En cette veille du 14 Juillet, voici l’extrait d’un entretien donné par Thierry Bouzard sur la musique militaire :
Quel rôle joue le chant dans les communautés de soldats ? Chante-t-on encore dans les armées françaises ?
Les soldats ont toujours chanté, mais leur répertoire relève de la tradition orale et, étant majoritairement analphabètes jusqu’au milieu du XIXe, il subsiste peu de traces de leurs anciennes chansons. Actuellement, c’est le dernier répertoire de chansons de métier encore vivant. En effet, on peut observer des créations au XXIe siècle. Certes, elles ne sont pas médiatisées, mais elles sont fonctionnelles. Les soldats chantent pour les besoins de leur service car le chant contribue à leur efficacité opérationnelle. Comme la musique, le chant permet d’harmoniser les unités de combat. En effet, pour chanter il faut se mettre d’accord sur des paroles, la tonalité de départ (ni trop haut ni trop bas) et une mélodie adaptée au pas cadencé quand le chant est utilisé pour défiler. Chanter individuellement a un effet sur l’organisme, transmettant les vibrations sonores au squelette et faisant résonner les parties creuses, elles agissent sur le psychisme.
L’effet est collectif quand le groupe s’est accordé pour chanter. Les soldats deviennent plus efficaces quand ils doivent réagir au combat, car ils se sont mis “en phase”. Cet effet collectif est montré dans le défilé au pas cadencé. Pour chanter (jouer de la musique), il faut des lieux pacifiés. Les soldats qui défilent en chantant font savoir qu’ils ont rétabli la paix. Ceux qui les écoutent se taisent, témoignant de leur reconnaissance. Ceux qui voudraient dénoncer cette paix sont obligés de répondre par d’autres chansons, ouvrant un front musical dans la société. L’histoire garde les traces de ces échanges, que ce soit les cantiques des guerres de religion ou les chants militants. Plus récemment, la guerre révolutionnaire apparue en Indochine a amené la Légion à intervenir en commercialisant des disques en 1950, avec La Rue appartient. Puisqu’il n’existe pas de combat de rues en Indochine, ce chant s’adresse donc aux militants métropolitains qui s’en prennent au corps expéditionnaire. Le message est reçu “5 sur 5” puisque les premiers chants antimilitaristes lui répondent (Quand un soldat en 1952, Le Déserteur en 1954…). Bien entendu, tous les chants militaires ne sont pas engagés dans ce dialogue, mais ils sont tous un outil de communication, que ce soit pendant les déplacements, en défilé, en popote, sur le terrain, ou même un plateau de télévision (La France a un incroyable talent, 2021). C’est aussi la raison pour laquelle chaque arme ou subdivision d’arme entretient son répertoire, l’esprit de corps en dépend. Ces usages séculaires persistent à l’ère du soldat augmenté, car les soldats restent des hommes de chair et de sang animés par des influx nerveux. Tant que le soldat chante, il garde le moral et montre qu’il est opérationnel, et avec lui toute l’armée française.
zongadar
J’ai aimé “The best is yet to come” devant macron….que nous réserve l’armée cette année?
lefleuriste
@ zongadar
« The BEAST is yet to come »
Et ce n’est pas faute d’avoir été prévenu par Macron lui-même (21s.) :
https://www.youtube.com/watch?v=m8sOuEmWK5c
lefleuriste
Et celle-là, elle fait partie du répertoire ?
https://www.youtube.com/watch?v=rfHcL-hAzXE
C.B.
“La Rue appartient” est le début du deuxième couplet du chant “Les képis” blancs”.
Pour wikipedia, “Képi blanc désigne :
le képi blanc, un couvre-chef traditionnel de la Légion étrangère.
Képi blanc, le magazine mensuel de la Légion étrangère.
Lettre à un képi blanc, un ouvrage de Bernard Clavel.”
Intéressant [mais peut-être pas surprenant ;-)] de constater que ce chant, dont on peut trouver sur internet les paroles et plusieurs interprétations, n’a pas les honneurs d’une page de wikipedia…
Et il y aurait peut-être aussi une cinquième page à créer sur le cocktail “le képi blanc” …