’euthanasie (…) Et puis, une autre explication : peut-être le fait que les membres de l’Eglise catholique, comme tout le monde sont influencés par notre société. Une société dans laquelle la mort est évacuée, la mort ne fait plus partie de la vie et on en a peur (…)
D’abord que c’est très difficile de se projeter dans l’avenir. La réalité de la fin de vie ne correspond pas à ce que l’on peut imaginer derrière, encore une fois, des termes comme « maladie incurable en phase terminale. » La réalité c’est qu’en France il y a des efforts considérables qui ont été faits pour soulager la douleur en fin de vie et s’est développé comme chacun sait ou devrait le savoir, tout un réseau de soins palliatifs (…) Donc aujourd’hui, d’une part je dirais que les équipes médicales n’attendent pas une situation de détresse terrible pour traiter la douleur et pour s’assurer du confort autant que possible de la personne en fin de vie. Aujourd’hui, il y a tout un travail d’accompagnement, de prévention pour éviter des situations de détresse en phase terminale de maladie incurable (…)
Ensuite au-delà de traiter la souffrance physique, il y a la souffrance morale. La souffrance morale on ne pourra jamais complètement la supprimer (…) La question est de savoir si pour supprimer cette souffrance morale, nous pouvons réclamer de nos proches cette solution inhumaine qui est de demander finalement un permis de tuer, un permis de mettre fin à la vie volontairement (…)
Et puis, pour notre Eglise Catholique, nous avons sans doute à retrouver ou à chercher, parce que c’est un sujet qui n’est pas facile à aborder, à continuer à chercher à replacer la mort comme un élément normal de notre vie que nous avons du mal à affronter. Le Christ lui-même a été angoissé face à la mort et en même temps, il a courageusement affronté la mort. Heureusement chacun d’entre nous n’est pas appelé à vivre les mêmes souffrances que le Christ, mais nous devrions affronter notre mort dans la même espérance que Lui en son Père qui lui fera traverser la mort et le conduira à la résurrection. Je pense que nous avons à redécouvrir comment cette étape de la mort est un passage vers la Vie."